Même si beaucoup de clubs de l’élite sont désormais aux mains de capitaux étrangers, les supporteurs restent attachés à la dimension locale de leur équipe préférée.
On ne parle volontairement ici que des trois plus grands clubs français, mais la liste est encore longue. Et cela n’est pas prêt de s’arrêter : les grandes entreprises françaises ne s’intéressent pas au football, un business peu rentable, et tous les clubs actuellement en vente seront cédés prochainement à des capitaux étrangers.
Cela ne signifie pas pour autant que les clubs n’ont plus aucune identité régionale. Au contraire, pour réussir à se faire accepter des fans, les nouveaux propriétaires ont franchement tout à gagner à valoriser le local. Politiquement, les clubs de Ligue 1 ont intérêt à bien s’entendre avec les différentes municipalités. Un exemple contraire l’atteste : le conflit qui oppose depuis plusieurs années QSI à la maire de Paris Anne Hidalgo freine l’évolution du Paris Saint-Germain.
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La politique pas très loin des clubs
Après n’avoir pas pu rénover le Parc des Princes autant qu’il l’espérait, le club de la capitale réfléchit maintenant à plier bagages et à quitter l’enceinte du 16ème arrondissement que la ville refuse de lui vendre. Cette supposition heurte les sensibilités de certains fidèles du PSG, très attachés à leur Parc des Princes. A Lyon, Jean-Michel Aulas avait toujours misé sur l’identité locale.
Dès sa prise de fonction à la fin des années 1980, il avait décidé de confier la direction sportive à deux anciens Gones, Bernard Lacombe et Ray l’époque par les fans, l’idée majeure était de parier sur la spécificité locale et sur le fait que les supporteurs seraient plus enclins à être derrière un technicien qui a par le passé porté fièrement leurs couleurs.
Ainsi, le président lyonnais avait il y a quelques années fait machine arrière juste avant de recruter Willy Sagnol comme entraîneur. Certaines déclarations de l’ancien latéral du grand rival Saint-Etienne avaient refait surface et les Ultras lyonnais étaient montés au front pour dénoncer sa venue. C’est finalement Hubert Fournier, qui avait joué à l’OL dans les années 90, qui était venu diriger l’équipe. Malgré un CV moindre que celui de Sagnol, il avait été favorablement accueilli.
« L’OL est très attaché à son territoire lyonnais »
Aujourd’hui propriété d’Eagle Football, l’Olympique Lyonnais a pris sérieusement ses distances avec ses historiques. Certaines légendes du club, comme Sonny Anderson ou Alain Caveglia, ont été écartées et la direction sportive et la cellule recrutement ont été confiées à des gens n’ayant aucune identité lyonnaise.
Sur sa plateforme « OL Play », des pastilles très lyonnaises ont récemment été lancées. Par exemple, une interview appelée « bugnes à bugnes » qui fait référence à un célèbre dessert local, plus communément appelé beignets dans d’autres régions. Dernièrement, le club a aussi lancé une collection intitulée « Colors of Lyon ».
Comme son nom l’indique, elle joue à fond sur l’identité locale. Martial Nardone, le directeur marketing de l’OL, explique : « C’est une gamme lifestyle, plutôt orientée sur un esprit mode, qui vise à montrer que l’OL est très attaché à son territoire lyonnais, avec un ancrage auprès des valeurs lyonnaises. »
Pari gagné tant les critiques ont été dithyrambiques sur les réseaux, là où la tendance générale est plutôt au contraire de pointer du doigt la moindre initiative : « On a en effet de très bons retours, savoure Martial Nardone. Cette collection trouve son public. Mais ce n’est pas seulement grâce à ces symboles lyonnais, c’est aussi l’ensemble du produit : des couleurs tendances, un travail de design, un coton bio et éco-responsable. Bien sûr, le fait d’associer le logo et les couleurs du club permet à la connexion de mieux se faire avec les fans. »
Les clubs de foot sont des ambassadeurs de leur ville
Car à Lyon comme ailleurs une réalité s’impose : les clubs de football ont un rôle essentiel dans la construction de l’identité locale. Plus qu’une simple équipe sur le terrain, ils sont le cœur battant de leur communauté et cela va largement au-delà des fans de ballon rond. Ainsi, Le Puy, modeste pensionnaire de National 2 (l’équivalent de la quatrième division) a réussi à attirer 31 414 spectateurs pour son quart de finale de Coupe de France devant Rennes (1-3) disputé à Saint-Etienne.
Or, la petite ville de Haute-Loire ne compte que 19 000 habitants. Autant dire que le club de foot a réussi l’exploit de mobiliser toute la ville derrière son épopée. Pendant la semaine précédant le match, tous les commerces du Puy affichaient fièrement les couleurs du club. Un exemple parmi tant d’autres qui attestent de l’énorme pouvoir d’ancrage local d’un club de football, sans aucun rival en la matière.
Les partenariats avec les entreprises ou les clubs locaux sont également prisés par certains clubs de l’élite. A Rennes, un club Rouge et Noir a été créé. Destiné aux licenciés des clubs adhérents de la région, il se veut « une passerelle entre le football amateur de la région et le monde professionnel ».
Cette communauté, qui rassemble 140 clubs, et ainsi des milliers de joueurs, se retrouvent tous les ans au centre d’entraînement du Stade Rennais pour participer à un tournoi festif. Son but est double : capter ou fidéliser les fans de foot de la région et repérer les jeunes talents.
Car c’est aussi bien là l’essentiel pour un club de football : ne pas voir lui filer entre les doigts un talent issu de son territoire. Demandez donc au PSG, battu en finale de la Ligue des Champions 2020 par le Bayern Munich (0-1) par un but du Titi parisien Kingsley Coman…