
Le football français est de plus en plus sous la coupe des techniciens étrangers. Les chiffres parlent d’eux même : six des entraîneurs des huit premiers de Ligue 1 ne sont pas français. Seuls Nice (Frank Haise) et Lille (Bruno Genesio) sont entrainés par des technicien français.
Le PSG (Luis Enrique, Espagnol), l’OM (Roberto De Zerbi, Italien), Monaco (Adi Hüter, Autrichien), Lyon (Paulo Fonseca, Portugais), Strasbourg (Liam Roselior, Anglais) et Lens (Will Still, Belgo-Anglais) sont dirigés par des entraîneurs étrangers. Ajoutez Toulouse (Carles Martinez-Lovell, Espagnol) et Saint-Etienne (Eirik Horneland, Norvégien) et vous avez 44% des entraîneurs de Ligue 1 étrangers.
« C’est presque du racisme inversé »
« C’est presque du racisme inversé » disait Raymond Domenech, farouche défenseur des entraîneurs français, quand il était encore président de l’UNECATEF (ce qu’il n’est plus depuis le 6 mai 2024). S’agit-il d’un manque de reconnaissance ou d’un manque de compétence ? L’Angleterre et l’Allemagne (environ 50% selon les saisons) sont aussi les rois de l’importation. Mais, ce qui est plus inquiétant c’est qu’aucun entraîneur français n’est à la tête d’une top équipe européenne. Même en Ligue 1, le top 3 est confié aux étrangers.
Sur les 36 équipes qualifiés pour la phase de championnat de la Ligue des Champions, on trouvait seulement deux coachs français : Bruno Génésio (Lille) et Eric Roy (Brest). Au 21ème siècle, Zinedine Zidane (3 fois vainqueurs, dont la dernière fois en 2018), Didier Deschamps (battu par Porto avec Monaco en 2004) et Arsène Wenger (battu par le Barça avec Arsenal, en 2006) sont les seuls entraîneurs français à avoir joué au moins une finale.
Viré par l'OM, Marcélino rebondit à Villarreal, 6ème en Liga
Après eux, Rudi Garcia, demi-finaliste en 2020 avec l’OL (lors du final 8 sous Covid) est le seul entraîneur français à avoir réussi à se hisser en demi-finale de la compétition. Loin, très loin en arrière, Robert Herbin a échoué en finale avec les Verts, contre le Bayern Munich (1976), alors qu’Albert Batteux s’est heurté deux fois au Real Madrid, en finale avec le Stade de Reims dans les années 50.
Entre ceux qui parlent de « mode » ou ceux qui dénoncent « l’absence de réseaux », personne ne parle de manque de compétence. Il suffit de voir l’exemple récent de Marcelino à l’OM pour comprendre que la raison est ailleurs. Quelques mois à peine après avoir été écarté par le club Marseillais, l'Espagnol retrouvait une place sur le banc de Villarreal, actuel 6ème en Liga. « Le gros problème des Français, c'est qu'ils n'ont personne pour aller vanter leurs qualités en dehors du pays » , expliquait Luis Fernandez à nos confrères du Parisien.
L’ancien emblématique joueur du PSG a pu compter sur sa victoire en Coupe des coupes, en 1996, pour s’ouvrir les portes de l’étranger. Arsène Wenger reste l’exemple qui confirme la règle. L’Alsacien a passé 22 ans sur le banc d’Arsenal, après avoir brillé avec Monaco (un titre et une Coupe de France), mais c’était à une autre époque.
Le célèbre éditorialiste de RMC, aux avis toujours très tranchés, a son idée sur la question. « L’image est que nos entraîneurs sont bidons. Ils ne sont donc pas recrutés par les clubs étrangers, ils sont très mal considérés », nous expliquait Daniel Riolo dans un long entretien. « Mais c’est notre football qui a provoqué ce manque de considération. Au point d’être perçu comme le championnat dont tout le monde veut se barrer très vite… » Une vision des choses un peu exagérée, mais pas non plus très loin de la réalité.
Prenons l’exemple de Franck Haise. Voilà un entraîneur français qui avait une belle petite cote à l’étranger. Au printemps dernier, son nom avait même été évoqué du côté de Liverpool. Depuis, le parcours calamiteux de Nice sur la scène européenne a clairement changé son image à l’étranger. L’exemple Rudi Garcia en est un autre. Le Français, qui a fait ses preuves sur la scène européenne, est le seul technicien français (en dehors de Deschamps et Zidane) a conserver une belle cote en dehors de nos frontières.
Génésio ne ferait pas pire qu'Amorim à Manchester United
Passé sur le banc de la Roma et de Naples, il est aujourd’hui à la tête de la sélection belge. En grande partie parce qu’il sait bien se vendre. Aujourd’hui, l’espoir de voir Thierry Henry s’assoir sur le banc de Leipzig peut laisser penser que l’exportation des techniciens français va reprendre. Pour être sollicité par le club classé 32ème de la phase de championnat de la C1, l’ancien international français a dû aller en finale des Jeux Olympiques.
Même s’il a un joli passé européen, Leipzig n’est cependant pas encore un grand d’Europe. On aimerait tant voir Bruno Génésio, Franck Haise ou Julien Stephan (liste non exhaustive) sur le banc de Tottenham, Newcastle ou même Manchester United. Pas sûr qu'ils fassent moins bien que les techniciens en place. Surtout pour Tottenham et United.