SAINT-ETIENNE – LAVAL (15H)
Proche d’être relégué en National au printemps dernier, le Stade Lavallois revit. Longtemps leaders, les Tangos sont des candidats sérieux à l’accession en Ligue 1.
Sans une victoire sur le fil à Amiens (1-2) lors de la dernière journée du précédent championnat, Laval serait actuellement une équipe de National. Finalement 15ème au classement final de la saison passée, le Stade Lavallois était cette saison, à mi-parcours, l’une des meilleures équipes du championnat, notamment grâce à une grande solidité défensive (2ème meilleure défense du championnat lors de la phase aller).
Auteurs de six victoires d’affilée entre les 5ème et 10ème journées, les hommes d’Olivier Frapolli n’étaient franchement pas programmés pour jouer le haut de tableau.
« Notre priorité, c’est le maintien le plus vite possible », glissait même le coach au cœur de l’automne. Celuici semblait déjà acquis à miparcours. Malgré une fin d’année difficile (quatre journées sans victoire ; deux nuls et deux défaites), Laval pointait à la 4ème place après 19 journées, avec 34 points, soit autant que le troisième Grenoble.
A quatre unités du deuxième Auxerre et à six longueurs du leader Angers, Laval comptait surtout quatre points de plus que le 6ème Ajaccio. Car il est important de rappeler le règlement : les deux premiers monteront directement et les équipes classées de la 3ème à la 5ème place disputeront des playoffs pour savoir laquelle défiera en barrages le 16ème de la L1.
À LIRE AUSSI : les transferts à suivre dans votre mag
13 ans de Ligue 1, de 1976 à 1989 pour Laval
En Mayenne, la montée en Ligue 1 n’est pas un sujet tabou. Les supporteurs en rêvent. Surtout ceux qui n’ont pas eu la chance de connaître le Stade Lavallois au plus haut niveau. Pensionnaire de la Ligue 1 sans discontinuer pendant 13 ans, de 1976 à 1989, Laval oscille depuis entre la Ligue 2 et le National. En clair, le club navigue depuis trois décennies dans l’anonymat le plus total.
Excepté deux aventures en Coupe de France où Laval a atteint les demi-finales en 1993 et 1997. Joël Fréchet était de la deuxième aventure. Celui qui est aujourd’hui directeur technique au sein de l’Académie féminine de l’Olympique Lyonnais se souvient :
« On avait perdu contre Nice 10 chez nous, mais on avait battu le Monaco de Sonny Anderson et de Thierry Henry en quarts de finale. C’était l’époque où Laval jouait le haut de tableau en Ligue 2. J’y avais vécu deux belles saisons comme joueur. »
Celui qui avait été le plus jeune joueur de l’histoire de l’OL à débuter en Ligue 1 (à 15 ans au marquage de Michel Platini) a gardé des attaches à Laval, notamment car ses enfants y vivent. Mais, au-delà de cet aspect familial, l’homme de 58 ans conserve un souvenir ému de son passage à Laval :
« Même si j’ai connu huit club professionnels, Laval ça reste particulier. Il y a des personnages qui ont tenu assez longtemps pour transmettre l’histoire dans ce club. A commencer bien sûr par Michel Le Milinaire (lire cicontre). Je me souviens qu’il venait souvent au centre d’entraînement, il faisait son tour et discutait avec tout le monde. Mais il y en a d’autres comme JeanMarc Miton, Thierry Goudet, Bernard Maligorne… »
Laval, 50 000 habitants qui attendent la Ligue 1
Cheflieu du département de la Mayenne en région des Pays de la Loire, Laval affiche un peu moins de 50 000 habitants selon le dernier recensement. Soit seulement la 121ème ville la plus peuplée de France. Pour Joël Fréchet, cela serait un beau « pied de nez » de la voir retrouver l’élite du football tricolore : « Ce serait un vrai pied de nez à tous ces grands milliardaires qui investissent dans le foot. Nous pouvons réussir avec des moyens limités. On disait que les petites villes n’avaient plus aucune chance. On a vu descendre Auxerre, Bastia… Mais quand il y a une histoire, elle peut renaître. Même si c’est lointain, Laval a une histoire en Ligue 1. »
Et même en coupe d’Europe. Les 50 ans et plus n’ont pas oublié l’exploit de 1983 quand le Stade Lavallois avait éliminé en 32èmes de finale de la Coupe de l’UEFA le grand Dynamo de Kiev des Blokhine, Kuznetsov ou autre Zavarov. 00 à Kiev et 10 à Laval avec un but de José Souto. Joël Fréchet avait 18 ans et était Lyonnais à cette époque, mais il avait été marqué par cette aventure :
« Je me souviens du grand JeanMichel Godard, immense dans ses buts lors du match aller à Kiev. Et de l’expression populaire après la qualification au retour : « On les a schtroumpfés! ».
Cette victoire a marqué l’histoire du club et je sais qu’il n’est pas rare de revoir les anciens au stade. » En effet, ils étaient une poignée cet automne à venir célébrer au stade Francis Le Basser devant les fans les 40 ans de cette victoire historique. Parmi eux, Loïc Pérard (lireci contre). Aujourd’hui recruteur au sein de l’AJ Auxerre, ce natif de Laval a évolué au Stade Lavallois au haut niveau de 1980 à 1986.
Il y était aussi revenu pour travailler auprès de direction sportive entre 2007 et 2012 pour sauver le club, proche du dépôt de bilan après une descente en National. Il croit beaucoup au renouveau de son club de cœur : « En Mayenne, tout le monde aime le Stade Lavallois », dit-il.
« Quand on a une histoire, elle peut renaître »
Car le Stade Lavallois, c’est souvent une histoire de fidélité. Président depuis 2021, Laurent Lairy, patron fondateur de l’entreprise Protecthoms à Château Gontier sur Mayenne, était sponsor du club depuis 17 ans avant de prendre la tête du club. La saison dernière, il a vibré comme jamais avec le maintien arraché lors de la dernière journée. Et si d’autres émotions l’attendaient encore au printemps 2024 ? Il en rêve : « A t-on envie de monter ? La réponse est oui », glissait-il à Ouest France au cœur de l’automne. Il faudra pour cela retrouver le chemin de la victoire en 2024.