Sept ans après, revoilà les Phocéens en Ligue des Champions accompagnés par le souvenir d’une dernière campagne, en 2013/2014, catastrophique (6 matches, 6 défaites !). Avec Thauvin, Mandanda et Payet, les trois derniers survivants, auront-ils les moyens de faire mieux ?
“La place de l’OM est en Ligue des Champions. Même si la saison a été interrompue, on a toujours été dans les deux premiers, je ne pense pas qu’on ait volé notre place. Pour le club, pour les supporteurs, pour nous, les joueurs, c’est quelque chose de grand, surtout quand on connait l’histoire de l’OM. » Dans sa première sortie médiatique de la saison, en marge du stage de préparation en Allemagne, Steve Mandanda se réjouit évidemment d’avoir réussi à remettre l’église phocéenne au milieu du village européen. Mais, parce qu’il faisait partie de la dernière campagne de C1 du club, en 2013/2014, il n’oublie pas aussi de préciser : « Maintenant, il faudra essayer de bien figurer et surtout ne pas reproduire le même parcours que la dernière fois. » Si le temps a passé depuis sept ans, si le club a changé de propriétaire, de président et l’équipe de coach, le statut de l’OM n’a pas foncièrement évolué dans la hiérarchie continentale.
« Pour un club comme l’OM, le foot n’est viable qu’avec la Ligue des Champions »
A l’heure où l’OL et le PSG avaient gagné leur place pour une phase finale à 8 à Lisbonne, l’OM ne pouvait décemment pas espérer aborder ce grand retour avec beaucoup d’ambition. Même si le dernier quart de finale du club dans la compétition n’est pas si lointain, en 2012, face au Bayern Munich de Ribéry (0-2, 0-2)… « Nous n’avions pas gagné un match, en 2013, mais ça ne s’était pas joué à grand-chose, témoigne Mandanda. Le tirage au sort va compter pour espérer enclencher une dynamique. »
A l’heure où la crise sanitaire renvoie la plupart des clubs français face à leurs limites financières, où l’OM est déstabilisé depuis l’extérieur par des tentatives de rachat plus ou moins crédibles, beaucoup de questions entouraient ce retour dans le grand barnum médiatique. Avec un effectif dont l’ossature ne sera pas bouleversée, l’OM peut- elle rêver d’une épopée ? Quelle stratégie doit adopter Villas-Boas, en relation avec le président et l’actionnaire, pour jouer sur les deux tableaux ? En sachant que le pourcentage de chances de remporter l’épreuve est très minime, ne vaut-il pas mieux donner la priorité au championnat ?
Bref, le jeu vaut-il la chandelle ? Sur la ligne de départ, le coach portugais n’est pas du genre à aborder l’épreuve reine par dessus la jambe. S’il est resté une saison de plus, on peut imaginer que ce n’est pas pour ne pas se donner tous les moyens d’y briller encore. Pourtant, le doute est là quand il avoue : « L’objectif reste le même cette saison : continuer à démontrer notre force en France. » Et de parler de la Ligue des Champions en considérant que tout peut être plié rapidement : « Le fait de jouer très vite les six premières journées est un avantage, parce que tu peux être fixé après trois ou quatre journées… » Lucide et sincère dans sa communication, comme lorsqu’il avait atténué l’intérêt du seul Clasico de la saison passée, pour le perdre et enclencher une longue série de matches sans défaite, Villas-Boas n’hésitera pas à agir de même s’il sent que son groupe n’est pas capable d’exister en C1. Car il sait qu’au-delà des émotions, le plus important pour son club reste de revenir en Ligue des Champions, encore et encore…
« Avec Pape Diouf comme président, c’était le cas la plupart du temps (trois fois en cinq ans), et le club a dégagé grâce à ça 40 M€ de bénéfices quand il est déficitaire aujourd’hui quand bien même les supporteurs se sont régalés avec une épopée européenne jusqu’en finale de la Ligue Europa en 2018, dit justement Franck Passi. Pour un club comme l’OM, le foot n’est viable qu’avec la Ligue des Champions donc l’objectif est d’y être le plus souvent possible même si on sait très bien qu’il ne la gagnera pas, qu’il ne fait que participer ! Il faut savoir être moins flamboyant parfois, plus pragmatique, pour permettre au club de grandir, d’accumuler cette expérience qui lui manque tant malgré les années qui passent. »
Cinq participations d’affilée en C1, le record à battre
Plus que les premiers matches de poules qui interviendront en octobre (du 20 octobre au 9 décembre), à un moment où les organismes sont encore frais, ce sont les matches de 2021 qui peuvent poser problème. Un problème de riche si la qualification pour les huitièmes de finale est au bout. Un problème de pauvre s’il faut envisager la moins lucrative Ligue Europa. Les vrais choix se feront là et on peut imaginer, malgré la perspective de retrouver les grands soirs du Vélodrome, surtout si la Covid est encore dans le coin, qu’ils donneront la priorité au championnat… À condition d’être encore en course pour le podium. Or, l’histoire récente du club montre une incapacité chronique à jouer sur les deux tableaux.
Depuis quinze ans, l’OM n’a réussi qu’à quatre reprises l’exploit de confirmer une participation en Ligue des Champions : deux fois avec Gerets (2008 et 2009) et deux fois avec Deschamps (2010 et 2011). Depuis, les deux dernières campagnes de C1 (2011/2012, quart de finale face au Bayern et 2013/2014, élimination en phase de groupes) avaient entraîné l’OM en dehors des places européennes en L1 (10ème et 6ème). De quoi revenir dans la cour des grands avec humilité et lucidité, sans perdre de vue l’essentiel. Dans l’entreprise de reconstruction qu’ont débutée les nouveaux dirigeants depuis trois ans, il n’aurait servi à rien de remonter dans le bon wagon sans être capable d’y rester dans la durée. Cinq participations d’affilée à la C1 (entre 2007 et 2012) reste le record à battre pour Marseille… qui se contenterait d’une deuxième qualification en 2021.