Présente dans le peloton depuis 2019, TotalEnergies semble se contenter de sa place en Pro Team. Malgré des moyens considérables de son sponsor, la stratégie de la formation vendéenne ne devrait pas évoluer dans les prochains mois. Le World Tour n’étant pas une obsession. Vous avez dit bizarre ?
Au moment de l’arrivée de TotalEnergies dans le cyclisme, beaucoup rêvaient d’une équipe capable de rivaliser avec les meilleures en prétendant à une place dans le World Tour. Mais, après cinq ans, TotalEnergies continue à être une équipe Pro Team, de deuxième division.
Une stratégie assumée par Jean-René Bernaudeau, son manager général. « On est à notre place. On est très content. On a des relations transparentes avec notre partenaire. On en parle. On a une très grosse entreprise et on a une relation de confiance sur ce que sera l’identité de l’équipe à l’avenir. » Avec un budget de 13 M€ environs, TotalEnergies se situe au même niveau que des équipes comme Cofidis, Alpecin-Deceuninck, Jayco AlUla, Astana ou encore LidlTrek.
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Les grandes équipes ont des budgets de 25 millions d’euros
Bien loin d’équipes comme INEOS Grenadiers, UAE Team Emirates ou encore Team Visma Lease a Bike qui dépassent les 25 M€. Au niveau des Pro Teams prétendantes aux grands Tours, elle figure tout de même derrière Israel Premier Tech (18 M€) ou encore Lotto Dstiny (16 M€). Des chiffres qui ne font pas tourner la tête de Jean-René Bernaudeau. Il s’en explique alors que la formation française Decathlon AG2R La Mondiale dispose cette année, avec l’arrivée de Decathlon, d’un budget de 26 M€.
« On a le plus gros partenaire du vélo, mais on n’a pas le plus gros budget. Si demain TotalEnergies dit qu’on veut gagner le Tour de France, en y mettant les moyens, on va clairement s’ennuyer (sic). Je veux un vélo panache, tout en cultivant l’intelligence des coureurs. L’obsession du collectif passe par là. Nos relations avec TotalEnergies sont propres, franches et transparentes. Mon discours ne change pas. Il faut faire attention. »
Avant de rajouter. « En physiologie, un coureur arrive à son meilleur à 25 ans. Ce n’est pas le cas de beaucoup d’équipes qui ne prennent pas en compte cette importance. Jordan Jegat et Thomas Gachignard sont deux beaux exemples de coureurs qui seraient peut-être passés sous les radars si tout le monde avait la même logique. A eux maintenant de leur montrer qu’on peut faire de belles choses à 25 ans. A 24 ans, on n’est pas vieux. »
« Si, demain TotalEnergies, dit qu’on veut gagner le Tour de France, en y mettant les moyens, on va clairement s’ennuyer » (Bernaudeau)
A contre-courant des obsessions économiques de certaines équipes qui ne pensent qu’aux profits, TotalEnergies continue de placer l’humain au milieu de sa stratégie sportive. Comme cela était déjà le cas par le passé avec Bernaudeau.
« Je m’en fous des débats, des fusions, des rachats… On n’oublie les fondamentaux. Aujourd’hui, on fait du jeunisme à tout va. On oublie le cyclisme amateur et la formation. On ne respecte pas les bénévoles. Toute cette pyramide, ceux qui sont là et qui oublient de regarder dans le rétroviseur. Ils oublient, la base se rétrécie. Je veux que mon sport aille bien. On se concentre sur ce qu’on doit faire. »
« Je pense notre dose de plaisir sera bien différente d’autres équipes avec de plus grandes victoires. La grande victoire reste une conséquence. Par le passé, on a gagné plein de choses, on a eu le maillot jaune, des podiums, c’étaient de belles récompenses. On ne nous les a pas vendues ! »
Je suis fier du parcours que l’on a fait. J’essaie de faire toujours mieux que l’année passée. L’équipe va bien. Le potentiel et l’esprit sont là. » Latour, Turgis, Burgaudeau, Dujardin ou encore Vercher sont les successeurs de Voeckler, Charteau, Rolland ou encore Chavanel.
Avec l’ambition de continuer à s’offrir de beaux moments tout au long de la saison. Et si cette année a vu la fin du recrutement de certaines stars comme Niki Terpstra, Edvald Boasson Hagen ou encore Peter Sagan, TotalEnergies va chercher à renouer avec la tradition qui a fait la force de cette équipe par le passé.
Un Champion Français trop dominant ?
« On a toute une histoire derrière nous, valide Jean-René Bernaudeau. Je fais attention aux valeurs du sport. Aujourd’hui, elles ne sont pas toujours vertueuses au plus haut niveau. On veut se recentrer sur ce qu’on a été. On veut être une équipe aimée et exemplaire. C’est un objectif réalisable. La compétition ensuite ramène des résultats. On en espère un maximum. Chacun doit être content de lui à la fin de l’année. Je veux avoir des gens épanouis pour créer des vocations auprès des jeunes grâce à leurs comportements. »
Pour autant, le manager général est heureux d’avoir pu compter sur l’apport de ces grands champions pour faire avancer son groupe de coureurs. « C’étaient de belles rencontres. Terpstra a été un ingénieur-coureur qui nous a permis de progresser. On a gardé cette touche. Peter Sagan restera un ami. C’était une belle découverte pendant deux ans. Peter est arrivé avec de nombreux partenaires. »
« Ça a fini par une belle histoire. Quand on les a pris, c’était une reconnaissance dans les Flandriennes pour l’un et une belle opportunité pour l’autre. Des choses que la vie nous propose. Je suis content de l’avoir fait. Je n’ai aucun regret. Aujourd’hui, on se recentre sur ce qu’on a toujours fait pour montrer l’exemple. Il y a une dérive du sport de haut niveau. Le sport est un miroir de la société et il y a une dérive qui n’est pas vertueuse. »
On l’aura compris, le World Tour n’est toujours pas une obsession chez TotalEnergies qui continue de grandir à son rythme sans oublier la force de son histoire.