mardi 11 février 2025

Loko évoque la saison 94/95 du FC Nantes : « Ah, ce but face au PSG ! »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Il avait autant de qualités pour jouer perso que pour penser aux autres. Entre Pedros et Ouédec, le chef d’oeuvre de l’enfant de Sully sur Loire, ce titre de meilleur buteur du championnat en 1994/1995, ouvrit les portes du titre aux canaris. Interview de Patrice Loko.

A quand remontent vos premiers matches en commun avec Nicolas (Ouédec) ?

Comme j’ai deux ans de plus que lui, j’étais déjà avec les pros à Nantes lorsqu’il est arrivé. On se connaissait pour s’entraîner ensemble quelque fois, mais il a fallu attendre que le club traverse de grosses difficultés financières, et fasse appel aux jeunes, pour qu’on joue ensemble.

Nous étions quelques joueurs de l’effectif ancien à rester, avec Jean-Michel Ferri notamment, pour encadrer les Pedros, Ouédec, les plus jeunes qui sortaient du centre de formation.

Quelque part, c’est à défaut que le club a été obligé de les lancer dans le grand bain, et aussi et surtout parce que Coco (Suaudeau) et Raynald (Denoueix) croyaient en nous. Ils estimaient que cette génération là pouvait au moins assurer le maintien en D1 avec des cadres comme N’Doram. Mais avant ça, jamais nous n’avions joué ensemble au plus haut niveau.

Suaudau homme majeur pour la progression de Loko

Qui a eu l’idée de former ce duo ?

Coco connaissait mes qualités d’adaptation, ma capacité à jouer collectif avant tout. Et la constitution de ce duo s’est faite naturellement. Et je dirai même de ce trio car nous étions avec Pedros dans une relation technique aussi forte. Suaudeau croyait en nous parce qu’il voyait ce que nous faisions à l’entraînement et qu’il n’arrêtait pas de nous dire :

« On joue comme on s’entraîne ». Comme cela s’est rapidement bien passé lors des premiers matches amicaux, tout le monde a même été agréablement surpris que ça enchaîne aussi vite. Nous les premiers. Nous étions heureux qu’il nous fasse confiance, et on voulait absolument relever ce challenge, lui renvoyer cette confiance, prouver à tout le monde que nous en étions capables.

On était conscients de notre chance, et super motivés… et c’est pour ça que ça a aussi bien marché. On doit tout ça aux coachs car dans la situation du club ils auraient aussi bien pu prendre une autre direction et s’appuyer sur des joueurs d’expérience, libres et en fin de contrat.

« Pedros préférait nous donner le ballon car il savait qu’on était meilleurs que lui face au but »

Vos meilleurs souvenirs se situent-ils forcément lors de cette saison 1994/1995 ?

Ce titre de champion de France est l’aboutissement, mais on oublie trop vite les deux saisons qui ont précédé et qui ont débouché sur des qualifications européennes (deux fois 5ème, Ndlr) et une finale de Coupe de France (1993) avec une équipe composée presque exclusivement de jeunes joueurs formés au club.

Mais c’est vrai que cette saison 2014/2015 a été fantastique. Avec Nico, on avait marqué les trois-quarts des buts de l’équipe (Loko 22, meilleur buteur, Ouédec, 18, pour 40 buts sur 71, Ndlr).

Quels étaient vos rôles respectifs dans ce duo ?

Nico était davantage un pur avant-centre, très adroit devant les buts, qui se déplaçait bien dans les espaces, très fort techniquement, capable de marquer de très beaux buts. Mon rôle était de m’adapter à ses déplacements, plutôt sur le côté droit, sachant que Reynald (Pedros) était plus à gauche.

On jouait vraiment à trois attaquants et, j’insiste, Reynald avait un rôle essentiel et d’ailleurs j’avais plus d’affinités techniques avec lui qu’avec Nico.

Il a dû me donner 70% de tous mes buts, le meilleur passeur de l’équipe avec Japhet (N’Doram). On parle souvent de duo avec Nico et moi, car nous marquions des buts, mais en fait il faudrait plutôt parler de trio tellement Reynald était essentiel dans notre efficacité.

Souvent, il aurait pu marquer tout seul, mais comme il savait qu’on était plus à l’aise que lui face au but, il préférait nous donner le ballon (rires) !

Le but de Loko contre le PSG résume le jeu à la nantaise

Le but que vous avez marqué face au PSG lors de la saison du titre, à la Beaujoire, est resté dans toutes les mémoires. Comment l’avez-vous vécu ?

Ce but résumait tout ce que représentait le jeu à la nantaise à cette époque : la rapidité d’exécution, la prise de risque, le mouvement et l’insouciance de la jeunesse.

Une conception collective, une finition individuelle… pour un magnifique but, après une touche de Cauet et un relais de Pedros, devant notre public, face à une grosse équipe du PSG dans un gros match et avec un fort enjeu puisque nous étions premiers et les Parisiens champions de France en titre.

C’est aussi pour ça qu’il a tant marqué les gens et qu’on m’en parle encore si souvent aujourd’hui. C’est incontestablement le but de ma carrière et j’en suis aussi fier pour moi que pour mes copains.

En équipe de France, pourquoi est-ce que ce duo, et même ce trio donc avec Pedros, n’a-t-il pas fonctionné aussi bien ?

Nous avons joué six ou sept matches ensemble, mais pour un bilan effectivement mitigé et un constat : nous n’avons réussi à reproduire en sélection ce que nous faisions à Nantes. Je pense que le tournant a été ce match face à la Roumanie que nous avons joué à Saint-Etienne, en éliminatoires de l’Euro 1996.

On a fait 0-0 en jouant tous les trois, mais sans parvenir à marquer et à gagner. Si on avait gagné, ne serait-ce que 1-0, je pense que ça aurait pu changer les choses. On a laissé passer notre chance alors que Jacquet cherchait des successeurs à la paire Cantona-Papin. Il y avait la place à ce moment-là pour s’imposer et se projeter ensuite sur l’Euro 96 et la Coupe du Monde 98. C’est un petit regret.

À Nantes, une vraie famille

Avez-vous retrouvé ensuite, ailleurs, une même complicité technique avec d’autres joueurs ?

Non, jamais, même si j’ai fait de belles choses avec d’autres joueurs, mais dans un autre contexte de jeu. A Nantes, on était trop bien ensemble, trop sûr de notre football.

Quand on entrait sur le terrain, on savait qu’on allait forcément marquer un but. Et quand on ouvrait le score, c’était gagné car on était sûr de se créer cinq ou six occasions par mi-temps.

La dynamique s’est mise en place et même quand on était menés, on ne s’affolait pas car on savait qu’on aurait forcément les occasions pour revenir.

C’est aussi pour ça que c’était beau et fort et que ça restera, parce que cette série de 32 matches sans défaite reposait avant tout sur un projet de jeu, plus que sur des individualités comme ça peut être le cas aujourd’hui avec le PSG.

On venait tous du centre de formation, où on avait fait tous les mêmes gammes, et offensivement ça roulait vraiment bien avec Makelele, N’Doram, Ferri, Karembeu… c’était costaud et, surtout, intelligent. Le club ne recrutait que des joueurs susceptibles de s’intégrer à notre projet de jeu, avec des recruteurs compétents et un club qui savait où il allait.

Avec le Président Kita, de très bonnes relations

Quels rapports avez-vous avec le club aujourd’hui ?

Je m’entends très bien avec le président Kita. Le club et les supporteurs méritent d’avoir un FC Nantes au sommet.

Que faites-vous aujourd’hui ?

Je suis consultant pour différentes chaines de télé, agent d’image pour des sportifs de haut niveau avec, en parallèle une société événementielle que je gère avec mon frère et qui propose à des chefs d’entreprises d’assister à de grands matches (Loko Sports Evénements, Ndlr).

J’ai passé mes diplômes d’entraîneur et je n’écarte pas l’idée de prendre une équipe un jour. J’aime le terrain, le foot, c’est ma vie, et pourquoi pas le faire un jour en Bretagne où je réside !

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