Les deux nouveaux Brésiliens olympiens ont en commun d’avoir déjà vécu une expérience en Europe, d’avoir échoué, et de revenir tous les deux revanchards comme jamais… Pour aller chercher une première cape avec la Seleao.
Contrairement à pas mal de leurs prédécesseurs, qui n’avaient de Brésiliens, dans leur profil de footballeur… Que le nom, les 25ème et 26ème Brésiliens de l’om semblent évoluer un cran au-dessus. Arrivé du FC Santos, Luan Peres a tiré les leçons de son échec au FC Bruges lors de la saison 2018/2019 et revient en Europe plus fort.
Très intelligent dans son placement, le longiligne défenseur central de 27 ans rayonne dans le jeu aérien, le jeu long et la relance grâce à une belle technique de gaucher.
Il est un pari assumé par Sampaoli qui aime aussi sa polyvalence, sa capacité à évoluer comme latéral gauche, ou dans une défense à trois défenseurs.
Très engagé et agressif dans les duels, il est l’un des défenseurs brésiliens les plus sous-estimés qui aura tout à gagner, en s’imposant dans un club aussi populaire et médiatique que l’OM, à se rapprocher de la Seleçao, un honneur qu’il n’a pas encore vécu…
Au grand étonnement des observateurs auriverde qui attribuent cette absence à son club, le FC Santos, moins en vogue que Sao Paulo ou Flamengo, les principaux pourvoyeurs du pays. C’est d’ailleurs à Santos que Sampaoli et Luan Peres ont collaboré pour la première fois, lors du passage de l’entraîneur argentin en 2019.
Gerson, c’est « Curinga » (le joker) !
Il avait loué le professionnalisme et la mentalité d’un joueur qu’il s’était promis de recontacter un jour. C’est chose faite… Quand bien même le nouveau n°14 Olympien s’était promis de ne jamais remettre les pieds en Europe. On ne refuse pas une proposition de l’OM !
Si la trajectoire l’a également amené à Marseille, Gerson a plus rapidement bénéficié d’un statut de nouvelle pépite du foot brésilien. Quand il signe, à 19 ans, à l’as Roma pour 18 M€, après avoir quitté Fluminense son club formateur, le Barça était également sur lui.
Décevant dans la capitale italienne, prêté à la Fiorentina, il rentrera au Brésil, racheté 12 M€ par Flamengo. Même mitigée, son expérience de la Serie A lui permettra de rapidement s’imposer comme un cadre de l’écurie auriverde, vainqueur de la Copa Libertadores et du championnat du Brésil à deux reprises.
A 24 ans, le milieu de terrain au gros volume de jeu et à la santé de fer était également sur les tablettes de l’ol, où il plaisait beaucoup à Juninho, avant de se laisser convaincre, lui aussi, par le discours de Sampaoli.
Les 22 M€ de son transfert à l’OM en font le joueur le plus cher du Mercato estival, une tête d’affiche qui suscite beaucoup de commentaires flatteurs de la part de ses compatriotes.
Ainsi l’ancien défenseur de l’Atlético Madrid, Felipe Luis, qui a joué avec lui à Flamengo : « Je ne savais pas qu’il était si bon, il est même monstrueux ». Ou l’ancien attaquant des Corinthians, consultant sur TV Globo, Casagrande : « Il est devenu le meilleur milieu de terrain du Brésil et ça fait deux ans qu’il devrait être en équipe nationale. » Ce qui offre à Gerson un autre point commun avec Luan Peres, celui de compter sur l’om pour rebondir vers la Seleçao.
« Paulo César et Jairzinho pouvaient faire des choses incroyables ! »
En 1974, pour la première fois dans l’histoire du football français, deux champions du monde débarquaient en D1, à l’OM, recrutés par le président Méric ; Paulo César et Jairzinho. Marius Trésor se souvient.
S’ils n’allaient pas y faire de vieux os, ils allaient néanmoins suffisamment jouer pour faire vibrer à de nombreuses reprises le Vélodrome de leurs arabesques techniques, surtout Jairzinho, même s’il marqua moins de buts que Paulo César (13 contre 18).
« c’était un vrai événement d’accueillir deux champions du monde, se souvient leur ancien coéquipier Marius Trésor. Du jamais vu ! Paulo César est arrivé en premier, s’est tout de suite mis au Français, et rapidement on a eu une relation sympa avec lui. Jairzinho l’a rejoint ensuite et, sur le terrain, il était un ton au-dessus. Il est juste dommage qu’ils ne soient pas restés plus longtemps car ils avaient beaucoup de talent. »
Autant que de tempérament car les deux stars n’allaient pas marquer leur passage à Marseille que sur le terrain. En dehors aussi, ils furent mémorables. Aux premières loges, Trésor témoigne :
« Lorsque nous perdons le titre en 1975 au profit de Saint-Etienne, pour le match à Geoffroy-Guichard, le rendez-vous était à 15h au Vélodrome pour partir en bus. On a attendu une heure, pas de Paulo César. On est partis sans lui avant qu’une voiture nous double sur l’autoroute comme un bolide. C’était lui… Qu’on a pris en stop quelques kilomètres plus loin ! Il était plein de sable, venait de la plage où il jouait au volley. Il avait oublié le rendez-vous. Au final, on avait joué à 10 et perdu 1-4 ! »
Les Brésiliens ont du talent dans les pieds pas sur la discipline de club
A cette époque, c’était le prix à payer pour avoir deux Brésiliens de cette dimension dans son équipe : accepter leurs nombreuses entorses au règlement collectif, leur tentation naturelle à faire la fête, pour avoir le privilège de les voir à l’oeuvre sur le terrain où « ils pouvaient faire des choses incroyables, poursuit Trésor.
Je me souviens d’une victoire 4-0 face à Monaco où « Jair » avait été énorme. Après le match, Muro, le coach monégasque, Avait dit qu’il préférait prendre quatre buts et apprécier un tel spectacle que faire 0-0 et s’ennuyer. Paulo César était plus âgé, plus sur sa fin de carrière mais, sur des éclairs de génie, il était capable de grandes choses. Il avait mis un but de la tête, après une détente incroyable, face au PSG au Vélodrome qui en disait long sur son potentiel. Malheureusement, parfois, quand ils n’y étaient pas, on pouvait aussi jouer à dix… »
l’histoire s’est (mal) terminée après un PSGOM qu’on n’appelait pas encore Classico, mais dont le retour aux vestiaires du Parc allait être suffisament houleux pour entraîner la suspension de Jairzinho pour un an ferme et le re-tour des deux champions du monde dans leur pays. Quarante ans après, Paulo César de reconnaitre « être parti trop rapidement de Marseille, où j’avais tout pour être heureux. » Parole de Brésilien !
Les brésiliens à l’OM, toute une histoire qui a enflammé le Vélodrome. Toutes les infos dans le Foot Marseille.