L’ancien président de Lille, Strasbourg, Lens et Nantes, Luc Dayan, spécialisé dans la vente et le rachat de clubs, ne se réjouit pas forcément de voir les clubs français passer sous bannière étrangère.
Comment expliquez-vous la présence croissante d’investisseurs étrangers dans le capital des clubs français ?
Je la crois très liée à l’arrivée de CVC Capital Partners dans la filiale commerciale de la LFP. On va voir ce que donne le prochain appel d’offres sur les droits TV, mais le refinancement de la Ligue, donc indirectement des clubs, a été un signe fort envoyé aux investisseurs étrangers. Alors qu’après la défection de Médiapro la LFP était en faillite et pas mal de clubs en grande difficulté financière, l’arrivée de CVC a rassuré tout le monde.
A l’instar de BlueCo ou RedBird à Strasbourg et Toulouse, que recherchent les investisseurs ?
Le fait de posséder plusieurs clubs leur permet de régler financièrement des problématiques qu’ils ne pourraient pas régler avec un seul club. On le voit avec les doutes qui entourent les transferts des joueurs du PSG vers le Qatar, ça permet notamment de contourner les règles du fair-play financier.
Luc Dayan inquiet pour la Ligue 1 version CVC
Quel est le risque pour les clubs et pour le football français ?
De voir notre championnat devenir un simple tremplin pour des joueurs qui auraient vocation à évoluer en Premier League notamment puisque la plupart des fonds d’investissement ont aussi des acquisitions en Angleterre. Si les supporteurs espèrent voir leur club rivaliser avec les meilleurs d’Europe sous prétexte qu’ils appartiennent à des consortiums importants, ils vont être déçus.
Dans cette logique, le départ de Jean-Michel Aulas à Lyon est symbolique. Parce que dans ce système tout business dominé par la vente et l’achat de joueurs, la vocation des clubs n’est plus que de servir de réceptacle à ces sorties et entrées d’argent, de valider le transfert de capitaux d’un pays à l’autre.