LILLE – LE HAVRE (19H)
Appelé pour la première fois dans le groupe France en novembre, le Cht’i de 23 ans Lucas Chevalier a été immédiatement adoubé par ses prédécesseurs lillois. Ils nous disent tout le bien qu’ils pensent de celui qui a vocation à succéder une fois de plus à Mike Maignan !
Mickaël Landreau « Il est en train de franchir un énorme palier »
« Si j’aime beaucoup Lucas, c’est parce qu’il ne ressemble à aucun autre, qu’il est luimême. Il a sa propre personnalité et un style de jeu qui n’appartient qu’à lui. Il dégage une vraie force de ne pas être dans le mimétisme. C’est un travailleur qui se remet tout le temps en question et qui, donc, progresse vite. »
« Il n’a aucune faille, que des points forts. Généralement, on dit d’un gardien qu’il est bon sur sa ligne, dans le jeu aérien, dans la relance, etc. Lui est bon partout ! Il est en pleine ascension et, ce qui est fort, il confirme au plus haut niveau dans la durée. C’est un fait d’être compétitif en Ligue 1, c’en est un autre de l’être en Ligue des Champions. Or, il a prouvé sa capacité à se relever par exemple d’une sortie hasardeuse pour enchaîner les grosses performances. »
« Il est en train de franchir un énorme palier. L’équipe de France, c’est encore prématuré. Il doit déjà savoir se satisfaire d’être dans le groupe en sachant qu’il ne peut pas espérer la place de n°1 avant d’avoir 5 ou 6 sélections. Il est arrivé un peu plus tôt que Mike (Maignan), mais c’est sa régularité qui fera la différence, en sachant qu’il peut rapidement être en situation en cas de blessures. »
« Maintenant qu’il a mis un pied chez les Bleus, son prochain objectif doit être le poste de n°2 pour la Coupe du Monde 2026. Son choix de club sera aussi déterminant. Il peut, certes, rester à Lille, mais sans assurance d’évoluer en Ligue des Champions tous les ans. Or, c’est quand même ça qui fait la différence. Maignan est devenu n°1, a franchi un palier lorsqu’il a signé au Milan AC, lorsqu’il a été dans un club confronté régulièrement aux phases finales de la Ligue des Champions. »
*Ancien gardien international du LOSC (2009-2012)
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Bernard Lama « Il est désormais décomplexé »
« Le LOSC a souvent formé de grands gardiens, il s’inscrit dans cette lignée car il est déjà quasiment international et possède un jeu très abouti, en étant surtout déjà décisif ce qui est le plus important. Il n’a pas de spécificité particulière car il est très complet, et désormais décomplexé ce qui lui permet d’aller chercher des ballons aériens qu’il ne convoitait pas avant.
Pour défendre son but, il occupe aussi de mieux en mieux l’espace plutôt que de rester à genou à attendre que les attaquants se décident. De manière générale, je trouve qu’il utilise mieux son corps. Il est en pleine progression et son actualité, ses matchs en L1 et en Ligue des Champions, en équipe de France bientôt, ne peuvent que l’accélérer. »
« Pour la maintenir dans la durée, il faudra qu’il trouve un club avec encore davantage de potentiel pour s’installer au très haut niveau. Le but ne va pas être de partir pour partir, mais de ne pas se tromper de destination pour espérer franchir un vrai palier. »
« Il n’y a que comme ça qu’il pourra acquérir l’expérience qui lui fait encore défaut et qu’il pourra très rapidement avoir en équipe de France. Même si Maignan est bien installé, il y a suffisamment de compétitions aujourd’hui, entre la Ligue des Nations, l’Euro, la Coupe du monde, pour qu’il ait aussi sa chance, qu’il ne soit pas obligé d’attendre que Maignan passe la main. »
« Le Brésil a deux gardiens de haut niveau (Alisson et Ederson) qui évoluent régulièrement avec la Seleçao en fonction de leur forme du moment, des impératifs de leur club, etc. Il ne faut pas forcément attendre une blessure pour qu’il entre dans l’équipe. Dans une carrière, il n’y a rien de plus relevé que l’équipe de France, c’est ce qui fait la différence. En termes d’intensité et d’attention, les matchs internationaux sont au-dessus de tous les autres. »
« Il faut qu’il soit patient, qu’il reste lui-même, qu’il fasse preuve d’humilité. Ces dernières saisons lui ont permis de gagner en confiance, de réduire son pourcentage de déchets, il faut maintenant qu’il complète sa palette dans le jeu aux pieds, devenu essentiel avec des entraîneurs qui veulent absolument repartir de derrière au sol. »
« Il faut qu’il s’y adapte et soit capable de se mettre parfois dans la peau d’un libéro. Après trois ans de L1, parce qu’il a du caractère, il est en train d’acquérir une dimension de leader au sein d’une génération de Dogues qui progresse en même temps que le LOSC. Mais son avenir doit passer par un club qui va lui permettre de jouer la Ligue des Champions tous les ans. Pourquoi pas le PSG ? J’aimerais bien (rires) ! »
*Ancien gardien international du LOSC (1984-1989)
Charly Samoy « Il a un petit côté Fabien Barthez »
« Alors que nous n’avions, à notre époque, aucun entraîneur spécifique, l’encadrement qui est le sien aujourd’hui, avec coach mental, prépa physique… peut lui permettre d’aller très haut et de s’installer pour un bon moment en équipe de France. »
« Si j’avais à le comparer à un autre gardien, il a un petit côté Fabien Barthez, parce qu’il a le même grain de folie maîtrisée, parce qu’il est très complet. Pour les 80 ans du LOSC, je lui ai serré la main et j’ai été surpris de voir son gabarit. Depuis la tribune ou devant la télé, je ne l’imaginais pas aussi grand (1m89). »
« Il est bon dans le jeu aérien, au sol, dans les duels même s’il y a de moins en moins de situations en un contre un dans le foot moderne, il va vite au sol, a une bonne détente, et possède une relance longue et précise. A son jeune âge, il a encore une bonne marge de progression. »
« De là à prendre la place de Mike Maignan en équipe de France, il y a un pas qu’il n’a pas encore franchi. Maignan, c’est un sacré morceau, avec beaucoup d’expérience et un jeu tout aussi complet. Il va lui falloir être patient car je n’imagine pas le gardien du Milan AC être détrôné facilement. Je ne lui vois pas de point faible, sinon son manque d’expérience et un leadership que seul le temps lui permettra d’acquérir. Et alors il ira loin. »
*Ancien gardien (1963-1974), directeur sportif (1963-1988) et entraîneur du LOSC (1976-1977 et 1997-1998)
Gardiens made in LOSC
Troisième international formé au LOSC, Lucas Chevalier s’inscrit dans une lignée prestigieuse qui comprend aussi d’autres grands noms, de Bergeroo à Landreau en passant par Enyeama ou Wimbée ou Samoy.
« J’ai été heureux de revoir Mike, ça faisait trois ans qu’on ne s’était pas vu et remettre les gants avec lui sera un peu d’émotions. Il a été un exemple pour moi à 16, 17 ans. Face à un gardien de cette envergure, j’étais attentif à ce qu’il faisait. J’ai pu prendre des choses de lui. Mais on se construit soi-même ensuite. On s’était dit qu’on se retrouverait en Bleus, l’histoire est sympa… »
Pour sa première conférence de presse en arrivant en équipe de France, Lucas Chevalier ne pouvait pas ne pas commencer par cette filiation lilloise qui date des années 90 lorsque Bernard Lama faisait ses débuts en Bleus.
Le Guyanais avait quitté le LOSC pour le PSG, mais c’est bien dans le Nord, entre 1981 et 1989, que le champion du monde 1998 marchait lui aussi sur les traces de Philippe Bergeroo, gardien des Dogues entre 1978 et 1983, le temps d’être appelé à deux reprises par Michel Hidalgo, puis d’être de l’aventure de l’Euro 84 comme troisième gardien sous les couleurs du TFC.
Des 11 capes de Mickaël Landreau, aucune n’a été honorée avec le maillot du LOSC, mais les 160 matchs effectués dans le Nord ont grandement participé à faire de lui le recordman absolu des matchs joués en L1 (618) en plus d’avoir été de l’historique doublé de 2011, dix ans avant celui de 2021 avec Mike Maignan à la barre.
S’ils n’ont pas tous été internationaux, d’autres gardiens ont marqué leur temps à Lille, de Charly Samoy, international olympique pour les JO de Rome en 1960, à Vincent Enyeama, international nigérian aux 101 sélections, vainqueur de la CAN 2013, en passant par Grégory Wimbée, le gardien de la remontée en 2000 et de l’épopée en Ligue des Champions qui a suivi parmi ses 225 matchs disputés entre 1998 et 2004.