RENNES – NANTES (21H)
Après avoir brillé à Guingamp, fait gagner Nantes, Ludovic Blas avait le choix entre plusieurs destinations (Francfort, l’OM et Nice). Il a choisi Rennes pour poursuivre une progression qui pourrait l’amener aux portes des Bleus.
Quel regard portez-vous sur votre carrière ?
D’où je viens, il était loin d’être évident que je finisse un jour pro. J’ai l’impression d’avoir été récompensé pour tous les sacrifices que j’ai pu faire pendant mon parcours. Je suis aujourd’hui, et depuis mon premier match pro en fait, où je voulais être. Où je rêvais d’être sans oser y croire.
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Après Guingamp et Nantes, c’est encore en Bretagne que vous poursuivez votre carrière, à Rennes. Est-ce un hasard ou une volonté de rester dans un environnement que vous aimez ?
C’est un pur hasard car j’aurais très bien pu relever un autre challenge ailleurs. Le fait est qu’à chaque fois qu’il m’a fallu rebondir, franchir un palier, c’est un club de l’Ouest qui m’a proposé de le faire. C’est tombé comme ça… Pour Rennes, je n’ai pas hésité longtemps car le style [ 6 ] LE FOOT MAGAZINE N°156 de jeu m’a attiré et la mentalité du club tout autant. Mais avant de signer à Guingamp, je n’avais jamais mis les pieds en Bretagne (rires) !
Comment vivez-vous ces changements de clubs successifs ?
Comme des paliers qui me permettent de progresser.
Et de vous rapprocher de l’équipe de France ?
Après les équipes de jeunes (U17, U18 et U20), la marche est beaucoup plus haute avec les A. C’est aussi pour ça que j’ai choisi un club aussi ambitieux que Rennes, pour m’en rapprocher car je sais qu’il faut être dans un club performant et qui dispute des coupes européennes pour espérer y être. Si ça doit se faire, ça passera donc d’abord par de bons résultats collectifs, ensuite par une succession de bons matches dans la durée.
Ludovic Blas rend hommage à Gourvennec, Gourcuff et Kombouaré
Dans quels domaines estimez-vous avoir la plus grande marge de progression ?
Dans tout ce qui est défensif, placement, replacement… et forcément ça varie d’un coach à l’autre en fonction du style de jeu. C’est à moi de m’adapter pour répondre à ses attentes. Je compte aussi m’appuyer sur la dynamique de l’équipe, sa force collective. Je sais de quoi je suis capable, je sais que je peux faire mieux.
Justement, entre Nantes et Rennes, dans le jeu, qu’est-ce qui change ?
A Rennes, j’ai clairement plus le ballon qu’à Nantes. Je suis passé d’une équipe qui acceptait de laisser le ballon à l’adversaire à une autre qui assume un jeu de possession. Je me sens plus à l’aise dans ce registre de jeu, parce que j’aime bien combiner avec les autres, mais je sais aussi qu’il faut en permanence s’adapter. Rennes est un club ambitieux. Tous les ans, peu d’équipes finissent devant elle.
A Nantes, on attendait beaucoup de vous dans la finition, la création offensive. A Rennes, la responsabilité est plus diluée, non ?
Peu importe avec qui je joue, dans ma tête j’ai les mêmes exigences, la même motivation pour faire des différences et être décisif.
Avez-vous eu un modèle de joueur dans votre parcours ?
Comme tous les joueurs de ma génération, j’ai beaucoup admiré Ronaldinho. Au-delà de ses exploits techniques, j’ai été beaucoup marqué par sa personnalité, l’image qu’il renvoyait. Il était toujours souriant et avait toujours le souci de faire le spectacle, d’aller de l’avant.
Quel est votre meilleur souvenir de footballeur ?
Même si j’ai gagné une Coupe de France (en 2022, Ndlr), même si je gagne d’autres trophées dans le futur, quels qu’ils soient, je n’oublierai jamais mon premier but chez les pros avec Guingamp contre Troyes (3 février 2016, 24ème journée de L1, 4-0, Ndlr). Je l’ai vécu comme la concrétisation d’un rêve après huit ans d’efforts, depuis mes 16 ans, à Guingamp. Et je crois qu’il n’y a pas plus fort que de réaliser son rêve.
Quels entraîneurs vous ont le plus marqué ?
Il y en a trois, Jocelyn Gourvennec, Christian Gourcuff et Antoine Kombouaré, ceux que j’ai eu le plus longtemps (43 matches à Guingamp avec Gourvennec, 41 à Nantes avec Gourcuff, et 178 à Guingamp et à Nantes avec Kombouaré, Ndlr). Chacun à sa manière a été important dans ma progression.
« Je sais de quoi je suis capable, je sais que je peux faire mieux »
Vous retrouvez cette saison la coupe d’Europe après une première expérience avec Nantes (8 matches de Ligue Europa jusqu’en 16èmes de finale face à la Juventus, 0-0 et 0-3). Allez-vous l’aborder de la même manière ?
Les matches de coupe d’Europe sont très importants parce qu’ils sont plus intenses et génèrent toujours des émotions fortes, une excitation particulière surtout lorsque vous jouez des équipes prestigieuses. Avec Rennes cette saison, on a à cœur de démontrer qu’on a grandi (élimination au même stade de l’épreuve par le Shaktar Donetsk (1-2 et 2-1, aux tab, Ndlr).
Que vous inspire cette poule F avec le Panathinaïkos, le Maccabi Haifa et Villarreal ?
C’est une poule très homogène. Il faut s’attendre à des matches difficiles, des matches intenses. L’expérience va jouer et la motivation sera la même pour tout le monde.
A 25 ans, vous arrivez au cœur de votre carrière dans un club en pleine dynamique. On va forcément attendre plus de vous. Etes-vous prêt à assumer ce changement de statut ?
On attend forcément plus de moi car je viens d’arriver et que j’ai réalisé de bonnes choses dans mes clubs précédents. Je dois confirmer, tout simplement. On va attendre plus de moi, j’assume cette pression et je n’oublie pas que ce n’est que du foot. Je suis venu ici pour laisser une trace.
Que retenez-vous de votre passage de quatre saisons à Nantes ?
Beaucoup de choses, positives et négatives, se sont déroulées là-bas qui font qu’aujourd’hui je ne suis plus le même joueur. J’ai grandi. J’attaque quand même ma huitième saison pro, en L1 depuis 2015, j’ai pris de la bouteille !
L’environnement nantais n’a pas toujours été très stable avec pas mal de changements de coachs (Gourcuff, Collot, Domenech, Kombouaré et Aristouy). N’aspirez-vous pas désormais à plus de sérénité ?
Je me suis toujours efforcé de me concentrer uniquement sur l’aspect sportif, faire abstraction du reste. Tout ce qui ne concerne pas le foot ne m’intéresse pas donc ça ne m’a pas perturbé plus que ça.
Vous découvrez Bruno Genesio cette saison, quel entraîneur est-il ?
Chaque coach a sa façon de faire, il est difficile de les comparer. Je constate juste depuis mon arrivée qu’à Rennes, le step est plus élevé, avec beaucoup de plus d’exigence et de travail dans les entraînements.
Avez-vous des objectifs personnels précis, vous fixez-vous des échéances à atteindre ?
Non, je ne vois pas loin. J’ai toujours fonctionné comme ça. Mon ambition est d’être le plus décisif possible au moment présent, sans imaginer ce que ça peut donner sur plus long terme.
Même imaginer poursuivre votre carrière à l’étranger ?
Beaucoup de bons joueurs français font le choix de l’étranger. J’ai préféré rester ici pour continuer ma progression dans un club qui joue le haut du tableau.