dimanche 19 janvier 2025

Mandanda et l’OM, les histoires d’amour finissent toujours mal…

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À 36 ans, « Il Fenomeno  »  est peut-être en train de vivre ses dernières semaines à l’OM. Certainement pas parce qu’il n’a plus le niveau de la L1, ses premières prestations de la saison l’ont démontré, davantage parce qu’il n’a pas le profil souhaité par Sampaoli. De quoi l’orienter vers un autre club… ou une fin de carrière. A moins que…

De ses dix-sept saisons passées à l’OM, jamais il n’avait été remplaçant. Mieux, jamais depuis qu’il avait succédé à Olivier Blondel au Havre en août 2005, il n’avait eu le statut de gardien numéro 2 ailleurs qu’en équipe de France. La surprise a donc été totale de le voir s’asseoir sur le banc des remplaçants pour la première fois à Marseille, le 11 septembre (5ème journée) à Monaco.

D’autant que sa dernière prestation face à Saint-Etienne (3-1) dans un Vélodrome incandescent avait été de haut niveau. Dire qu’il vit mal la situation est un euphémisme. A 36 ans, Steve Mandanda n’avait pas vraiment prévu le scénario de cette saison ou en tout cas pas de cette manière, aussi brusque et inattendue, face à un coach qui n’a pas pris de gants pour lui annoncer son déclassement.

S’il était évidemment prêt à jouer le jeu de la concurrence, il ne s’imaginait pas être relégué sur le banc aussi vite et, surtout, aussi souvent. S’il reste professionnel jusqu’au bout, et accepte avec beaucoup de fair-play la situation, en interne, il n’est plus vraiment le même.

Mandanda, au crépuscule de sa retraite

En atteste notamment son attitude lors des avant-matches. Quand la tradition veut que le gardien remplaçant serve de sparringpartner aux joueurs, pour leur permettre de frapper au but, il préfère déléguer ce rôle au troisième gardien de 18 ans, Simon Ngapandouetnbu. A deux ans et demi de la fin de son contrat, la question se pose évidemment de savoir s’il va accepter ce nouveau statut pour se projeter vers une fin de carrière en pente douce où s’il souhaite se donner les moyens d’évoluer encore au plus haut niveau.

Absent des deux dernières listes de Deschamps pour le final four de la Ligue des Nations et les matches de novembre en éliminatoires de la Coupe du monde, désormais devancé par Costil et Areola, derrière l’intouchable Lloris et le blessé Maignan, il sait ses jours comptés dans l’optique d’un dernier baroud d’honneur au Qatar en 2022.

Très peu de chance de voir le Qatar

Il n’y a désormais plus que le statut de n°3 qui lui semble accessible, celui d’un coéquipier qui ne ferait pas de vagues, davantage qu’un vrai concurrent au poste pour les deux premiers. Encore faudrait-il pour ça qu’il ait un minimum de temps de jeu, qu’un vrai turn over soit installé à l’OM, ce qui ne semblait pas être le souhait de Sampaoli.

Mais, plus que son état physique, c’est son état mental qui inquiète un sélectionneur en quête d’un joueur capable d’apporter sa motivation et son expérience. Le respect qu’il inspire aux autres du haut de ses 34 sélections et de ses 154 présences sur une feuille de match internationale (mine de rien, le 6ème gardien le plus capé de l’histoire des Bleus !) ne tiendrait pas longtemps sans matches à se mettre sous la dent.

C’est pour cette raison que son retour, même éphémère, face à Metz le 7 novembre (0-0), après treize rencontres d’affilée vécues sur le banc à regarder Pau Lopez, a été hyper important pour son mental. Il légitimait en tout cas les propos que Jorge Desio, l’entraîneur adjoint, avait tenus en octobre :

« Il faut maintenir une concurrence saine, pour les joueurs de champ comme pour les gardiens. Nous devons nous rappeler que Steve a fait de bons matches avant qu’il sorte. Donc il n’y avait pas de raison sportive spéciale par rapport à ça. On essaie de mettre une concurrence saine pour pouvoir faire des changements sans baisser le niveau de l’équipe. »  

Et c’est ce qui s’est passé face à des Lorrains qui ont buté sur un Mandanda de bonne facture et qui avait, pour l’occasion, retrouvé son brassard de capitaine en même temps que sa baraka (sauvé par deux frappes sur le poteau) !

«  Ces histoires de numéro un bis ne fonctionnent pas forcément  »

Même si cette prestation lui a permis de retrouver le rythme, elle ne change pas le fond du problème. Pour son ancien coach olympien, Elie Baup, « dans sa situation, pour tout ce qu’il représente à l’OM, un joueur immense, il aurait aimé que ce passage de témoin se fasse moins brutalement. Mais lorsqu’on est du côté du coach, face à ce genre de joueur emblématique, on espère toujours ne pas être obligé de forcer les choses, qu’il passe la main tout seul, sans y être forcé. Mon expérience me fait dire que ces histoires de numéro 1 bis ne fonctionnent jamais, ou pas souvent. »  

Et qu’elles débouchent presque invariablement sur l’émergence d’un vrai numéro 1. Mandanda n’est pas dupe, il sait que Sampaoli préfère le profil de son concurrent espagnol. Il sait aussi infimes ses chances de retrouver son poste sans une baisse de forme ou une blessure de Pau Lopez. Sans aller jusqu’à le souhaiter, il se tient prêt et espère avoir la possibilité de le démontrer à un coach qui, il le sait aussi, ne fera aucun sentiment avec lui. D’autant plus que son remplaçant démontre qu’il a le talent et les épaules pour assumer le statut de n°1.

Mandanda déçu mais toujours dans le coup

« Steve est déçu forcément, nous dit un dirigeant proche de l’effectif professionnel marseillais, car c’est un compétiteur. Mais son état d’esprit est très pro et respectueux qui privilégie le rendement collectif. »  En apparence, El Fenomeno joue le jeu, au fond de lui pas sûr qu’il accepte longtemps la situation, surtout si elle devait durer jusqu’en 2024, au terme de son contrat. Loin d’avoir baissé les armes, il se prépare avec la même passion et la même exigence qu’à ses débuts.

« Il est affûté, dans sa tête très motivé et capable de gérer toutes les situations de jeu avec beaucoup de sérénité, poursuit Baup. Sampaoli lui préfère Pau Lopez parce qu’il est plus à l’aise dans son jeu au pied, mais Steve n’est pas maladroit non plus… A ce poste, l’expérience compte doublement et Steve en a à revendre.

Donc, s’il le décide et s’il ne se blesse pas, il peut encore jouer plusieurs saisons au meilleur niveau. On voit de plus en plus de joueurs approcher de la quarantaine, la dépasser parfois. Son hygiène de vie lui permet d’espérer avoir pas mal d’ambition »  et donc d’avoir déjà calé un rendez-vous au printemps avec ses dirigeants pour faire le point.

D’ici là, sa porte est grande ouverte pour d’éventuelles offres qui lui permettraient d’augmenter son temps de jeu et de se repositionner pour le Qatar en 2022. C’est bien parce qu’il sait qu’il peut le perdre dès cet hiver que Sampaoli l’a relancé face à Metz et le relancera de nouveau à la première occasion. Pas certain que cela soit suffisant pour retenir Mandanda beaucoup plus longtemps…

TB

L’épilogue Mandanda à retrouver dans Le Foot Marseille, en vente ici, ou chez votre marchand de journaux

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