jeudi 28 mars 2024

Marc Hirschi (UAE Team Emirates) : « Je dois confirmer en 2021 »

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

En 2020, Marc Hirschi a explosé aux yeux du grand public en remportant une étape sur le Tour de France, la Flèche wallonne, mais aussi en accrochant la 3ème place des derniers Mondiaux. À 22 ans, le jeune Suisse de la formation UAE Team Emirates (qu’il a rejoint en janvier) ne veut pas s’arrêter en si bon chemin.

Avant de parler de 2021, auriez-vous cru à la fin du mois d’août que vous étiez capable de réussir une aussi belle année 2020 ?

Marc Hirschi : (Il réfléchit) Non, vraiment, cela était difficile à imaginer. Même dans mes plus beaux rêves, je ne pouvais prétendre à gagner autant de choses. Je me sentais bien. Ça, c’est vrai. Je savais que j’avais cette capacité à me faire mal et que je pouvais réussir de belles choses.

Avec le recul, avez-vous pu analyser pourquoi cette année a été autant couronnée de succès ?

Je pense que j’étais seulement dans une phase de progression constante. C’était ma deuxième saison comme professionnel avec Sunweb (Team DSM en 2021, Ndlr). J’avais cette ambition de confirmer que mon année d’apprentissage était derrière. Dès le mois de novembre, j’avais entamé une préparation spécifique pour être prêt en 2020. En effet, j’ai ajusté certaines choses, notamment au niveau de mon vélo. Cela faisait trois ans que je n’étais pas aussi confiant.

J’ai fait en sorte de travailler beaucoup pour être bien. Les sensations sont revenues vite. J’ai aussi fait un gros travail physique et de récupération en changeant quelques habitudes. Je savais qu’à partir du moment où j’étais bien sur mon vélo, je serai bon sur les courses. J’ai été vraiment efficace.

Il n’y a pas de secret au plus haut niveau, les détails comptent. Ce n’est pas seulement le travail et l’entraînement qui comptent. Il faut aussi prendre en considération tous les éléments qui font le vélo. La monture, la récupération, la préparation mentale,… C’est important de le faire. Je ne le faisais pas vraiment par le passé. C’est désormais le cas et cette année démontre que je suis dans le vrai.

« Je voulais rivaliser avec les meilleurs »

Le fait de remporter une étape du Tour de France était-il au programme aussi ?

(Sourire) Je ne peux pas le nier que cela me fait plaisir, mais ce n’était pas un objectif en soi. J’étais surtout concentré sur ma progression et mon état de forme. Je voulais vrai-ment grandir. Je me concentre sur les étapes que je passe en carrière.

J’ai fait deux pas en un avec ma victoire sur le Tour. Au départ, je voulais déjà rivaliser avec les meilleurs coureurs du peloton avant de prétendre gagner. Sur le Dauphiné, j’avais déjà connu des situations pour gagner, mais cela ne s’était pas produit. J’ai alors basculé sur le Tour. Mais tout est arrivé vite.

C’était sympa de gagner cette 12ème étape. Puis derrière, j’ai enchaîné avec le podium des Mondiaux, la Flèche wallonne et un podium sur Liège-BastogneLiège. C’était incroyable. Je me prouvais que j’étais capable d’enchaîner. Maintenant, je sais que je peux me tourner vers d’autres horizons et de nouveaux objectifs comme Liège-Bastogne-Liège, par exemple.

Qu’attendez-vous pour l’année 2021 où vous serez plus attendu ?

J’en ai conscience. Ça va être plus difficile de réaliser ce que j’ai déjà fait. Les autres vont maintenant m’attendre. Ils savent que je suis capable de faire la différence. Ce sera à moi de faire ce qu’il faut pour ne pas décevoir et confirmer encore. J’ai travaillé dur pour arriver à ce niveau. C’est à moi de tout faire pour me sentir de mieux en mieux. Je vais tout faire pour retrouver rapidement mon meilleur niveau.

« Je ne regrette pas mon choix »

Fabian Cancellara est votre agent, mais également votre modèle. Cela est-il une aide précieuse dans votre progression ?

Bien évidemment. Cancellara connait ce que c’est de gagner. Il l’a fait énormément de fois dans sa carrière. Il est content de ce que j’ai fait. Je vais tenter de l’imiter même si nos styles sont différents.

Pensez-vous que vos jeunes années vous aident à être meilleur en montagne ?

J’ai débuté avec mon père en VTT. J’avais aussi fait du football, un peu plus jeune. Je n’étais pas trop mauvais. Mais j’ai fini par continuer sur VTT. A 13 ans, j’ai gagné ma première course de cross. C’est une discipline populaire en Suisse puis j’ai vu Fabian Cancellara briller sur route. Ça m’a donné l’envie de suivre son exemple.

Quand avez-vous pris conscience que vous étiez tout aussi doué sur route ?

A 17 ans, j’ai gagné une course au Luxembourg (GP Général Patton), en 2015. J’ai après remporté de belles courses en juniors et cela m’a donné envie de me lancer définitivement sur route. Et, pour le moment, je ne regrette pas mon choix.

Le fait d’avoir gagné sur le Tour de France a-t-il déjà changé quelque chose dans votre vie ?

J’ai tout de suite pu sentir l’impact que représente de gagner une étape du Tour de France. Pour la première fois de ma carrière, je n’ai pas pu faire ma reprise sans avoir l’attention des médias. On est plus venu me chercher.

Les gens n’ont pas hésité à me soutenir. C’est spécial tout de même. Le Coronavirus fait aussi que les gens sont moins présents dehors, mais c’était déjà sympa. Je pense que la suite sera encore plus belle. On me reconnaît un peu plus dans la rue. Je dois bien l’avouer.

« Sur le Tour pour écrire une nouvelle page de ma carrière »

Avez-vous maintenant l’ambition de revenir sur le Tour pour prouver qu’il ne s’agit pas d’un exploit ans lendemain, mais que vous êtes capable encore de gagner ?

C’est mon idée principale et mon objectif majeur. Je me sens capable de le faire. Je le sais. J’ai encore beaucoup de choses à découvrir. Je ne sais pas encore de quoi sera fait mon programme mais, si je viens sur le Tour, ce sera forcément pour tenter d’écrire une nouvelle belle page de ma carrière. Je sais que ce ne sera pas simple, mais je vais travailler dur pour le faire et le réussir.

Avez-vous justement vu le nouveau parcours ? Peut-il vous convenir ?

Je l’ai vu, mais pas en détails. Il y a beaucoup plus de contre-la-montres que la dernière édition. Il y a aussi le Mont Ventoux, deux fois de sui-te. Je n’ai pas encore en tête le Tour, mais on ne sait jamais.

Quel est votre rêve pour 2021 ?

(Il réfléchit) Je ne sais pas si j’ai forcément un rêve plus important qu’un autre. J’espère surtout pouvoir accrocher encore une belle classique à mon palmarès. J’ai déjà montré que j’en étais capable. Je m’entraîne et bosse au quotidien pour cela. Mais je n’ai pas de préférence. Je ne veux pas me focaliser sur une course en particulier. Mon premier objectif sera de confirmer. Je sais que je peux remporter beaucoup d’autres courses. J’en suis convaincu.

Qu’est-ce qui ferait de la saison à venir une saison réussie ?

Je pense qu’il est tout aussi important de gagner que de continuer à progresser. Je veux vraiment continuer à m’épanouir et progresser. En tant que coureur, mais aussi en tant que leader dans l’équipe. J’espère aussi ne pas connaître de blessures. Mais la course reste le plus important. Je serai content de retrouver mon meilleur niveau. Je sais que si je retrouve mon niveau, les résultats suivront.

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