Un peu plus de 48 heures avant le match au sommet de la 38ème journée entre l’OM et Strasbourg, Marc Keller revient sur la saison de son équipe. Le président du Racing affiche les valeurs d’un club, diamétralement opposées à celles de son adversaire de la dernière journée.
Vous vous attendiez à une aussi belle saison ?
Après une dernière saison difficile, en raison du Covid, des blessés… une saison qui avait mal tourné, on savait qu’on avait un effectif de qualité et que ça irait mieux, mais pas jusqu’à un tel classement à une journée de la fin. D’ailleurs, qui aurait dit en début de saison que l’on jouerait le dernier match de la saison au Vélodrome pour une place dans le Top 5 ?
Surtout que l’exercice a commencé difficilement…
Il y a eu un changement d’effectif pendant l’été, notamment en défense, avec l’arrivée de jeunes joueurs. On a commencé doucement, et quand le mercato a été terminé, on a accéléré… Pour finalement en arriver là, grâce à un formidable travail de tout le monde.
Le travail, c’est la clé de la réussite ?
C’est le résultat du travail de tout un club, à tous les niveaux. Après, il y a des joueurs de qualité, c’est une équipe dynamique qui évolue dans une très bonne ambiance, et un public formidable…
« Notre objectif prioritaire n’est pas le classement, mais remplir le stade, avec une équipe dynamique pour avoir un public heureux »
Quel était l’objectif en début de saison ?
J’ai demandé la même chose à Julien Stephan qu’à Thierry Laurey. En dehors du maintien bien sûr, l’objectif prioritaire n’est pas le classement, mais remplir le stade, avec une équipe dynamique pour avoir un public heureux.
L’été dernier, vous avez quand même pris de sacrés paris, avec l’arrivée de jeunes joueurs sans expérience, comme Perrin ou Nyamsi…
Vous avez raison, c’est comme ça que nous fonctionnons avec Loïc Désiré (ndlr : directeur de la cellule de recrutement). On s’appuie sur la formation, des joueurs en devenir et parfois des cadres pour les encadrer, comme Sels ou Gameiro.
Vous avez eu du flair, avec ces deux joueurs, sur lesquels leurs clubs formateurs ne comptaient pas…
Ces joueurs peuvent jouer chez nous, mais auraient eu plus de mal à s’épanouir dans des clubs comme l’OM et Rennes, aux objectifs de début de saison plus ambitieux. Il y a moins de pression dans des clubs comme Strasbourg, Nantes ou Montpellier que dans les plus gros budgets de Ligue 1.
Vous devez être fier de la politique du club, et surtout, de voir que ça fonctionne…
C’est notre ADN. Nous nous appuyons sur la formation, le recrutement de joueurs de Ligue 2 ou en « post formation », encadrés par des joueurs plus expérimentés.
Ce n’est pas forcément plus simple que de recruter quand on est le PSG, l’OM ou l’OL…
Non… Ce sont aussi des paris. C’est pour ça aussi qu’on est content quand ça fonctionne bien.
« Lucas Perrin ? C’est plus facile d’avoir du temps de jeu à Strasbourg, et donc de progresser, de prendre confiance, qu’à l’OM »
Prenons le cas de Lucas Perrin, qui va retrouver le Vélodrome samedi : la saison dernière, l’OM aurait dû le conserver plutôt que prolonger Alvaro, dont Sampaoli ne veut plus…
Je vous parlais de l’environnement, la confiance… Lucas Perrin aurait-il évolué dans les mêmes conditions à l’OM, qu’à Strasbourg cette saison ? C’est plus facile d’avoir du temps de jeu à Strasbourg, et donc de progresser, de prendre confiance, qu’à l’OM…
Cette pression que vous évoquez, elle sera plus que jamais du côté de l’OM samedi…
Il est clair que Strasbourg n’a rien à perdre. Contrairement à l’OM, qui a passé presque toute la saison à la deuxième place. Le Stade sera plein à craquer. La pression est sur l’OM. Pour nous, c’est un match formidable à jouer.
Quoi qu’il arrive, la saison sera réussie ?
Oui. Quelque soit le résultat du match, notre saison sera réussie ! Etre là, à cette période de la saison, c’est inespéré. Qui aurait pu le penser ?
Vous pensez votre équipe capable de s’imposer à Marseille ?
Ça va être très difficile. C’est une très bonne équipe, qui a toujours été devant cette saison, le stade sera plein… Mais en football, tout peut arriver.
« Thierry Laurey avait passé 5 ans à Strasbourg, il était en fin de contrat… Nous voulions repartir sur un nouveau cycle »
Difficile de parler de cette belle saison, sans évoquer Julien Stephan. En le faisant venir vous avez réussi un coup de maître…
Julien a un rôle important, c’est évident. Lui et son staff ont fait un travail formidable. Mais c’est d’abord un travail collectif. Sans oublier le centre de formation (ndlr : dirigé par son frère, François Keller), la cellule de recrutement… Avec un travail de qualité pour mettre le coach dans les meilleures conditions.
L’été dernier, qu’est-ce qui vous a poussé à vous séparer de Thierry Laurey ?
Thierry, qui a eu des résultats magnifiques avec Strasbourg, était en fin de contrat, et, après cinq ans sur le banc, ce qui est un record pour Strasbourg, nous avons pensé qu’il fallait changer. Pour repartir sur un nouveau cycle. Pendant cinq ans, avec Thierry, nous avons toujours avancé ensemble, dans les bons comme dans les mauvais moments. Nous n’oublions pas qu’il a fait remonter le club en Ligue 1, qu’il a remporté la Coupe de la Ligue… Mais c’était le bon moment pour changer de cycle.
Cette saison ne vous donne pas envie de faire un effort au mercato pour continuer à faire grandir l’équipe ?
En principe, quand on commence une saison, on se fixe comme objectif de faire mieux que la précédente. Notre volonté est de se remettre en cause chaque saison, en essayant de nous améliorer. Mais sans remettre en questions nos valeurs, ni faire des folies.
Au niveau du classement avec notre budget (ndlr : Strasbourg aura encore entre le 12ème et le 14ème budget de Ligue 1), ça va être compliqué de faire mieux l’année prochaine… Peut-être que l’on terminera dixièmes la saison prochaine, mais en respectant nos valeurs.