L’ancienne championne de France sur route, Marion Rousse (2012) prépare la deuxième édition de « son » Tour (du 23 au 30 juillet) avec le même souci de ne pas brûler les étapes. Entretien pour Cyclisme magazine et Le Quotidien Du Sport.
Quel bilan pouvez-vous faire du Tour 2022 ?
Ce fut une vraie réussite, un pari relevé. Autant je ne doutais pas de la qualité des coureuses, autant il existait un doute sur l’accueil réservé par le public. Avec 20 millions de téléspectateurs et des supporteurs un peu partout au bord des routes, on a en fait assisté à une vraie quatrième semaine du Tour de France. L’objectif est le même cette année avec l’idée toujours présente dans notre esprit de ne pas aller plus vite que la musique.
Pour ne pas reproduire les erreurs du passé ?
De nombreuses formules ont été tentées, aucune ne s’est vraiment imposée, donc on y va prudemment avec la volonté de suivre l’évolution du cyclisme féminin, d’être à son écoute pour mieux proposer un Tour adapté et susceptible d’intéresser les sportives comme les partenaires ou le grand public. Nous avons relevé le défi l’an passé, on espère y parvenir cette année.
D’une année sur l’autre, quels obstacles avez-vous eu à franchir pour élaborer le parcours ?
Ils sont toujours principalement liés à un terrain de jeu, les routes, qui ne nous appartient pas. Le fait est que cette année de plus en plus de maires ont manifesté leur envie d’accueillir les deux épreuves, masculines et féminines, attirés par l’impact de la première édition.
Quelle est la ligne directrice du parcours 2023 ?
On l’a dessiné dans la même optique, en gardant les passerelles entre hommes et femmes. Après la Planche des Belles Filles, on va découvrir un autre massif, avec l’Aspin et le Tourmalet, pour ancrer l’épreuve dans l’histoire. A terme, nous voulons évidemment visiter toute la France, aller dans des coins mythiques. Cette année encore nous proposons huit jours de courses de même standing. Sans risquer de tuer la course avec une ou plusieurs étapes qui seraient trop difficiles, nous ne voulions pas non plus proposer un Tour au rabais.
« De plus en plus de maires ont manifesté leur envie d’accueillir les deux épreuves, masculines et féminines, attirés par l’impact de la première édition »
Si on devait se rappeler dans dix ans, de quel Tour de France Femmes aimeriez-vous nous parler ?
La meilleure des réussites serait qu’on ne se pose plus la question de son existence, que l’événement soit entré dans les moeurs.
En juillet, le 2ème Tour Femmes se jouera-t-il forcément au Tourmalet ?
Avant, il y aura des étapes à ne pas sous-estimer, notamment dans le Massif Central, et avec des favorites qui trouveront déjà un terrain propice pour attaquer. L’étape de Rodez ressemblera à une vraie classique, sur de petites routes et un final difficile, sans parler du contre-la-montre du dernier jour à ne pas négliger.
Quelles sont vos favorites ?
Même si elle ne réalise pas le début de saison qu’elle souhaite, Van Vleuten sera évidemment candidate à sa succession. Vollering a passé un cap. Labous peut espérer un podium, avec Persico, Longo-Borghini… au sein d’un peloton de plus en plus homogène.
Après trois semaines de commentaires sur France Télévisions sur le Tour Hommes, comment vivez-vous la transition avec la semaine du Tour Femmes ?
Mon rôle n’est pas le même. Comme consultante, les trois semaines à l’antenne sont passionnantes et très usantes car on s’adresse à des millions de téléspectateurs. Et tous les jours, il faut remettre ça… La pression est différente, mais pas moins importante sur une quatrième semaine que je vis dans la peau d’une organisatrice qui a déjà passé beaucoup, beaucoup de temps, dans la préparation, au contact des collectivités, sur le terrain à reconnaitre le parcours. Ces deux casquettes me galvanisent de la même manière.