Directeur sportif du Havre depuis l’été 2022, Mathieu Bodmer, dont le fils Mathéo, également milieu de terrain a signé cet été son premier contrat pro au club, fait l’unanimité.
Mathieu Bodmer a été un bon joueur de football. Formé au Havre, notamment passé par l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain, il a remporté
deux championnats en 2008 et 2013, une Coupe de France en 2008 et une Coupe de la Ligue en 2023. Beaucoup aimeraient pouvoir en dire autant. Mais il n’a jamais atteint les sommets espérés, ne comptant par exemple aucune sélection en équipe de France.
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Le milieu de terrain avait pourtant d’immenses qualités, en particulier dans la lecture du jeu et le sens de la passe, mais il était desservi par sa lenteur et, plus encore, par une certaine nonchalance sur la pelouse.
Depuis qu’il est passé de l’autre côté de la barrière, sa vision du jeu s’est encore améliorée alors que sa nonchalance a complètement disparu. Au contraire, l’homme de 41 ans est un bourreau de travail. Ou plutôt un immense passionné de football :
« Je regarde à peu près 50 matches complets par semaine » confiait-il la saison passée lors qu’il jonglait entre ses activités de directeur sportif au HAC et ses activités de consultant au sein d’Amazon Prime Vidéo et de RMC. Depuis la montée du club normand en Ligue 1 au printemps dernier, il a quitté le monde des médias.
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Bodmer, les bons choix sur le banc et le terrain
Au grand dam de ces derniers tant son expertise était à la fois pertinente et passionnante. C’est donc désormais uniquement Le Havre Athletic Club qui en profite. Alors qu’il était plongé dans l’anonymat de la Ligue 2 depuis 13 ans, le club ciel et marine, fondé en 1872 et considéré comme le plus ancien du football français, est remonté en Ligue 1 dès la première saison de Bodmer comme directeur sportif.
Sa première décision forte a été de confier le banc à Luka Elsner, un entraîneur moderne, adepte d’un jeu de possession qui a fait fureur la saison précédente en Ligue 2.
Mais, à l’étage supérieur, le Slovène a su s’adapter et, avec seulement 44% de possession, Le Havre était seulement la 16ème équipe dans ce registre à la trêve. Ce qui n’empêchait pas la formation normande d’être installée en milieu de tableau, à une distance respectable de la zone rouge, notamment grâce à sa capacité à mettre de l’intensité dans toutes les zones du terrain.
Du haut de son poste de directeur sportif, Mathieu Bodmer a dû apprécier cette première partie de championnat. Il aurait pourtant pu la vivre ailleurs. L’Olympique Lyonnais, notamment, lui a fait les yeux doux pour lui offrir les commandes sportives du club.
Le Havre, le club taillé pour Bodmer
Mais le natif d’Evreux n’est pas du genre à quitter un projet en plein milieu d’une ascension. L’été dernier, Le HAC avait réussi sous sa houlette un très bon Mercato en conservant les cadres, en réussissant à se faire prêter le Lillois Mohamed Bayo, en signant libres les internationaux russes ou hongrois Kuzaeiv et Nego puis, un peu plus tard, en engageant en tant que joker le Ghanéen André Ayew.
Le tout grâce au travail de persuasion de Bodmer, qui précisait toutefois fièrement en conférence de presse lors de la reprise : « On ne voulait surtout pas être un choix par défaut, que les gars se disent : « Je n’ai rien, je vais finir au Havre. Aucun de ces joueurs n’est venu à reculons. »
L’OL lui fait les yeux doux
La magnifique victoire contre Nice (31) mi-décembre a mis encore plus en lumière le remarquable travail du club dirigé par Jean-Michel Roussier. Même si son nom est sur toutes les lèvres, Mathieu Bodmer est un homme discret, qui apprécie travailler dans l’ombre.
Si la plupart des médias ont écrit ou parlé de lui depuis le début de la saison, il n’a pas accordé de grand entretien pour décrypter à la fois sa passion et sa méthode de travail. Le club normand a d’ailleurs refusé notre sollicitation. Est-ce une façon pour l’intéressé de se protéger et de se concentrer sur sa mission essentielle, le maintien du Havre ? Avec cette volonté discrète de s’installer dans le milieu de tableau et faire du HAC, plus vieux club de France, un pensionnaire solide de Ligue 1.
Cris pas étonné du parcours de son ancien coéquipier
Toujours est-il qu’il faut se plonger dans les archives de Paris-Normandie pour trouver trace en juin dernier d’un Bodmer évoquant son poste actuel : « Directeur sportif, c’est le rôle que j’ai toujours voulu tenir après ma carrière. J’aime bouger, travailler avec toutes les composantes d’un club. C’est pour ça que jamais il ne m’a traversé l’esprit de devenir entraîneur ».
Coéquipier de Mathieu Bodmer à l’Olympique Lyonnais à la fin des années 2000, l’ancien défenseur brésilien Cris nous confie : « C’est vrai qu’il avait ce profil de dirigeant. Quand il jouait, il s’occupait d’un club amateur (Evreux) et il en parlait beaucoup dans le vestiaire. Ce n’est pas étonnant de le voir occuper cette fonction aujourd’hui, ni de passer les paliers : Ligue 2, Ligue 1… C’est un mec intelligent, qui excelle dans la communication, et très intéressant. » Un profil qui n’est pas sans rappeler un certain Florian Maurice…