Vraie consécration pour les uns, simple étape pour les autres, le titre de meilleur buteur de Ligue 2 n’est pas forcément un sésame pour la Ligue 1. Même si certains, à l’instar d’Olivier Giroud, en ont fait un tremplin pour la gloire.
Thadée Cisowski (Metz), Yves Triantafilos (Boulogne), Pierre Pleimelding (Troyes), Marc Molitor (Strasbourg), Nestor Combin (Red Star), Marc Berdoll (Angers), Albert Gemmrich (Strasbourg), Delio Onnis (Monaco), Robert Pintenat (Toulouse), Christian Dalger (Toulon) et Stéphane Paille (Sochaux) ont, avec Steve Savidan (Valenciennes) et Olivier Giroud (Tours), les deux plus contemporains, le même double statut d’international français et de meilleur buteur de L2.
A l’exception de Christian Dalger, tous sont devenus Bleus après avoir régné sur l’antichambre de l’élite et s’en sont donc servis de tremplin. Justifié jusque dans les années 90, ce statut l’est tout de même de moins en moins à mesure que la Ligue 1 devient une citadelle de plus en plus inaccessible.
Depuis 2010 et le sacre du Tourangeau Olivier Giroud, plus aucun meilleur buteur de L2 n’est devenu international français. Par contre, le tremplin fonctionne encore pour les étrangers, le Sénégalais Famara Diédhou, le Malien Adama Niane, le Turc Umut Bozok, le Guinéen Mohamed Bayo, le Géorgien Georges Mikautadze et le Guinéen Alexandre Mendy, l’actuel leader du classement, symbolisent la nouvelle vocation d’une Ligue 2 transformée en vitrine pour les sélectionneurs africains surtout.
Lauréat en 2015 lorsqu’il évoluait au Havre, aujourd’hui à Caen après avoir été à Nice, Auxerre et Dijon, du haut de ses 266 matches et 78 buts en L2, Mickaël Le Bihan note une évolution « chez les nouvelles générations qui cherchent plus vite qu’avant à exploiter financièrement un titre de meilleur buteur, quitte à devoir s’expatrier en Turquie ou ailleurs. S’il avait réagi de la sorte, Olivier Giroud n’aurait peut-être jamais été international. Il a préféré y aller étapes par étapes. »
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Depuis 2012, tous rêvent d’imiter Giroud
C’est aussi le chemin qu’empruntait Mickaël, vers l’OGC Nice et la L1 avant qu’une série de blessures ne remette en cause sa mise sur orbite et le renvoie en L2 après quatre saisons frustrantes dans l’élite.
« Car lorsque vous êtes meilleur buteur de L2, vous avez forcément le niveau de la L1. J’ai eu beaucoup de contacts avec des clubs de l’élite, et c’est normal car tous les clubs recherchent des joueurs qui marquent des buts. » Tous ne parviennent tout de même pas à se mettre au même niveau, trois seulement ayant réussi à accrocher également le titre de meilleur buteur de L1, Thadée Cisowski (1956, 1957 et 1959), Delio Onnis (1975, 1980, 1981, 1982 et 1984) et Olivier Giroud (2012).
« Il y a une grande différence entre les deux championnats, précise Le Bihan (27 matches de L1 et 5 buts). La L2 est plus physique, la L1 plus rapide dans les deux surfaces. Il faut enchaîner plus vite. Un attaquant qui prend la profondeur aura plus de chances de franchir le cap qu’un qui joue dos au but. D’où l’importance de ne pas se tromper de profil d’équipe quand on prend l’ascenseur ! »
Lorsque René Girard recrute Giroud à Tours en 2010, il ne peut pas imaginer que Montpellier sera champion de France de L1 deux ans après, mais il sait déjà comment il va l’utiliser en sentinelle aux côtés des plus remuants Belhanda, Utaka et Camara, en appui de Cabella, Dernis et Ait-Fana. Giroud avait déjà 26 ans. Depuis, tous ceux qui lui ont succédé rêvent de l’imiter.
Tom Boissy