Il y a quatre ans, la Ligue 1 était sceptique en voyant débarquer Memphis Depay, en échec à Manchester United. Devenu le capitaine de l’OL, l’ancien bad boy de Rotterdam a fait taire ses détracteurs et peut conduire les Gones vers le titre avant de partir. Retour sur la carrière d’un joueur qui a atteint l’âge de la maturité.
Deuxième joueur le plus décisif de Ligue 1 derrière Kylian Mbappé, Memphis Depay est une des rares véritables stars de notre championnat qui ne joue pas au PSG. Véritable écorché vif après avoir vécu une enfance difficile, révélé très jeune avant de sombrer à Manchester United et de se relancer à Lyon où il est arrivé en janvier 2017, le Néerlandais, en fin de contrat à l’OL, devrait quitter la Ligue 1 cet été, seul le PSG pouvant le retenir. A quelques mois de ses derniers matchs sous le maillot lyonnais, retour sur le parcours de ce joueur au caractère bien trempé et à l’immense talent qui plus jeune a dû choisir entre le rap et le foot.
2013/2014, révélation au PSV Eindhoven
C’est au PSV Eindhoven lors de la saison 2013/2014 que Memphis Depay s’est fait connaître. Le Néerlandais n’a pas vingt ans quand Philip Cocu débarque au poste d’entraîneur et en fait un titulaire à part entière, pour combler notamment le départ de Dries Mertens pour Naples. Très vite, celui qui sort d’une adolescence difficile (abandonné par son père il a été élevé par une famille d’accueil), se fait un nom. En octobre 2013 il est même appelé pour la première fois en équipe nationale par Louis van Gaal qui l’emmènera à la Coupe du Monde 2014.
Entre titularisations et entrées en jeu, le jeune Memphis (qui inscrit son prénom sur son maillot pour ne pas mettre celui de son père) se fait encore remarquer, au point d’être nommé au titre de meilleur jeune de la compétition. Trophée finalement remporté par Paul Pogba.
Un bad boy en perdition à Manchester
De retour du Brésil, Memphis Depay a un tout autre statut, confirmé par son excellente saison 2014/2015 avec le PSV (25 buts en 37 matchs !). Mais les souvenirs de son enfance refont régulièrement surface et son mauvais comportement (qui avait mis sa carrière en péril au Sparta Rotterdam avant de rejoindre le PSV) est pointé du doigt. En novembre 2016, alors que ses performances en sélection sont jugées insuffisantes, une bagarre l’oppose à van Persie lors d’un stage. L’ancien buteur de Manchester United, alors à Fenerbahçe lui reprochant son égoïsme, Memphis se moquant lui de son choix de carrière…
A cette époque, Memphis Depay joue à Manchester United et cela ne se passe pas bien.
En mai 2015, l’attaquant du PSV devait s’engager avec le PSG mais change d’avis au dernier moment pour rejoindre van Gaal qu’il considère comme l’un des tous meilleurs entraîneurs du monde.
Lyon vient l’aider à se relever
Mais en Angleterre, rien ne se passe comme prévu. Pas assez décisif, le joueur payé 30 millions d’euros passe plus de temps sur le banc que sur le terrain, alternant le bon, même parfois le très bon, et le moyen, et plus souvent le médiocre…
Lors de la saison 2016/2017, José Mourinho a remplacé Louis van Gaal sur le banc et le séjour de Memphis Depay en Angleterre tourne au cauchemar. Lors de la première partie de saison, l’attaquant néerlandais ne participe qu’à quatre matchs de Premier League ; passant le plus clair de son temps sur le banc ou en tribunes.
C’est à cet instant que l’Olympique Lyonnais intervient. Le club du Rhône vient d’intégrer son nouveau stade et fait les efforts pour attirer une star dans son effectif. Pour ça, Jean-Michel Aulas débourse plus de 25 millions d’euros (16 millions plus différents bonus pouvant aller jusqu’à 9 millions) et lui fait un contrat en or.
Un transfert qui laisse sceptique
Le 20 janvier, c’est quand même dans le scepticisme le plus total que le joueur débarque à Lyon. Un sentiment qui mettra du temps à se dissiper. Malgré des bonnes périodes, le Néerlandais a du mal à être régulier sur la longueur. Il faudra en fait attendre la saison 2019/2020 pour le voir enchainer les bons matchs. Nommé capitaine par Rudi Garcia, Memphis tire l’OL vers le haut, que ce soit en Ligue des Champions ou en Ligue 1. Il marque 15 fois en 21 matchs, toutes compétitions confondues, avant de se blesser gravement au genou.
De retour avec l’OL pour les échéances de fin d’une saison perturbée par la Covid-19 (finale de la Coupe de la Ligue, huitième retour de Ligue des Champions contre la Juventus, final 8) il réussit quelques bonnes périodes mais manque trop de physique pour faire des différences.
Des déclarations maladroites
Après avoir longtemps envisagé de quitter Lyon cet été pour rejoindre le Barça désormais entrainé par Kooman, son ancien sélectionneur, un an avant la fin de son contrat, celui qui est devenu le plus grand atout de sa sélection est finalement contrait de rester.
Mais il passe très vite à autre chose et n’est pas impacté par son transfert raté. « A moi de tout faire pour qu’on s’intéresse toujours à moi en janvier », va même jusqu’à déclarer le Lyonnais. Et il le prouve sur le terrain. Avec 12 buts et 6 passes décisives, il est le deuxième joueur le plus décisif de Ligue 1 derrière Kylian Mbappé (14 buts et 6 passes décisives).
Au début du mois, le président Aulas met fin au suspense et explique qu’il ne partira pas lors du mercato.
Il sera donc libre de quitter le club gratuitement au mois de juin et ne manquera pas de le faire.
Car chez l’attaquant de 26 ans, l’ambition, le désir de réussir est plus fort que tout. A plusieurs reprises il clame même son envie de donner un nouvel élan à sa carrière. Et pas toujours de manière très adroite. Comme en janvier 2019. « Je souhaite un nouveau transfert vers un club de haut niveau cet été », explique-t-il devant les médias. « Lyon est un grand club, mais il ne fait pas partie des cinq meilleurs d’Europe. Je veux aller dans un club comme le Real Madrid, Barcelone, Chelsea, Manchester City, le Paris Saint-Germain ou le Bayern Munich ».
« Ça représente tout pour moi de remporter le titre avec Houssem, l’équipe, le club et le président »
Le 17 janvier, dans un entretien accordé à Canal+ qui évoque son duo avec Houssem Aouar, le Néerlandais va encore plus loin. « Nous jouons dans un grand club, mais on a envie d’aller dans un des trois plus grands clubs au monde », explique-t-il. Avant d’ajouter : « Vous verrez, Houssem sera dix fois meilleurs, et idem pour moi ! ».
Une déclaration culottée mais que les supporters n’osent pas lui reprocher, tant son apport est immense. D’ailleurs, si Aulas ne l’a pas placé sur la liste des transferts, c’est parce qu’il sait que l’OL n’a pas la moindre petite chance de remporter le titre de champion sans lui.
De ses années lyonnaises, on retiendra aussi ce soir du 10 décembre 2019 quand Memphis Depay avait été au delà de son rôle de capitaine pour prendre la défense de Marcelo, insulté par les Bad Gones. Le Néerlandais avait arraché le drapeau orné d’une tête d’âne avec l’inscription « Marcelo dégage », comme un chef de clan prêt à tout pour défendre ses hommes.
« Ça représente tout pour moi de remporter le titre avec Houssem, l’équipe, le club et le président » dit aussi Depay dans la fameuse interview pour Canal+. C’est l’année ou jamais.