jeudi 28 mars 2024

Michel Callot : « A l’horizon 2024, il faut jouer la carte vélo au maximum ! »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Facilement réélu à la tête de la Fédération Française, Michel Callot aborde son deuxième mandat avec plusieurs grands projets en tête, dont celui de profiter de la mode de la mobilité douce pour amener de plus en plus de Français à faire du vélo… en clubs et en compétition. Le chantier a aussi vocation à fabriquer le ou les champions de demain… et qui serait largement facilité si un Français avait la bonne idée de gagner le Tour.

Avec 93,4% des suffrages, vous avez largement devancé Cyrille Guimard. Avez-vous été surpris ?

J’ai été plus satisfait que surpris. Je savais pouvoir m’appuyer sur un bilan très honorable par rapport aux engagements qui avaient été les miens il y a quatre ans. Cyrille Guimard a délibérément placé cette campagne sur le registre d’un règlement de compte personnel.

Même si l’ensemble de leur projet me parait évanescent, je retiens quand même quelques bonnes idées du côté de « Prends ma roue ». Mais je regrette que leur démarche n’ait pas été plus constructive et qu’elle se soit davantage apparentée à une véritable entreprise de démolition.

Michel Callot salut la monté en puissance du VTT

La baisse des licenciés est un sujet central que la crise de la Covid ne suffit pas à expliquer. Comment l’analysez-vous ?

Depuis 20 ans, il y a une mutation importante. Entre la proportion des licences associées au cyclisme sur route et la montée en puissance très forte des licenciés en VTT et BMX qui date des années 2010 avec de forts investissements pour ces pratiques en plateaux.

En sens inverse, la tendance de fond de la baisse des licenciés sur route s’est intensifiée. De nombreux parents ont peur de laisser leurs enfants faire du vélo sur la route. Face à ce constat, nous devons redévelopper la pratique du vélo dans notre société.

Comment y parvenir depuis votre poste de président de Fédération ?

Nous devons être contributeur sur ce sujet de la mobilité douce. Ça passe par l’accompagnement de tous les plans liés au vélo initiés par les collectivités locales, les entreprises. À travers les outils que nous pouvons offrir à nos clubs. Car, plus les Français feront du vélo tous les jours pour aller au boulot ou chercher leur pain, plus les collectivités locales investiront dans le réseau et la sécurité.

Il faut accentuer la culture vélo dans le pays. Comme cela a pu être le cas après guerre. Cela ne pourra qu’augmenter le pourcentage de ceux qui iront vers le sport cycliste et la compétition. Cette stratégie de fond, cette reconstruction de l’appareil fédéral, produira ses effets bien au delà de 2024. Je suis assez optimiste car nous avons des atouts.

Lesquels ?

La crise sanitaire a renforcé l’éclairage sur le vélo, il ne faut pas rater cette opportunité. Deuxièmement, à l’horizon des JO de 2024, tous les enjeux sociétaux vont amener les Français à devenir une nation plus sportive. Là aussi, il faudra jouer la carte vélo au maximum.

« Quand on est sur le podium du Tour, on peut croire à la victoire finale »

Vous avez annoncé des objectifs précis en termes de médailles pour les prochains JO (6 médailles).

Ce ne sont pas que des paroles en l’air. Ces objectifs affichés deviennent de vrais outils de travail. Je fais cependant la différence entre le VTT ou le BMX, et le cyclisme sur route qui a de nombreuses autres occasions dans l’année de se montrer que lors des JO.

On en revient à la difficulté, en France peut-être plus qu’ailleurs, de faire émerger des champions de la masse de tous ceux qui font du vélo.

La difficulté est effectivement de créer une passerelle entre le sportif du dimanche et celui qui prend une licence. Il faut modifier l’offre dans nos clubs, la nature des services qu’on propose à nos pratiquants. Un exemple : on vient de signer un partenariat avec la plateforme Sports’n Connect dans le but de rendre la vie plus facile à nos clubs.

« J’ai déjà eu la chance de vivre un titre de champion du monde »

Dans beaucoup d’autres sports, il suffit souvent d’un titre de champion du monde ou d’Europe. C’est nécessaire pour légitimer la politique de la fédération. Pourriez-vous vous retrouver dans la même situation si le successeur d’Hinault ou de Fignon sur le Tour émergeait sous votre présidence ?

J’ai déjà eu la chance de vivre un titre de champion du monde, celui d’Alaphilippe, que nous attendions depuis 23 ans. On mesure à ce moment-là le caractère exceptionnel de l’exploit et l’élan que ça peut susciter.

Pour ce qui est du Tour de France, il est évident que le jour où un Français finira sur la plus haute marche du podium, il offrira une fantastique bouffée d’oxygène à tout notre cyclisme. Mais si, demain, David Gaudu venait à gagner le Tour, il serait malhonnête de ma part de m’en attribuer le bénéfice. Mes prédécesseurs ont aussi le droit de le revendiquer.

Un Français vainqueur du Tour, c’est pour quand ?

On a des coureurs capables d’être sur le podium. Il n’y a pas de raison que ça n’amène pas un jour à une victoire finale. Dans un contexte de mondialisation du cyclisme, on oublie un peu vite que les derniers vainqueurs français du Tour, dans les années 80, avaient moins de concurrence qu’aujourd’hui.

Diriez-vous que la situation s’est améliorée au niveau du dopage ?

Oui, évidemment, et heureusement. Nous sommes devenus un sport comme les autres. Ni mieux, ni moins bien…

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