L’histoire des Yankees a débuté en 1987 dans le sillage forcément entraînant de Bernard Tapie. Après Lionel, c’est Michel Tonini (55 ans aujourd’hui) en 2009, le frangin, qui a perpétué la passion d’une famille folle de l’OM.
Dans quel état d’esprit étiez-vous lorsque Bernard Tapie a repris le club en 1986 ?
Après l’épisode des Minots, nous étions remontés en D1, mais on vivotait au milieu du tableau. On voyait danser Tapie à la télé avec Véronique et Davina, il avait connu des succès dans le vélo avec Hinault et LeMond. Il était le symbole de la réussite. Pour nous, c’était du rêve !
Du rêve à la réalité, pouviez-vous imaginer à ce moment-là que l’OM allait gagner la Coupe d’Europe des clubs champions six ans plus tard ?
Il avait tout de suite annoncé la couleur : son ambition était de gagner la coupe d’Europe. Et comme, à ce moment-là, il réussissait tout ce qu’il entreprenait, nous n’avions aucune raison de ne pas le croire. En plus, il faisait les choses comme il faut en prenant les meilleurs. Hidalgo était une référence et ses recrues étaient aussi les meilleures à leurs postes, comme Förster, Allofs, etc. On a rapidement compris qu’il ne voulait pas perdre de temps et qu’il avait les moyens de ses ambitions.
Malgré tout, le premier titre n’est arrivé qu’en 1989. Avant, avezvous eu le temps de douter ?
Oui, bien sûr, mais la colère des supporteurs ne s’exprimait pas de la même manière. Ça râlait un match, et les virages étaient vides le match suivant… La révolte s’exprimait de cette manière et Tapie nous avait habitués à être présent au stade. C’est à ce moment-là qu’est né le mouvement des supporteurs.
« JPP, tout le monde l’a d’abord moqué… »
Des années Tapie, si vous aviez à retenir… un joueur ?
Forcément Papin qui est passé de Jean Peux Plus à JPP, un Cht’i acheté à Bruges que tout le monde a d’abord moqué et qui est devenu le plus grand buteur de l’histoire de l’OM.
Un entraîneur ?
Raymond Goethals, parce qu’on a vite eu l’impression qu’il était Marseillais. C’était un sacré personnage dont le plus grand mérite aura été de composer avec l’envahissante présence de Tapie. Tous les autres avant lui n’y étaient pas parvenus, même Beckenbauer… Lui a su le faire pour le plus grand bénéfice de l’équipe. Les Marseillais l’adoraient.
Un match ?
La double confrontation face à Benfica en 1990 (demi-finale C1) a été charnière. A l’aller, avec un Francescoli énorme, on doit gagner 10-1. On sait ce qui s’est passé au retour avec la main de Vata et les déclarations de Tapie après le match.
C’est là qu’on a compris qu’on avait les moyens de rivaliser avec les meilleurs. Un an après avoir fait un complexe face à l’Ajax (demi-finale de C2), parce qu’on avait abordé ce rendez-vous comme tous les clubs français, battus d’avance, on prenait conscience que, malgré l’élimination injuste, on pouvait espérer gagner cette coupe d’Europe.
Trente ans après, avez-vous encore ce rêve ?
Je garde le même amour pour mon club, mais je n’ai plus 15 ans, je suis plus lucide. Depuis l’arrêt Bosman, les règles ont changé. Nous avions les meilleurs joueurs français et trois ou quatre internationaux étrangers de premier plan.
Aujourd’hui, nous avons un actionnaire à qui on a fait croire qu’il pourrait gagner de l’argent comme s’il s’agissait d’une franchise US et un déficit structurel qui ne bénéficie qu’aux joueurs et aux agents. Notre effectif ne vaut pas grand-chose. Je n’arrive pas à m’habituer à l’idée que nous sommes rentrés dans le rang…