lundi 17 mars 2025

Noa Narcisse, Elohim Prandi, Arthur Anquetil, etc… Le handball en héritage

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Jusqu’au plus haut niveau, et comme dans aucun autre sport, la transmission père/fils est au handball un élément essentiel qui permet de perpétuer la passion et d’entretenir la légende. Avec les Richardson, les Mahé, les Kervadec ou les Narcisse, ils sont aujourd’hui une dizaine à avoir pris le témoin de leur paternel pour se faire un prénom. 

Noa NARCISSE fils de Daniel, 21 ans, PSG 

Même en partance pour Saran, où il évoluera la saison prochaine et jusqu’en 2027 à la faveur de son premier contrat pro, l’arrière gauche du PSG, où son père, Daniel, a terminé sa carrière et y assure sa reconversion comme Business Developer Manager, est encore sous haute protection. Le refus de notre demande d’interview est justifié par la volonté de ne pas trop en faire sur le fils du quadruple champion du monde et double champion olympique.

Déjà appelé à six reprises en championnat et à quatre reprises en Ligue des Champions, son nom justifie un traitement médiatique un peu particulier dans un club aussi exposé que le PSG.

« Je ne me prends pas la tête avec mon nom, disait-il en octobre en zone mixte après son premier match, et son premier but de StarLigue face à Ivry où, forcément, son ascendance a été évoquée. Mon père me parle comme à un fils qui le suit depuis tout petit, mais ce qu’il a fait ne m’appartient pas ». Une manière habile de se démarquer de l’ombre envahissante, évidemment sans la renier, plutôt pour anticiper toute forme de comparaison malvenue. Car Noa le sait, il a encore un long chemin à parcourir avant d’espérer entrevoir la lumière. 

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Arthur ANQUETIL fils de Frédéric et neveu de Grégory, 29 ans, Chambéry 

Les Anquetil arpentent le hand français depuis l’émergence de Frédéric, le papa (57 ans), international à 53 reprises et quatre fois champion de France avec Montpellier dans les années 90. De trois ans son cadet, le frère et donc tonton d’Arthur, Grégory, a également marqué son temps dans l’Hérault, champion de France à neuf reprises (dont quatre fois avec le frangin), vainqueur de la Ligue des Champions en 2003 et membre éminent de la génération Barjot, championne du monde en 1995 et 2001.

Arthur a pris le relais à Montpellier, où il a été formé et où il est resté jusqu’en 2017 avant de rejoindre Sélestat puis Chambéry, sans néanmoins parvenir à se hisser au niveau de ses glorieux aînés. Dans l’émission 100% MHB sur ICI Hérault, il expliquait il y a quelques années, l’impact familial de sa vocation.

« J’avais quelques semaines que j’étais déjà dans la poussette pendant que mon père s’entraînait ! J’entendais le bruit des ballons qui rebondissent… Par la suite, mon père, éducateur, a été plutôt zen dans sa façon de m’éduquer et m’a laissé la liberté. Au début, c’était foot et tennis, avant qu’il me propose d’essayer un entraînement à 10 ans. La greffe a bien pris, tout de suite. Entraîneur, il m’en demandait deux fois plus, me sanctionnait deux fois plus. Difficile de le comprendre sur le moment mais, avec le recul, ça m’a fait progresser. »

Et d’assumer aussi une comparaison pas forcément à son avantage. « C’est une affaire de maturité. Je m’appelle Arthur, je joue à Chambéry et ça n’a plus rien à voir avec mon père ou mon oncle. On ne choisit pas l’histoire de sa famille, on vit avec. » 

Melvyn RICHARDSON fils de Jackson, 28 ans, FC Barcelone 

Avant de partir en Pologne cet été, au Wisla Polck, Melvyn avait réussi le si difficile défi d’assumer l’héritage unique d’un père longtemps considéré comme le meilleur joueur de la planète, double champion du monde (1995 et 2001) et médaillé de bronze olympique à Barcelone en 1992. C’est à Chambéry, où a fini Jackson, que Melvyn a débuté sa carrière, pour rebondir à Montpellier et Barcelone, pour aller chercher ce titre olympique en 2020 qui a toujours fait défaut au paternel.

En marge des derniers JO à Paris, il parlait ainsi de son parcours : « Avoir un père qui connait le milieu a été un avantage car avant d’être handballeur il était mon père et je l’ai toujours vu ainsi. Quand j’allais aux matchs, j’allais surtout voir papa travailler. »

Lui aussi s’est essayé à d’autres sports (foot, tennis, judo, natation) avant de se rendre à l’évidence, il avait le hand dans la peau. « Quand je suis arrivé à Chambéry, mes potes faisaient du handball. J’ai commencé pour être avec eux, et on s’éclatait tellement que je n’ai jamais voulu arrêter. » Quand le papa était droitier, demi-centre, virevoltant, le fils est polyvalent, gaucher, et plus puissant, ça aide pour affirmer son identité. 

Kentin MAHÉ fils de Pascal, 33 ans, VFL Gummersbach 

Champion du monde en 2015, vingt ans après son père, Pascal, sacré en 1995 avec les Barjots, Kentin l’a d’abord vu jouer à Monaco et au Bayer Dormagen avant de l’avoir comme coach chez les jeunes dans le club allemand. Et de faire toute sa carrière à l’étranger, outreRhin et en Hongrie entre 2018 et 2024 (Veszprem KSE) quand Pascal rentrait en France coacher Chartres et Caen. Rien de commun entre les deux Mahé, le paternel étant un solide défenseur quand le fils, ailier ou demi-centre, fait preuve de plus de créativité.

Dans ce domaine, le mimétisme relève davantage du mental que du style de jeu. Sur le site de la FFHB en 2012, Kentin estimait avoir été « inspiré de voir (mon) père s’entraîner dur, de savoir qu’il répétait toujours les mêmes gestes pour réussir. » Lucide, il remettait sa progression dans le contexte d’un sport où les sagas familiales sont nombreuses, « parce qu’il y a peut-être moins de prétendants que dans d’autres sports. Des joueurs avaient sûrement plus de talent que nous à l’âge de 15 ans, mais n’avaient pas ce vécu et des parents qui les hissaient vers l’exigence. » Encore faut-il trouver cet équilibre entre mauvaise pression et bonne motivation qui a permis à Kentin de marcher sur les traces de Pascal. 

Mathis BURDET fils de Lionel, neveu de Cédric 19 ans, Chambéry 

Avec un père, Lionel, passé par le SO Chambéry, un oncle, Cédric, champion olympique en 2008 également joueur du SOC, il pouvait difficilement échapper au handball sinon à s’orienter vers le basket, le sport de prédilection de sa mère. Champion de France avec les U18 du club phare des Alpes, Mathis a fait ses débuts en StarLigue cette saison, conscient de tout ce qu’il doit à l’héritage familial.

« C’est grâce à mon père que j’ai commencé le hand, disait-il au média A la force du bras en 2023. Grâce à lui et à mon oncle qui ont exercé une influence car c’est dans notre ADN et voir leur palmarès donne envie de faire pareil. » International chez les jeunes depuis trois ans, en U21 en 2024, Mathis fait partie de l’effectif pro depuis juillet dernier, bien décidé à écrire sa propre histoire au sein d’un Team Chambé qui n’en a pas encore fini avec les Burdet… 

Elohim PRANDI fils de Raoul, 26 ans, PSG 

Avec un papa, Raoul, demi-centre international d’Ivry, Istres, Wuppertal LTV et Livry-Gargan, 4ème aux JO d’Atlanta en 1996, et une mère, Mézuela Servier, capitaine de l’équipe de France à la fin des années 90, le Bison pouvait-il y échapper ? Difficilement. « C’était presque inévitable reconnaissait-il en 2016 dans Le Parisien. Très tôt, ma mère m’a dit que j’avais un nom, mais que mon prénom n’était ni le sien, ni celui de mon père et qu’il ne tenait qu’à moi d’en faire ce que je voulais. » A 17 ans, son objectif était de signer pro « et de devenir l’un des meilleurs. Ce n’est pas de la prétention, c’est juste que je veux que mes parents, qui, eux, ont fait partie des meilleurs, soient fiers de moi. » Depuis, ses quatre titres de champion de France, celui de champion d’Europe et vice-champion du monde ont amené encore plus haut le nom des Prandi.  Elohim Prandi et Melvyn Richardson, le handball en héritage. 

Nedim REMILI fils de Kamel, 29 ans, Veszprem KSE 

Champion de France en 1989, deux fois vainqueur de la Coupe de France (1989 et 1997) avec l’US Créteil, Kamel ne pouvait pas rêver mieux pour son fils, Nedim, né en 1995, que ce destin international hors norme qui en fait aujourd’hui un des meilleurs demi-centres du monde, champion d’Europe en 2024, du monde en 2018 et olympique en 2020. Formé sous le regard bienveillant et exigeant d’un papa directeur sportif, Nedim est passé pro à Créteil en 2013 avant de voguer vers le PSG, Kielce et Veszprem vers un palmarès XXL et le titre de meilleur joueur du dernier Euro, récemment bronzé aux Mondiaux 2025.

Voilà pour la branche hand d’une famille qui en compte aussi une de foot avec la maman, libéro à Maisons-Alfort dans les années 80, et le frangin, Meyane, milieu de terrain passé par Créteil, Romorantin, aujourd’hui à St-Leu. 

Ewan KERVADEC fils de Guéric, 26 ans, Limoges 

En 1995, en Islande, son titre de champion du monde avait valu à Guéric, son surnom ; le Menhir. Trois ans après, le pivot de deux mètres et cent kilos devenait papa d’Ewan du côté de Magdebourg, en Allemagne où avait signé l’ancien joueur de Vénissieux, Nîmes et Créteil. Créteil où a débuté un fiston qui ne cachait pas sa peur d’être comparé à son père :

« Si je rate un truc, on va dire que mon père ne l’aurait pas raté. » Sauf que les deux n’évoluent pas dans le même registre, Ewan évoluant arrière droit à Limoges, avec qui il fut vice-champion de France de D2 en 2019 trois ans après un titre européen U18. A chacun son chemin.

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Tom Boissy

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