mardi 11 février 2025

Novak Djokovic : 10 victoires à Melbourne, 10 histoires

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Chacune des 10 victoires de Novak Djokovic à Melbourne (en 15 ans) a sa propre histoire. Son contexte et ses vérité. Avec plus ou moins d’importance dans la carrière du Serbe.

27 janvier 2008 – 29 janvier 2023. 15 ans, 10 sacres. S’il y a bien un tournoi sur le circuit qui pouvait résumer la domination de Novak Djokovic sur la planète tennis depuis désormais plus de dix ans, ce serait, sans aucun doute, l’Open d’Australie. De son tout premier sacre en Grand Chelem, à Melbourne Park en 2008, à sa « décima » melbournienne complétée dimanche dernier face à Stefanos Tsitsipas, retour sur les 10 sacres historiques du serbe en Australie.

10 – 2015 : le plus évident, le moins mémorable

Si 2015 est certainement le sacre le moins marquant de Djokovic à Melbourne, c’est non seulement car le serbe n’a presque pas du batailler sur l’ensemble du tournoi (mis à part en demi-finale, où Wawrinka est parvenu tant bien que mal à l’embarquer dans un cinquième set qu’il perdra finalement 6-0), mais surtout car il ne représente finalement ni tournant ni symbole historique dans la carrière du serbe. Arrivé dans la peau du grandissime favori du tournoi après une avoir fini la saison 2014 en trombe (titre à Bercy puis au Master), « Nole » remporte en 2015 son huitième sacre en Grand Chelem dans une édition rapidement orpheline de ses deux autres principaux rivaux, Rafael Nadal, éliminé en quarts de finale, et Roger Federer, éliminé dès le troisième tour.

C’est Murray, le quatrième larron du « Big 4 », qui se dresse finalement devant lui en finale, dans un match remporté en quatre sets par le serbe. D’abord bousculé dans les deux premiers actes, le « Djoker » conclu finalement les deux dernières manches sans encombre, victoire 7/6 – 6/7 – 6/3 – 6/0. Un cinquième titre à Melbourne paradoxalement peu mémorable, mais qui lancera ce qui reste certainement aujourd’hui la plus grande saison de la carrière de Djokovic.

9 – 2016 : Simon au bout de l’effort, puis le long fleuve tranquille

Un peu à l’image de l’édition précédente, l’Open d’Australie 2016 remporté par « Nole » souffre peut-être davantage d’un manque de portée historique que de son scénario presque écrit d’avance (comme ça a souvent été le cas à Melbourne avec le serbe), alors que Djokovic est absolument injouable depuis un an désormais sur la scène mondiale. Onzième titre en Grand Chelem du numéro un mondial, c’est également le troisième d’affilé. Il ira même en chercher un quatrième de rang à Roland Garros au printemps, pour compéter le Grand Chelem à cheval sur deux saisons, une première depuis un certain Rod Laver.

C’est simple, depuis son titre acquis en 2015 sur cette même Rod Laver Arena, justement, Djokovic est seul au monde. Et même lorsque ce dernier semble vouloir donner une chance à Gilles Simon de créer la sensation du tournoi en commettant plus de 100 (!) fautes directes lors de son quart de finale face au français, cela n’est pas suffisant. Dans la douleur, « Djoko » se sort finalement en cinq sets d’un match qui restera sa seule frayeur du tournoi. Il ira tranquillement dominer Federer en demi-finale puis Murray, à nouveau, en finale pour s’adjuger son sixième sacre en terres australiennes.

8 – 2021 : malgré la déchirure et les critiques

Comme (presque) tous les ans, Djokovic arrive à Melbourne dans la peau du grand favori du tournoi. L’édition 2021 n’y échappe pas, mais le serbe est cette année bousculé par un facteur contre lequel il n’avait pas prévu de combattre : une déchirure aux abdominaux. Malgré la douleur et la polémique suscitée par cette blessure, soupçonnée d’un côté d’être complètement accentuée par le serbe dans le but de troubler ses adversaires et de l’autre d’être bien trop grave pour être soignée dans les règles de l’art par le staff médical du numéro un mondial, Djokovic parvient tant bien que mal à terrasser tous ses adversaires pour rallier la finale.

Au bout du rouleau et sur le point d’abandonner contre Taylor Fritz au troisième tour, puis bousculé par Raonic et Zverev les deux tours suivants, le serbe parvient finalement par trouver la force mentale et physique d’aller chercher le titre sans ne plus perdre aucun set par la suite, presque comme si de rien n’était. Face à Daniil Medvedev en finale, il remporte son 18ème sacre majeur au bout de l’effort et de la douleur, réduisant plus que jamais l’écart le distançant encore de ses deux compères du « Big 3 ». L’attente ne sera pas longue.

7 – 2020 : Thiem avait déjà une main sur le trophée

Au lancement de la saison 2020, Rafael Nadal est numéro mondial mais, personne ne s’y trompe, le meilleur joueur du monde est bien Novak Djokovic. Cette dernière édition avant la pandémie de Covid donne d’ailleurs raison au serbe, qui traverse la moitié basse du tableau comme un TGV, ne perdant en chemin qu’une seule manche, au 1er tour contre Jan-Lennard Struff. Si le huitième sacre du serbe en Australie est donc plus mémorable que les éditions précédemment citées, cela ne tient que par le scénario de la finale qui a opposé le belgradois au challenger en puissance de l’époque, Dominic Thiem.

Bousculé comme rarement ces dernières années en finale de son Grand Chelem favori, Djokovic est même au bord de la rupture dans un début de quatrième set où le serbe est mené deux manches à une par l’autrichien et doit sauver une balle de break sur son service. Thiem semble toucher du doigt la victoire face à un Djokovic complètement dominé, mais le serbe s’en sort et « Dominator » ne verra plus jamais une telle opportunité se présenter de nouveau. Il perd la quatrième manche, puis le match, au terme d’une finale qui fera parti des plus beaux matchs de la saison.

6 – 2013 : Wawrinka dans le match de l’année

Bien que peu marquante, aussi bien concernant l’épilogue de la compétition que sur le plan historique, cette édition 2013 remportée par Djokovic mérite son pesant d’or rien que pour un match, une rencontre qui aura marqué l’histoire du tournoi, le huitième de finale opposant Novak Djokovic au numéro 17 mondial, le suisse Stanislas Wawrinka. Numéro un mondial et, une fois de plus, grandissime favori à sa propre succession à Melbourne, « Nole » affronte pour son quatrième match un Wawrinka tête de série numéro 15, dans un match qui figure à coup sur comme l’un des plus grands matchs de la dernière décennie.

Poussé au bout de l’effort par le suisse, transcendé et jouant un tennis d’une qualité qu’on ne le soupçonnait jamais pouvoir atteindre un jour, le serbe s’en sort 12/10 au cinquième set sur l’une des balles de matchs les plus équipes de l’histoire, après plus de cinq heures de jeu. Un match de titan, qui constitue l’acte de naissance de celui que l’on surnommera plus tard « Stan the Man » et qui remportera trois titres du Grand Chelem. Djokovic triomphera quant à lui pour la troisième fois à Melbourne en battant Andy Murray en quatre manches en finale.

5 – 2019 : Nadal surclassé comme jamais

Après deux ans de disette en Grand Chelem, une aberration pour lui, Djokovic a retrouvé le chemin de la victoire en Grand Chelem à Wimbledon 2018, six mois plus tôt. Redevenu l’ogre qu’il était après son coup de moins bien post-Roland Garros 2016, « Nole » arrive à Melbourne pour récupérer son bien, alors qu’il n’a plus été sacré sur la Rod Laver Arena depuis 2016. Redevenu numéro un mondiale en fin de saison 2018, deux ans après avoir quitté son trône, il souhaite prouver qu’il est bien redevenu le patron du circuit. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne va pas décevoir.

Malgré deux petits sets laissés en chemin contre Shapovalov au troisième tour et Medvedev en huitièmes de finale, Djokovic termine en trombe le tournoi, concassant d’abord Lucas Pouille en demi-finale avant de délivrer l’une des partitions les plus abouties de sa carrière en finale, pourtant contre un très bon Rafael Nadal. Surclassé 6/3 – 6/2 – 6/3 en à peine plus de deux heures de jeu par un belgradois dans la « zone » comme rarement, l’espagnol prend ce dimanche 27 janvier 2019 l’une des plus grosses gifles de sa carrière en Grand Chelem, alors qu’il venait de réaliser l’un de ses parcours les plus convainquant en terres australiennes. Si certains avaient encore des doutes, Djokovic met définitivement tout le monde d’accord sur la Rod Laver Arena. Il est bel et bien de retour au sommet.

4 – 2011 : l’acte de naissance de « Djokosmic »

Si Djokovic remporte son premier titre du Grand Chelem en 2008, sa domination sur le circuit ATP ne débute réellement qu’au moment de son deuxième sacre à Melbourne, en 2011. Symboliquement, le deuxième titre majeur du serbe marque le réel point de départ de l’hégémonie presque totale de « Nole » depuis désormais plus de dix ans. Cantonné au rôle de « troisième meilleur joueur du monde » derrière les deux extraterrestres Federer et Nadal depuis près de quatre ans, c’est à Melbourne en 2011 que le belgradois inverse finalement la tendance pour devenir, à son tour, le patron incontesté du circuit.

Son parcours lors de cette édition 2011 reflète d’ailleurs bien la domination qui sera la sienne jusqu’à la fin de la cette saison, qu’il clôturera avec un premier Petit Chelem en poche. Djokovic traverse sans encombre le tableau, ne perdant qu’un seul set au deuxième tour contre Ivan Dodig, avant de terrasser Roger Federer pour la deuxième fois d’affilé en demi-finale de Grand Chelem. Surclassé et battu en trois sets, le suisse ne peut que constater les dégâts, à l’image d’Andy Murray, également impuissant en finale face au serbe devenu injouable. « Djokosmic » est né.

3 – 2008 : le tout premier

Un premier titre en Grand Chelem, c’est forcément spécial. A seulement 20 ans, Djokovic vient de jouer, et de perdre, sa toute première finale de Grand Chelem à l’US Open 2007, face au numéro mondial incontesté de l’époque, Roger Federer. Quatre mois plus tard, il arrive à Melbourne comme un sérieux outsider à la victoire finale pour tenter de mettre fin à l’emprise de son bourreau New Yorkais, double tenant du titre en terres australiennes. Après un parcours impeccable, réalisé sans perdre la moindre manche, Djokovic retrouve Federer en demi-finale du tournoi pour une revanche de la finale disputée à Flushing Meadows quelques mois plus tôt. Battu en trois manches en finale du Grand Chelem New-Yorkais contre le suisse, le serbe joue ce 25 janvier 2008 le meilleur match de sa jeune carrière pour rendre la pareille au numéro un mondial, battu à la surprise générale en trois sets.

L’exploit est majeur, puisque Federer avait disputé les dix dernières finales de Grand Chelem du circuit, sa dernière défaite avant une finale majeure remontant à la demi-finale de Roland Garros, en 2005. Transcendé par cet exploit retentissant, le belgradois ne rate pas l’occasion d’inscrire pour la première fois son nom au palmarès d’un tournoi du Grand Chelem en venant à bout en quatre sets de Jo-Wilfried Tsonga en finale. Le premier, et surement pas le dernier.

2 – 2023 : Tout là-haut, aux côtés de Rafael Nadal

Comme en 2021, Djokovic a semblé surpasser les limites du corps humain en s’imposant dans l’un des quatre tournois les plus prestigieux au monde avec une déchirure musculaire, cette fois à l’ischio-jambier. Moins source de polémique que sa blessure aux abdominaux deux ans plus tôt, ce facteur externe au jeu rythme malgré tout la campagne 2023 du serbe à Melbourne mais, comme en 2021, ne l’empêche pas d’aller au bout, presque à l’évidence. Malgré les grimaces et les étirements à répétition sur le court, le serbe n’est pas inquiété le moins du monde du tournoi, ne perdant qu’un seul set contre le modeste Enzo Couacaud au deuxième tour. Facile vainqueur de De Minaur, Rublev ou encore Paul, il n’a pas non plus à forcer son talent en finale contre un Tsitsipas trop tendre et frileux dans les moments chauds.

Un tournoi peu mémorable sur le plan sportif, certes, mais qui fait date sur le plan historique. En s’imposant dimanche dernier sur la Rod Laver Arena, Djokovic devient seulement le deuxième joueur de l’histoire, après Rafael Nadal, à remporter au moins dix fois un même tournoi du Grand Chelem, le premier à Melbourne. Il rejoint également l’espagnol (encore lui) en tête du si prestigieux palmarès des vainqueurs en Grand Chelem, avec 22 unités à son compteur. Historique.

1 – 2012 : l’une des plus grandes fins de tournoi de tous les temps

Troisième sacre du serbe à Melbourne Park, son cinquième titre en Grand Chelem au total, cet Open d’Australie 2012 remporté par Djokovic ne représente pas un tournant historique majeur sur le plan comptable, comme le dixième sacre australien du serbe obtenu la semaine dernière peut l’incarner. Si cette édition 2012 du Grand Chelem australien est certainement le titre le plus marquant de la carrière de « Nole » à Melbourne, c’est ainsi sans aucun doute par son épilogue épique, représentatif d’une période dorée du tennis masculin. La saison 2012 marque à coup sur l’apogée de la domination du « Big 4 », ce quatuor implacable composé des quatre joueurs majeurs du XXIe siècle, Andy Murray, Novak Djokovic, Roger Federer et Rafael Nadal. A Melbourne cette année-là, les quatre sont bien évidemment au rendez-vous des demi-finales et vont réserver aux fans du tennis un finish comme il y en a peu eu dans l’histoire du tennis.

Après une première superbe demi-finale remportée en quatre manches et plus de quatre heures de jeu par Nadal face à Federer, Murray et Djokovic bataillent pendant plus de cinq heures sur la Rod Laver Arena, avant que Djokovic ne finisse par venir à bout du britannique 7/5 au cinquième set. Mais le plus beau reste encore à venir. Dans la plus longue finale de l’histoire de l’Open d’Australie, le serbe et l’espagnol se livrent un des plus grands combats du XXIe siècle dans un match au niveau de jeu ahurissant, finalement remporté en cinq manches au bout de l’effort et de la nuit par le « Djoker », après près de six heures de jeu. Un épilogue épique, le symbole d’une époque dorée et d’un joueur hors normes, roi de Melbourne.

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