L’Olympique de Marseille a beau être un club de football connu à l’international, son rayonnement se limite paradoxalement au simple ballon rond, quand d’autres équipes se diversifient pour devenir omnisports. Une situation d’autant plus étonnante que l’OM dispose d’un vivier de clubs dans sa région, et a une histoire qui va dans le sens d’un rassemblement sous sa bannière.
L’Olympique de Marseille, son club de foot et… son club de foot ! Place forte du ballon rond français depuis plusieurs décennies, l’OM se démarque également par l’exclusivité accordée à ce sport. Quand d’autres clubs de football en France et en Europe se diversifient en effet et étendent leur marque à d’autres disciplines, Marseille reste cantonné au seul foot. Et les exemples sont légions.
Rien qu’en Espagne, le Real Madrid et le FC Barcelone domine régulièrement le foot européen. Les deux clubs ont étendu leur zone de règne au basket grâce à leurs performances en Euroligue ; ou encore au handball pour le Barça. Un phénomène si milaire en Allemagne, où le Bayern Munich domine aussi bien en football qu’en basket. On retrouve également d’autres exemples en Turquie. Le Fenerbahçe existe aussi dans le basket, le volley, l’aviron, la boxe et le tennis. En Grèce avec le Panathinaïkos, aussi bien connu pour son football que son basket et son volley.
En France, par contre, l’OM fait figure d’ovni. L’autre Olympique, Lyonnais, s’est étroitement associé au club de basket de l’ASVEL Villeurbanne. Ce dernier évoluera pour les deux prochaines saisons, au moins en Euroligue. Et c’est sans parler de l’ennemi historique parisien. Le PSG, en plus d’écraser la Ligue 1, commence à faire de même en handball. Après avoir acheté le club de la ville en 2012. Le PSG a également dans son écurie le club de judo de la ville, où figure un certain Teddy Riner, et même un club de futsal.
« Pour qu’un projet comme celui-ci se concrétise, il faut que le club soit plus stable »
De quoi donne des idées au propriétaire de l’OM Frank Mc Court ancien boss de l’équipe de base-ball des Dodgers ? Pour l’heure, l’OM dispose d’un club de football, et c’est tout ou presque. Il n’a d’ailleurs retrouvé une section féminine qu’en 2012. On peut seulement voir le logo, les couleurs et la devise du club portés par un club de judo et un autre d’athlétisme. Mais ce dernier n’a aucun lieu juridique avec le club de football phocéen.
Une situation qui n’étonne plus dans les Bouches-du-Rhône. Où tout le monde ne jure que par le football. « Être ou pas un club omnisport ne change absolument rien à quoi que ce soit pour l’OM » explique Christophe Bouchet, président du club de 2002 à 2004. « Pour qu’un projet comme celui-ci se concrétise, il faudrait de toutes façons que le club soit beaucoup plus stable et que son propriétaire son incontestable. Ce qui n’est pas le cas depuis 20, voire même 50 ans ».
Cela peut tout de même étonner quand on se plonge dans l’histoire de l’Olympique de Marseille. Fondé en 1899 et amené à succéder au Football Club de Marseille, l’OM, à l’image de la plupart des clubs de l’époque, se veut un club omnisports. De nombreux sports sont ainsi représentés, avec comme fers de lance le football. Mais aussi le rugby, arrivé tout droit d’Angleterre jusqu’à la cité phocéenne via son port.
L’Olympique de Marseille fait de l’ombre aux autres disciplines
Mais alors que le foot prend chaque année de plus en plus d’importance, il semble petit à petit faire de l’ombre aux autres disciplines. Ainsi, les autres branches de l’OM périrent les unes après les autres. Pourtant sous le feu des projecteurs au début du siècle, l’Olympique de Marseille de rugby à XV ne tiendra qu’une quarantaine d’années. Le club disparaîtra définitivement durant la Deuxième Guerre Mondiale. Un sort similaire attendra l’équipe de basket du club, dissoute en 1954. Deux exemples parmi tant d’autres.
On aurait tout aussi bien pu parler des destins réservés aux branches escrime, lutte, boxe, cyclisme, tennis, natation ou water-polo du club. Toutes ou presque disparues durant le milieu du 20ème siècle. Et depuis ? Rien ou presque à part le foot.
L’OM a bien associé son nom au club de handball de la ville, devenant l’Olympique de Marseille Vitrolles en 1991 (et obtenant d’ailleurs un certain succès en devenant le premier club français à remporter une Coupe d’Europe en 1993). Mais il n’était rattaché que financièrement et non pas juridiquement à l’OM du foot. Malgré la présence à la tête du club de handball de Jean-Claude Tapie, le frère de Bernard.
Des tentatives de rapprochement entre l’OM et Montpellier
À cause de problèmes financiers, l’équipe est contrainte de disparaître en 1996. Cinq ans après le début de la collaboration avec le club de football de la ville. Pourtant, le début des années 2000 laisse à penser que l’OM veut de nouveau constituer un club omnisports. Il veut étendre sa marque dans d’autres disciplines.
En proie à de gros problèmes économiques, le club de basket de Montpellier est prêt à passer sous le giron de l’Olympique de Marseille. Pour se sauver, l’opération manque de peu de se faire. « On a été tout proches de reprendre Montpellier oui, confirme Christophe Bouchet, alors président de l’OM, mais deux raisons nous ont refroidis.
Premièrement, l’environnement juridique du club était incertain, alors que l’on voulait reprendre un club en première division. Mais le plus important, c’est surtout que je me voyais mal avoir un rôle à jouer, et de l’argent à dépenser, dans le basket, si les choses se passaient mal dans le foot. Les supporteurs nous en auraient voulu. »
S’il dit aujourd’hui n’avoir gardé aucun regret de cet épisode, l’ancien maire de Tours est tout de même conscient des avantages que cela aurait pu représenter. « Le fait de s’étendre à d’autres sports n’était absolument pas une politique du club, mais plus une opportunité du fait de la situation du club de Montpellier. Mais c’est vrai que créer un club omnisports, un peu comme font les Espagnols, aurait permis une structuration du club, un apport d’attractivité, de réputation. Les sportifs des différentes sections auraient pu s’apporter entre eux aussi ».
Malgré les avantages incontestables qu’auraient amenés ce type de collaboration, ce projet est à ce jour la dernière vraie tentative de créer « une marque OM » dans plusieurs sports. Une situation d’autant plus dommage que les clubs habitués à jouer les premiers rôles ne manquent pas à Marseille.
L’OM et l’omnisports, toujours d’actualité ?
On peut citer par exemple, Fos Provence Basket (Pro B), Provence Rugby (Pro D2), ou encore Pays d’Aix Université Club Handball (Starligue). À entendre le directeur général de ce dernier club, Michel Salomez, une collaboration pourrait bien être bénéfique pour les deux partis.
« Si l’OM veut venir discuter avec nous, bien sûr que l’on écouterait ! La porte est toujours ouverte. Pour nous, cela apporterait de la notoriété, des atouts financiers et de la fierté au sein du club. De l’autre côté, ils profiteraient de l’image très positive du handball, et pourraient piocher dans des valeurs très complémentaires entre les deux sports. »
Un contact avait d’ailleurs au lieu eu début de la dernière décennie, sans aller plus loin. En attendant, les deux clubs ont mis en place un partenariat pour permettre à leurs jeunes de découvrir les installations et de s’entraîner dans les complexes de l’autre équipe. En tout cas, le PAUC ne fera pas le premier pas. Par peur des concessions qu’il faudrait faire pour établir un partenariat plus important avec l’OM.
« Quand on est demandeur, les choses sont compliquées » concède Michel Salomez. Il comprend en tout cas que l’OM ne soit pas forcément intéressé par l’idée de s’étendre. « Il y a des groupes qui aiment se diversifier, et d’autres qui préfèrent se recentrer sur leur activité première, surtout quand les temps sont durs. En tout cas on collaborerait avec plaisir ! » Un discours qui fait écho chez son homologue de Fos Provence Basket. « Je ne suis pas sûr qu’une collaboration entre nos deux clubs apporte beaucoup ».