samedi 20 avril 2024

Bernard Tapie raconté par ceux qui l’ont tant aimé : « il m’avait libéré…»

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Après Raymond Goethals et Michel Hidalgo, Bernard Tapie s’en est allé à son tour le 3 octobre, diluant encore un peu plus le souvenir de ces années de gloire que personne n’a oubliées, surtout pas ceux qui les ont vécues à ses côtés. Joueurs, entraîneurs, journalistes ou supporteurs parlent de leur Tapie à eux.

Jean-Pierre Bernès : « Un jour, je serai maire de Marseille et toi président de l’OM… »

« Il est celui qui a ramené la fierté au peuple marseillais qui n’avait plus rien gagné depuis la Coupe de France en 1976, qui sortait de trois années de D2. On peut d’ailleurs comparer cet impact avec ce que provoqua l’arrivée de Marcel Leclerc dans les mêmes circonstances au début des années 70 et qui offrit un doublé et des stars internationales.

Avec Pape Diouf, qui aurait mérité de gagner quelque chose, ils furent les deux seuls présidents à comprendre vraiment le club, la ville, les Marseillais, les supporteurs. J’ai passé sept ans à ses côtés, c’est comme si j’avais travaillé quinze ans ailleurs, avec son exigence, son goût du travail et son ambition. J’avais 29 ans quand je l’ai rencontré, il m’a formé pour la vie. Juste avant l’affaire VAOM, il m’avait pris à part et m’avait dit : « Un jour, je serai maire de Marseille et toi président de l’OM… »  

Aujourd’hui agent de joueurs

Jean-Philippe Durand (milieu de terrain 1991-1997) : « Il était très fort dans les relations humaines ».

« Plus que le président qui s’exprimait dans les médias, pour nous, il était le manager, un vrai leader de groupe sans lequel on ne gagnait clairement pas cette Coupe d’Europe en 1993. Car c’est lui qui nous a transcendés, qui nous a persuadés qu’on pouvait y arriver et battre le grand Milan AC. Sa force de persuasion a été déterminante car elle nous a permis de dépasser nos limites.

Et, à bien des égards, cette équipe de 1993 lui ressemblait beaucoup. Après son départ du club, j’ai dû le croiser deux ou trois fois en trente ans car je n’avais pas d’affinités particulières avec lui quand j’étais joueur. En fait, je ne me suis jamais laissé aspirer par le personnage. J’ai toujours gardé du recul par rapport à l’homme, à la capacité qu’il avait de vous manipuler parfois.

Car c’était aussi le plus gros menteur de la terre ! Et en même temps un homme très brillant, intelligent, mais qui devait sentir que je portais sur lui un regard distancié. Il m’a quand même appris énormément de choses dans le management, le rapport aux autres. Il était très fort dans les relations humaines. »  

Aujourd’hui responsable du recrutement de l’Eintracht Francfort

Mourad Boudjelal : (homme d’affaires) : « Le plus fort de tous ! »

« Lorsqu’il était président, j’étais encore éditeur sur Toulon, et un grand supporteur de l’OM. Les derniers matches que j’ai pu voir au Vélodrome remontent à cette époque. Bernard Tapie était le plus fort de tous, trois ou quatre étages au-dessus de tout le monde.

Et bien au-delà du foot car, sans lui, je n’aurais certainement pas créé ma société d’édition. Dans les années 80, sa réussite m’a inspiré, m’a donné envie. Si lui a réussi, pourquoi pas moi ! Le goût d’entreprendre, c’est lui qui me l’a donné. »  

Aujourd’hui propriétaire du FC Hyères (N2)

Gaëtan Huard : « Il nous faisait monter aux arbres ! »  

« C’était un vrai patron, un président qui assumait son leadership et son ambition. Quand nous étions au déjeuner avant un match et qu’il entrait dans la pièce, on entendait même les plateaux des serveurs qui tremblaient. Il nous faisait monter aux arbres ! Il était un vrai 12ème homme. Ce type de président manque beaucoup au football français aujourd’hui. Avant qu’il annonce sa maladie, je l’avais croisé à Orly entre deux avions. Nous avions parlé une demi-heure de ce qu’était devenu le foot aujourd’hui… »  

Aujourd’hui entraîneur des gardiennes des Girondins de Bordeaux

Avi Assouly (journaliste Radio France) « Avec lui, impossible de s’ennuyer ! »

 « Tapie était un vrai phénomène qui ne laissait jamais personne indifférent et avec qui il était impossible de s’ennuyer. Il voulait tout gérer, était omniprésent jusque dans les vestiaires. Tapie, c’était beaucoup d’entre-gent, une énorme passion pour le foot et beaucoup d’impatience aussi dans sa quête de réussite. Il fallait toujours que ça aille vite et, aujourd’hui, avec un niveau de concurrence aussi élevé partout en Europe, il n’aurait peut-être pas eu la patience d’attendre. A l’époque, en récupérant les meilleurs joueurs français, avec deux ou trois étrangers de haut niveau, vous pouviez espérer être champion d’Europe rapidement. Ce n’est plus le cas, on le voit bien avec le PSG. »  

Aujourd’hui à la retraite après un mandat de député dans les Bouches-du-Rhône

Jean-Marc Ferreri (milieu de terrain 1992-1993 et 1994-1996) : « Il a été important pour l’OM et tout le foot français »

 « Il s’est battu jusqu’au bout et est resté fidèle à sa légende quelque part. Et chaque fois que je l’entendais s’exprimer pendant sa maladie, j’étais toujours aussi admiratif de sa détermination, de son parcours. Il a réussi tout ce qu’il a entrepris et a été évidemment important pour l’OM, mais aussi pour l’ensemble du football français. »  

Aujourd’hui consultant sur M6 et W9

Patrice Eyraud (milieu de terrain 1987-1989, 1991-1992) : « Il avait besoin d’être au coeur du truc »  

« A Marseille, quand je l’ai côtoyé, il était tout le temps avec nous, les joueurs, au coeur du truc. Il en avait besoin, c’était sa force car il parvenait à nous faire passer son ambition. Certains ont eu du mal à encaisser cette pression permanente, mais ceux qui y sont parvenus ont beaucoup progressé. De toutes façons, au-delà de tout, ses résultats parlent pour lui. »  

Aujourd’hui entraîneur sans club depuis son départ de Marignane

Yvon Le Roux : (défenseur central 1987-1989) : « Un grand président »

« Tapie était un grand président, un vrai meneur d’hommes qui n’avait pas peur de nous rentrer dedans quand ça n’allait pas, mais qui était aussi le premier à nous féliciter quand ça allait mieux. »  

Aujourd’hui membre du staff commercial du Stade Brestois

Jean-Pierre PAPIN (attaquant 1986-1992) : « Je l’aimais comme un père »

« Il fait évidemment partie de ceux sans lesquels je n’aurais pas fait une telle carrière. Je lui dois beaucoup et je l’ai toujours considéré un peu comme un second père, je l’aimais comme un père. Je me souviens de mon premier contact avec lui, au moment de signer à l’OM en 1986 alors que j’étais à Bruges.

C’était dans son bureau à Paris, j’avais 23 ans et j’étais très impressionné par la prestance du personnage. On ne pouvait pas imaginer à ce moment-là tout ce qui allait suivre, mais il était évident qu’il allait tout mettre en oeuvre pour réussir, qu’il se donnerait les moyens de ses ambitions. Et, au final, il est allé au bout de ses rêves. »  

Aujourd’hui entraîneur de Chartres en N2

Sonny Anderson (attaquant 1993-1994) : « En une discussion, il m’avait libéré »

« Je ne suis pas resté longtemps à Marseille, à un moment difficile de la vie du club, mais j’ai pu le côtoyer suffisamment souvent pour être impressionné par sa stature. Je me souviens de mon premier match à Martigues. On était dans le bus et Tapie était venu me voir pour me dire : « Sonny, tu viens ici pour devenir une star, donc tu as six mois pour ça et ne te mets pas la pression si ça ne marche pas tout de suite… »  

Mine de rien, il avait su trouver les bons mots pour me mettre en confiance. En une discussion, au bon moment, ça m’avait complètement libéré. »  

Aujourd’hui consultant sur BeIN Sports

TB

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