À 6 ans, il signait sa première licence à l’OM, à 19 ans son premier contrat pro, à 22 ans son premier but en Ligue 1. Lucas Perrin est devenu le symbole de la formation marseillaise, un Minot à la force tranquille… et à l’avenir encore incertain.
Johnny Ecker : « Lucas Perrin, on sent qu’il a faim »
« Il est revenu dans l’équipe en fin de championnat, certainement au bon moment alors que son avenir va se décider pour la saison prochaine. Après avoir joué pas mal dans le passé, il avait été un peu écarté parce que les places sont chères à l’OM. Il doit saisir cette opportunité de se montrer. Pour un minot qui a grandi au club, il sait qu’il est très difficile de s’imposer, mais il me semble très mature. On sent qu’il a faim. Il est bon sur l’homme, gagne beaucoup de duels même face à des attaquants plus expérimentés, c’est bon signe.
Maintenant, il doit faire preuve de régularité, être patient et avoir conscience de sa chance, celle de pouvoir jouer avec de bons joueurs, avec un entraîneur tel que Sampaoli. Forcément, dans ce contexte de très haut niveau d’exigence, s’il joue, il va progresser. Et, quoi qu’il advienne de son avenir, il sortira plus fort de cette expérience.
Avoir la confiance de ses coéquipiers, de son staff doit lui donner encore plus envie de s’arracher pour conserver sa place et montrer qu’il a le niveau. C’est mental. A terme, il peut devenir un exemple pour les jeunes qui montent parce que je suis persuadé que de plus en plus de joueurs formés à l’OM passeront pro à l’avenir.
Le club a pris la bonne direction dans ce domaine et ne peut, de toute façon, plus se permettre de négliger la formation. Il n’y a pas de raison que ce qui fonctionne ailleurs ne fonctionne pas à Marseille où il sera de plus en plus difficile d’acheter des stars à prix d’or. »
*Ancien défenseur de l’OM (2002-2005)
Robert Nazaretian : « Un défenseur comme on les aime ! »
« Avec Bouba (Kamara), c’est l’autre enfant du club. Mais il n’a pas les mêmes caractéristiques. Lucas est plus physique, dans un registre de défenseur un peu à l’ancienne comme on les aime, nous les anciens (rires) !
J’en parlais dernièrement avec les entraîneurs du centre de formation qui me disaient que Lucas avait une belle carte à jouer pour s’imposer dans son style : agressif, bon sur l’homme et dans les duels, très bon dans le jeu aérien, il l’a montré à Montpellier. Je sais que Di Meco l’aime beaucoup aussi justement parce qu’il a un vrai potentiel défensif, l’état d’esprit de celui qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.
Parce que sous ses airs de ne pas y toucher, sur le terrain, c’est un vrai diable ! Comme tous les jeunes qu’on a vu grandir, j’aimerais qu’il reste à l’OM évidemment. Mais le plus important pour lui, c’est qu’il joue le plus souvent possible. S’il peut faire ses 20 matches par saison chez nous, c’est parfait.
C’est mieux que d’être titulaire dans un club de seconde partie de tableau parce que ça équivaut à deux saisons ailleurs. Mais s’il devait s’en aller, être prêté, en dehors des top clubs comme Paris, Lille ou Monaco, il est capable de jouer partout.
Lucas Perrin, un joueur complet
Je ne lui vois pas de défenseurs supérieurs. Il n’a que 22 ans et je lui dis toujours que, pour s’imposer, il doit faire des actions d’éclat, des tacles, des interventions défensives comme il sait le faire.
Marquer son premier but a été important, mais se faire respecter, reconnaitre et marquer les esprits, ça doit l’aider à franchir un palier. Dans un milieu où l’image compte énormément, ça peut faire basculer un destin. Ce n’est pas un Mozer ou un Boli, mais un bon joueur de L1 qui peut faire une belle carrière. »
*Ancien défenseur de l’OM, vice-président de l’association OM
David Le Frapper : « Son caractère, c’est sa force »
« Lorsqu’il était en N2, il était déjà prêt pour le niveau pro, mais il manquait de régularité, de constance dans ses performances. Je le retrouve beaucoup plus mature cette saison, à l’image de son but face à Montpellier où j’avoue qu’il m’a donné des frissons ! Il a progressé énormément parce qu’il est à l’écoute, réceptif à tout ce qui peut lui permettre de continuer à grandir.
Aujourd’hui, il est excellent dans le jeu aérien et dans les duels parce qu’il est suffisamment agressif pour s’imposer. Comme il est techniquement très équilibré et sobre, son mental peut faire la différence. Son caractère, c’est sa force. Il a les pieds sur terre, il est très structuré et extrêmement lucide sur ses qualités.
Il n’en serait pas là sans ça, sans un entourage sain qui lui a permis de profiter pleinement de la chance de pouvoir s’entraîner avec de grands joueurs et de grands entraîneurs. Jouer à l’OM, ce n’est pas rien et ça doit lui permettre de continuer à progresser pour franchir un nouveau palier. »
*Ancien entraîneur de la réserve de l’OM (2016-2019)
Marc Libbra : « En le sortant à la mi-temps, Sampaoli l’a tué ! »
« Lucas a très peu joué cette saison et la précédente, il est donc difficile de se faire connaitre. Il vit un peu la situation de tous ceux qui sont issus du centre de formation, mais que le club a tant de mal à valoriser en Ligue 1, préférant souvent à tort aller chercher à l’étranger des jeunes qui ne sont pas toujours plus forts.
Par exemple, qu’a à envier Lucas Perrin à Leonardo Balerdi… sinon qu’il fait certainement moins de grosses fautes que lui ? Pourtant, à l’instar d’un Abergel, un autre Minot que l’OM n’a pas su promouvoir et qui est devenu depuis titulaire indiscutable à Lorient, Perrin aurait le potentiel pour s’installer dans la durée dans son club formateur.
Encore faut-il lui faire confiance et ne pas le cramer comme vient de le faire Sampaoli en le faisant sortir à la mitemps d’une de ses rares titularisations face à Lorient. Alors qu’il venait de marquer son premier but en L1 à Montpellier, Lucas avait la possibilité de gagner en maîtrise, d’affirmer sa position.
En le sacrifiant à la pause, Sampaoli lui a fait énormément de mal en le stigmatisant, comme s’il était fautif de la mauvaise première période de l’OM, alors que c’était le système de jeu qui n’était pas adapté. Faire ça à un jeune, c’est le tuer… Et forcément, au moment de choisir qui sacrifier, il est plus facile de choisir le Minot qu’un joueur recruté qui a coûté plusieurs millions.
A l’OM, vu son profil, il sera toujours dépendant des autres, s’il veut progresser et exploiter son incontestable potentiel, il devra partir comme d’autres avant lui. En tout cas, il a tout pour devenir une valeur sûre de L1. »
*Ancien joueur de l’OM (1988-1998)