La réflexion a souvent eu lieu durant ses années au FC Barcelone et même lors de son arrivée au PSG, lorsqu’il enflammait son côté sans parvenir à être décisif : S’il avait une meilleure finition, avec les occasions qu’il se crée, ce serait le meilleur joueur du monde… Maintenant, ce n’est plus une spéculation, c’est une affirmation en ce début d’année 2025.
Les performances et chiffres de Dembélé sont impressionnants. Le PSG a rarement atteint un tel niveau de maîtrise. Il reste à observer si Dembélé peut maintenir ce niveau ou au moins continuer à être le « serial buteur » de cette équipe. Le PSG en aura bien besoin pour continuer sa série d’invincibilité en championnat et réussir à battre Liverpool ou le Barça en huitième de finale de Ligue des Champions, après avoir pris un énorme avantage à l’aller des seizième de finale (0-3), en terre bretonne. La transformation du n°10 du PSG en 8 points.
Un rôle central et une prise de responsabilités
Bien que le projet privilégie l’équipe avant tout, Dembélé évolue aux côtés de joueurs très jeunes sur le front de l’attaque, comme Bradley Barcola (22 ans) ou Désiré Doué (19 ans). Dans l’ensemble, c’est une équipe extrêmement jeune (23,5 ans de moyenne d’âge), ce qui fait de lui le troisième joueur le plus âgé de l’équipe titulaire, derrière Fabian Ruiz (28 ans) et Marquinhos (30 ans). Tout cela le responsabilise davantage, alors que lors de ses années au Barça, il était peut-être moins concerné car il jouait aux côtés du génie Lionel Messi, ou l’année dernière au PSG, avec toutes les lumières braquées sur Mbappé. Aujourd’hui, il doit assumer son statut et prendre ses responsabilités. Il se procure 0,82 d’expected goals cette saison, alors que l’année dernière, avec la présence de Mbappé, il tournait à 0,27 par match. Lors de son aventure au FC Barcelone aux côtés de l’octuple Ballon d’or, il était à 0,31 par match.
L’affection pour la Ligue 1
On peut aussi relever que la Ligue 1 est un championnat qu’il affectionne. Bien que sa saison dernière ait été en demi-teinte, il était le dynamiteur de cette équipe tout en étant à la peine quand il s’agissait d’être décisif (6 buts, 12 passes décisives en 42 matchs). Sa meilleure saison statistique avant celle-ci restait ses débuts fracassants au Stade Rennais, avec 12 buts et 5 passes décisives en 27 matchs, un record de buts qu’il n’avait jamais dépassé en club jusqu’à cette saison 2024-2025.
Un repositionnement efficace dans l’axe
Il a mis fin au débat sur son positionnement et sur le fait qu’il devait y avoir un numéro neuf ou non au PSG. À la retombée des fulgurances des ailiers parisiens, notamment Barcola et Doué (et sûrement bientôt aussi Kvaratskhelia), il se mue totalement dans le rôle d’un finisseur avec 15 buts sur les 8 derniers matchs auxquels il a pris part. Bien qu’il ait déjà occupé des postes plus libres sur le front de l’attaque en l’absence de certains cadres offensifs lors de son passage en Catalogne, cette liberté et ce poste de neuf et demi ne lui ont jamais aussi bien correspondu que sous Enrique, avec des joueurs aussi actifs autour de lui. C’est la première saison que Dembélé tente autant sa chance, avec environ 5 tirs (dont 2 cadrés) par match. Cette augmentation lui permet de tourner à 23 buts toutes compétitions confondues en 28 matchs. De loin son record à ce stade d’une saison.
L’âge de la maturité
On sait que le football va vite maintenant et que les joueurs très jeunes mais performants deviennent vite responsabilisés. Mais cela n’a jamais vraiment été le cas de Dembélé. Peut-être avait-il besoin de plus de temps pour atteindre son prime et se révéler complètement, à l’image d’un Vinicius qui ratait énormément d’occasions jeune avant d’avoir un déclic et de devenir l’un des meilleurs joueurs du monde. Bien que l’éclosion soit arrivée bien plus tôt pour le Brésilien, le processus de Dembélé pour exploiter son plein potentiel est peut-être simplement plus long que les standards actuels. Benzema est aussi un bon exemple d’un attaquant qui n’a cessé de progresser et qui a réalisé ses meilleures saisons dans la trentaine, après le départ de Cristiano Ronaldo. Dembélé, qui a joué avec Messi et l’année dernière avec Mbappé, se retrouve maintenant avec une équipe de niveau très homogène, et c’est peut-être cet ensemble de raisons qui explique ses performances.
Un collectif à son service
Quand on pose la question au coach espagnol sur la forme incroyable de Dembélé, il parle le plus souvent de l’équipe et peu du joueur. C’est un peu la même chose pour Dembélé : quand on lui demande la part de responsabilité du coach sur sa réussite, il évoque surtout le service incroyable de ses coéquipiers et sa bonne position pour pouvoir conclure les actions : « On me sert très très bien, y’a des buts que j’ai mis où j’ai pu qu’à la pousser au fond, ou Bradley et Désiré ont fait tout le travail ».
Une relation dure avec Luis Enrique
On se souvient de ce match de phase de ligue face à Arsenal, en octobre, où le technicien espagnol avait décidé de ne pas le convoquer dans le groupe pour des raisons disciplinaires. Des échanges musclés avaient été rapportés entre le joueur et le coach, qui lui reprochait notamment ses mauvais choix dans la zone de vérité et son manque de finition. Luis Enrique est toujours très dur à analyser et reste un obsessionnel du collectif, ce qui ne laisse pas beaucoup de place pour les éloges individuelles. Ramenant depuis plusieurs matchs les performances de Dembélé au collectif, mais après la victoire contre Brest (0-3), le coach espagnol a tout de même commenté : « Il faudrait lui demander ce qu’il a mangé à Noël, je jouais à la Playstation quand j’étais petit et c’était le genre de joueur qu’on aimait prendre. Il était déjà bon la saison dernière et il est encore meilleur, il a un comportement irréprochable ». Les résultats et la forme actuelle attendrissent évidemment les relations, mais il ne faut pas oublier que leur relation a longtemps été sur un fil et que le coach a dû être très dur pour tirer le meilleur de l’international français.
Moins de dribbles, plus de buts
Marquer autant ou dribbler, il faut choisir, Dembélé semble avoir tranché, bien qu’il reste un dribbleur hors pair, il est actuellement sur le deuxième plus faible pourcentage de dribbles par saison en carrière. Et c’est de même pour les percées vers l’avant : la saison dernière, Ousmane Dembélé réalisait 9,27 conduites de balle progressives vers l’avant d’au moins 10 mètres ; il en réalise cette année 7 par match, ce qui s’explique par son repositionnement dans l’axe. Mais la baisse de ces différentes statistiques lui permet d’en augmenter d’autres, comme son nombre de buts, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’il est davantage frais pour se retrouver à la conclusion des actions. Il explique au micro de Canal+ Foot, après son doublé lors du match aller de Ligue des Champions face à Brest : « Je suis positionné un peu plus au poste de numéro 9, dans l’axe. J’ai moins de courses à faire, je suis un peu plus lucide devant le but ».
La confiance, moteur des buteurs
On le sait : pour les joueurs offensifs, la confiance du coach est essentielle. Dembélé a pleinement confiance en son équipe et en son football, et maintenant son coach a confiance en lui. Les débuts de Kolo Muani à la Juventus (5 buts en 4 matchs) illustrent que la confiance est primordiale pour un buteur. Dembélé est en pleine bourre et pourrait faire tomber de nombreux records. Parmi les joueurs français, il se place à la troisième position des plus longues séries de buts consécutifs toutes compétitions confondues (8 buts, à égalité avec Mbappé) tandis que Lacazette (9 buts consécutifs) et Thierry Henry (10 buts) dominent ce classement.