Depuis Tapie, jamais aucun autre dirigeant n’avait semblé aussi à l’aise dans l’art toujours délicat du recrutement. En attendant que se confirment ses choix estivaux, le profil des néo-Marseillais accrédite cette thèse et fait de Pablo Longoria la véritable plaque tournante d’un club qui a remis le football au coeur de ses priorités. Il était temps.
L’aveu est d’un agent bien implanté sur la place parisienne, qui a déjà eu affaire avec le président de l’OM, mais sans jamais parvenir encore à signer un de ses joueurs.
« Il est certainement, de tous les présidents de L1, celui qui connait le mieux la réalité du marché. Financièrement, mais aussi et surtout sportivement. Dès que vous lui parlez d’un joueur, il percute tout de suite. Soit il le connait déjà sur le bout des doigts, soit il passe un coup de fil à un de ses contacts qui l’a déjà supervisé. Ça change de quelques-uns de ses prédécesseurs qui n’y connaissaient rien et se laissaient influencer par des agents ou des relais médiatiques. Avec eux, le dernier qui parlait avait souvent raison, surtout en fin de Mercato quand la pression des supporteurs se faisait sentir. »
La quête du meilleur jour pour l’OM
Avec le jeune président de 35 ans, l’OM n’a pas attendu les derniers jours de la période officielle pour faire des affaires. La preuve que tout avait été anticipé en amont et que, dans le sillage de la nouvelle cellule de recrutement, un énorme boulot a été fait depuis sa prise de fonctions en février dernier, boulot déjà entamé lors de son arrivée en août 2020 avec la casquette de directeur sportif.
Contrairement à un Zubizaretta ou à un Anigo, ses deux principaux prédécesseurs au rôle si ingrat de responsable du recrutement, et malgré son jeune âge, Longoria ne partait pas d’une feuille blanche. Face au réseau limité des deux premiers, l’Espagnol n’a eu qu’à s’appuyer sur tout le travail de dégraissage effectué pour ses anciens clubs, Newcastle, Bergame, Recreativo Huelva, Sassuolo, la Juventus ou Valence, dans trois championnats différents, arpentés depuis plus de dix ans, pour alimenter l’effectif olympien.
Le profil d’un Longoria, qui a toujours été guidé par la même passion du football, de la quête du meilleur joueur possible, tranche évidemment avec celui des Jacques-Henri Eyraud, ou Vincent Labrune, de Jean-Claude Dassier ou Christophe Bouchet, des présidents de circonstances, plus opportunistes que légitimes pour entretenir une passion qu’ils n’ont jamais eue, du foot et de l’OM.
Longoria Président de l’OM, c’est remettre le foot au milieu du village
On peut tout reprocher à McCourt, sa méconnaissance du microcosme marseillais, du soccer « made in France », mais surtout pas de ne pas donner sa chance à un jeune dont il a senti tout le potentiel.
L’Américain est pragmatique. Depuis qu’il est arrivé à la tête de l’OM, il a vu que le nerf de la guerre tournait autour des transferts. Face au bilan catastrophique du duo Eyraud-Zubizarreta, il a senti chez Longoria une expertise qui méritait plus qu’un simple rôle de directeur sportif.
C’est donc sans a priori ni aucun scrupule qu’il l’a promu à la présidence quand bien même il n’en avait pas forcément le profil. Une manière de remettre le sportif au coeur du club ? « McCourt a effectivement déclaré ça, nous dit l’ancien entraîneur nantais Raynald Denoueix, mais généralement quand un président français dit ça, ce n’est jamais bon signe. Là, ça a débouché sur la nomination d’un président qui vient du sérail et qui a une grosse expérience du terrain. »
Après s’être beaucoup éparpillé avec Eyraud, l’OM revient aux fondamentaux : le foot, la passion et la recherche des meilleurs joueurs pour les perpétuer. Des joueurs et d’un coach.
« On pense ce qu’on veut du personnage, mais Sampaoli incarne tout ça, poursuit l’ancien coach de la Real Sociedad. Un peu comme Bielsa, il n’a pas l’habitude de faire des concessions. Ça met le curseur assez haut mais, pour un club comme l’om, où l’extra-sportif supplante souvent le sportif, le message est intéressant qui remet le jeu au centre des débats. »
50 millions d’euros et Longoria a fait des miracles
Adepte du circuit court, McCourt a payé pour apprendre qu’en matière de transferts, plus il y avait d’intermédiaires, plus le dossier était difficile. Avec le seul Longoria comme interlocuteur, les résultats ne se sont pas faits attendre. Après une période d’intégration pour un Mercato estival 2020 où il eut peu d’influence, c’est bien Longoria qui apporta du sang neuf à un effectif qui en manquait cruellement avec Milik et Lirola comme têtes d’affiche hivernale.
Ce n’était qu’un préambule à sa première vraie campagne pour les arrivées de Pau Lopez, Luan Peres, Saliba, Gerson, Guendouzi, de la Fuente, ünder ou l’attaquant du Real Pedro Ruiz Delgado (19 ans) qui a été prêté au club néerlandais de NEC Nimègue. Sans compter la prolongation de Lirola après celle de Balerdi, rarement dans son histoire récente l’OM avait pu se renforcer autant pour seulement 50 M€…
L’art du recrutement est aussi celui des prêts que maîtrise à la perfection un président-recruteur qui n’a pas oublié, au passage, de satisfaire l’entraîneur qu’il est allé chercher, puisque toutes les transactions ont été validées par Sampaoli…
Et McCourt. Et si l’OM avait enfin trouvé son trio gagnant avec un entraîneur argentin qui entraîne, un propriétaire américain qui paye et un président espagnol qui recrute ? Si la réussite était au bout du chemin, voilà un attelage improbable qui confirmerait pour longtemps encore la dimension atypique d’un club vraiment pas comme les autres.
La révolution du Mercato marseillais, c’est Longoria. La méthode du Président de l’OM dans le Foot Marseille.