Si Djokovic et Alcaraz vont s’affronter dans une finale de rêve aux Jeux olympiques de Paris 2024, le tennis a souvent eu une histoire olympique contrariée. Certains ne comprenant même pas sa présence dans la compétition. Mais les défenseurs de la cause sont là aussi…
Pour la septième fois de leur carrière, Alcaraz et Djokovic croisent le fer. Mais cette fois, c’est en finale des Jeux olympiques. Ils en sont à trois victoires chacun. Le 14 juillet, date de leur dernier affrontement, à Wimbledon, l’Espagnol a laminé le Serbe. Une vraie promenade sur le gazon londonien (6/2, 6/2, 7/6). Une affiche digne d’une finale de Grand Chelem se profile désormais. Les plus acides estiment toutefois que de voir du tennis sur des Jeux olympiques est une hérésie. Qu’aucun point ATP n’est attribué et donc que le tennis n’a pas sa place. Ils ajoutent l’argument que pendant la campagne olympique le tournoi masculin et féminin de Washington se dispute…
«Je n’ai jamais ressenti quelque chose de plus intense qu’à Sydney… » Arnaud Di Pasquale
Pourtant Djokovic et ses 24 titres du Grand Chelem a prévenu, il va « rentrer sur le court pour l’or » après sa victoire contre Musetti (6/4, 6/2), et ce pour tenter de décrocher le seul titre qui manque à sa carrière. L’ogre Iga Swiatek a qualifié sa défaite en demi-finales contre Zheng (6/2, 7/5) comme « l’une des pires défaites de sa carrière-la tension et le stress que j’ai ressenti toute la semaine, je n’ai rien vécu de tel même en Grand Chelem, car je ne jouais pas seulement pour moi », déclara la Polonaise, à peine soulagée par sa médaille de bronze décrochée. Eliminé en simple par Djokovic (6/1, 6/4) et en double avec Carlos Alcaraz contre les Américains Krajicek et Ram (6/2, 6/4), Nadal avait pourtant fait de ces Jeux de Paris 2024, un grand objectif de sa saison : « Je me sens tellement chanceux d’avoir remporté une médaille d’or en simple (à Pékin en 2008, Ndlr) car c’est l’épreuve la dure à remporter » a même admis le Majorquin. Preuve en est que ce rêve olympique compte quand même beaucoup pour ces icônes de la petite balle jaune, pourtant habituées à enchaîner les tournois de semaine en semaine. Chez les hommes de grands champions se sont imposés dans l’épreuve depuis 1988 : Mecir (1988), Rosset (1992), Agassi (1996), Kafelnikov (2000), Massu (2004), Nadal (2008), Murray (2012 et 2016), et Zverev à Tokyo. Chez les femmes Graf (1988), Capriati (1992), Davenport (1996), Venus Williams (2000), Justine Henin (2004), Dementieva (2008), Serena Williams (2012).
Monica Puig a aussi marqué l’histoire à jamais à Rio en 2016. Alors qu’elle n’avait pas de références colossales sur le circuit jusque-là, à 22 ans, elle est devenue la première championne olympique de l’histoire de son pays (Porto Rico), tous sports et tous sexes confondus. En 2022 elle mettra un terme à sa carrière faisant davantage parler d’elle par ses blessures que par ses résultats. A Tokyo Bencic s’est, elle, imposée.
Présent lors des premiers Jeux modernes à Athènes en 1896, le tennis olympique a ensuite traversé des périodes contrastées. Voire d’apparitions en démonstration à Mexico en 1968 et à Los Angéles en 1984. Et même de vide pendant cinquante ans. Arnaud Di Pasquale est le dernier Français médaillé aux Jeux olympiques (bronze en 2000). Il rembobine avec recul : « C’est le plus beau et grand moment de ma carrière. En termes d’émotions, je n’ai jamais ressenti quelque chose de plus intense qu’à Sydney. Il y avait du beau monde. Ma victoire contre Federer lors de la petite finale (7/6, 6/7, 6/3) a été une libération. Tu joues pour ton pays, pour ton drapeau. C’est si singulier. Il y a une dimension tellement plus forte que quand tu joues pour toi sur n’importe quel autre tournoi du monde. Je l’ai ressenti tellement fortement ! Après la question que je me pose est que ceux qui gagnent des Grands Chelems ont peut-être du mal à choisir. Mais quand on voit un Zverev s’imposer comme il l’a fait à Tokyo, lui qui a tellement gagné par ailleurs, ce moment reste de loin sa plus belle émotion ».
Le tennis a-t-il sa place aux Jeux ?
Et ne parlez pas au consultant d’Eurosport d’une place illégitime du tennis aux Jeux olympiques : « Pour le tennis aussi, la rareté créé la valeur des Jeux olympiques. C’est tous les quatre ans. Tu ne sais pas si tu peux participer à l’édition suivante pour cause de blessure ou une autre. Des Grands Chelems il y en a quatre par an. Si tu en manques un, tu peux rejouer celui d’après. Ce n’est pas la même chose ».
Et l’ancien 39ème mondial en avril 2000, d’illustrer : « Si on voulait dans l’absolu enlever les sports professionnels estimant qu’ils n’ont pas leur place aux Jeux olympiques, dans ce cas il faudrait le faire avec bien d’autres.Tout cela a bien évolué. On tend à donner la place vers un maximum de sports. Certes le tennis a eu une histoire olympique un peu contrariée. Mais quand on voit « Djoko » qui veut vraiment sa médaille d’or, lui qui ne l’a jamais eue…Quand on repense aussi aux pleurs de Federer pour des médailles, ou Nadal qui a voulu chercher à ramener des médailles d’or en double et en simple, on ne peut pas dire que les joueurs ne jouent pas le jeu. Après il y en a toujours un ou deux qui se désistent. Mais c’est aussi le lot en Coupe Davis. On rentre là dans un cadre différent. C’est la motivation de chacun. Avec une finale Alcaraz/Djokovic, on se dit quand même que tout le monde la veut cette médaille d’or plus que tout (sourire) ». Bref, le tennis aux Jeux, c’est pas mieux ni moins bien. C’est juste différent.