Le natif de Pointe-à-Pitre de 35 ans a l’occasion de marquer pour toujours l’histoire du judo et même du sport en allant décrocher un troisième sacre olympique individuel…
Teddy Riner a été un des deux derniers relayeurs de la flamme olympique avec Marie-José Pérec. Le Guadeloupéen est aussi forcément un des compétiteurs français les plus attendus sur ces JO 2024. Ce judoka icônique, déjà détenteur de onze titres de champion du monde, et de cinq médailles olympiques (dont deux en or en individuel, à Londres en 2012 et à Rio en 2016), va tenter de rentrer encore un peu plus dans l’histoire.
Vendredi 2 août Riner part en mission. En quête d’un troisième couronnement olympique en individuel dans la catégorie des +100 kg. Incensé ! Riner va arriver à l’Arena du Champ-de-Mars gonflé de confiance. Exempté de premier tour, il va lui falloir toutefois se démener. La forte concurrence va tout mettre en œuvre pour le terrasser.
Frédéric Lecanu, consultant Eurosport, confirme : « Il va y avoir une sacrée opposition. Il y avait un Dark Vador dans la catégorie. Le Russe (Inal Tasoev, Ndlr) ne sera pas présent pour les raisons politiques que l’on connaît. Cela enlève de la liste un adversaire redoutable. Mais pas totalement la dangerosité des adversaires restants. Le tableau on le connaît désormais. En quarts-de-finale il va y avoir le Géorgien Tushishvili. C’est un gros morceau. Ensuite Teddy pourrait se frotter à Yusupov ou Rakhimov. Si Yusupov passe, ce sera un nouveau gros morceau. En finale, Teddy pourrait alors retrouver soit le Sud-coréen Kim, champion du monde en titre, soit Saito pour une finale franco-japonaise d’anthologie. A mon sens, Teddy sera champion olympique. En plus le fait qu’il allume la vasque, il rentre dans une autre dimension. On a constaté avec Gaba (médaille d’argent en -73kg), que c’est un garçon qui produit un bon judo. Il n’avait jamais réussi jusque-là à passer le cap des grands rendez-vous. Il a finalement été monstrueux et s’est sublimé. Avec le public qui va pousser, Teddy sait tout cela. Il a une journée à faire. Il les a déjà tous battus. A moins d’une surprise, d’un état de jeu, d’un mouvement dans le temps…Il est prêt. Il s’est préparé ». Pour se donner un maximum de chances, « Teddy winner » (son surnom), déjà médaillé de bronze à Pékin en 2008 pour ses premiers JO, n’a pas hésité à changer d’entraîneur tout récemment.
« La journée d’une vie, d’une discipline, d’une histoire et de tellement de choses…»
Christian Chaumont prenant la place de Franck Chambilly, son entraîneur depuis plus de 20 ans ! : « Teddy Riner c’est une remise en question permanente, illustre encore Lecanu. La performance, c’est l’instabilité qui te fait tendre vers le meilleur. Il a pris probablement cette décision pour sortir d’une certaine zone de confort, pour se surprendre encore. Avec une telle longévité, il essaie tout pour arriver au taquet ».
Avec cette éventualité d’une nouvelle médaille d’or olympique en individuel autour du cou, qui plus est à Paris, à 35 ans, Riner deviendrait-il le GOAT ? : « Oui car il lui manque une troisième médaille d’or pour être au même niveau que Nomura, enchaîne l’ancien champion de France des +100kg en 2005. Si sa carrière devait s’arrêter aujourd’hui, il dirait qu’il est triple champion olympique. Mais avec cette remarque qui reviendrait que cette troisième médaille est en équipe. Alors que Nomura l’a été en individuel et dans la catégorie des moins de 60 kg. Si Teddy Riner accomplissait pareil exploit ce serait le record de base. Et s’il venait à doubler cela par une médaille d’or olympique par équipe, avant d’être rattrapé cela prendrait du temps ! Cela ne serait pas demain… ».
Un vendredi 2 août donc à marquer pour l’histoire et l’éternité : « C’est la journée d’une vie, d’une discipline, d’une histoire et de tellement de choses, achève Lecanu. J’ai eu l’immense privilège de l’avoir rencontré. J’étais remplaçant aux Jeux en 2004 (à Athènes, Ndlr). Vingt ans plus tard, tu te dis j’ai vu ce gamin arriver et il allume la flamme. Il n’y a pas plus grand en termes de symbole. S’il réalisait le doublé il n’y aurait pas plus grand. On pensait cela de David (Douillet, Ndlr) aussi. J’ai vécu cela à Sydney (en 2000, Ndlr) avec lui. Je me disais on ne verra rien d’aussi grand. C’est ce qui est incroyable avec l’être humain. Tout est toujours possible ». Certes, mais avec des êtres d’exception.
Ce 2 août, la France va croiser les doigts pour Riner. Retenir son souffle pour que sa journée soit la plus longue possible. Avant de retourner sur les tatamis dès le lendemain pour essayer de conserver le titre olympique dans l’épreuve par équipes mixtes. Sur ce qui pourraient être ses derniers Jeux olympiques, quels fantastiques apothéose et clap de fin ce serait pour le titan Riner !
