Champion olympique à Tokyo en 2021, Earvin Ngapeth vise un second titre, cette fois-ci à domicile. À 33 ans, « Magic Earvin » est considéré comme l’un des meilleurs volleyeurs du monde. Le Français exprime sa personnalité haute en couleurs tant sur un terrain qu’avec un micro.
1,94 m de talent. Fils de l’ancien international camerounais puis français (220 sélections dans les années 80) Éric Ngapeth, Earvin a baigné dans le milieu du volley-ball dès son plus jeune âge. Né à Saint-Rafael dans le Var, Earvin s’est pourtant longtemps imaginé footballeur. D’ailleurs, il a joué avec Layvin Kurzawa à Fréjus.
Un prénom en hommage à Earvin « Magic » Johnson
Ayant un père reconverti en entraîneur, il déménage à Poitiers. C’est un stage multisports d’été qui le met sur la route du volley-ball avec son frère Swan. Habitué à traîner dans les salles depuis le plus jeune âge, il est déjà très habile avec un ballon dans les mains. L’évidence s’impose, il est fait pour faire du volleyball. Prénommé en hommage au basketteur américain Earvin « Magic » Johnson dont son père est fan, Earvin cherche sans cesse à faire la différence sur le terrain grâce à son originalité.
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Capable de réaliser des gestes techniques inattendus, il combine une puissance redoutable à une finesse rare. Que ce soit par ses réceptions acrobatiques, ses smashs foudroyants ou ses services dévastateurs, Earving marque de son empreinte chaque match.
Démonstratif sur un terrain de volley, il apprécie avant tout d’inventer des gestes décisifs sur le terrain. Il est notamment connu pour sa « spéciale », le smash renversé, dos au filet. D’ailleurs, c’est avec ce coup claqué en finale du Championnat d’Europe 2015 sur la balle de match que la France remporte le titre. Earvin Ngapeth a su s’imposer comme une figure incontournable du volley-ball mondial grâce à ses performances époustouflantes, son style de jeu unique et sa personnalité flamboyante.
Il découvre le monde professionnel à 17 ans
En 2008, Earvin découvre à seulement 17 ans le monde professionnel du volleyball à Tours. Avec son père comme entraîneur, il gagne son premier trophée, la Coupe de France, dès sa première saison. Au total, ensemble, père et fils remportent trois Coupes nationales consécutives en 2009, 2010 et 2011, ainsi que deux titres de champions de France (2010-2011).
Après un début de carrière plus que prometteur, Ngapeth s’exile pour une première expérience à l’étranger, à Cuneo, dans le Piémont. Il parvient à se hisser jusqu’en finale de la Ligue des champions en 2013, perdue contre les Russes du Lokomotiv Novosibirsk.
Earvin a su se forger une belle réputation en Italie. Fort de cette expérience, il rejoint son père, entraîneur en Russie, à Kemerovo. Rentré en France assister à la naissance de son fils Mathys, il quitte le club russe au bout de quatre mois. Le 12 février 2014, jour de son anniversaire, Earvin signe un contrat avec le club de Pallavolo Modène.
Sur cette terre de volley, il se positionne parmi les meilleurs du monde. Sa carrière prend un nouveau tournant. En 2015, le Français remporte la Coupe d’Italie. L’année suivante, il obtient le titre de champion d’Italie. Après quatre saisons passées en Italie, le réceptionneur-attaquant retourne en Russie. Là-bas, le Français a la lourde tâche de succéder à Wilfredo Leon, meilleur joueur du monde, dans ce qui est alors considéré comme le plus grand club du monde (4 fois champion d’Europe et 15, titres de champion de Russie). En avril 2021, après trois années russes, Earvin Ngapeth est de retour à Modène dans l’espoir de conquérir la Ligue des champions. Un titre qui lui échappe.
Earvin Ngapeth est aussi rappeur
Quand il ne joue pas au volley, Ngapeth file directement au studio d’enregistrement pour s’adonner à son autre passion, le rap. C’est à l’âge de 12 ans que le hip-hop entre dans sa vie et n’en sortira plus. Avec trois amis, il forme Outlaw. Ils donnent alors des concerts à Poitiers, au Carré bleu, une salle de concert des Couronneries. À l’époque, son surnom est «Klima», par rapport à ses « humeurs changeantes ». Sa mère Christine confie à de nombreux médias l’importance de cette passion pour son fils. « Je me souviens qu’il avait écrit très jeune un morceau bouleversant après la noyade d’un ami breton en marge d’un tournoi scolaire. » De nombreux cahiers ont été griffonnés.
En 2015, il sort le titre Team Yavbou (le surnom des Bleus depuis une victoire contre le Brésil en 2013) en soutien à l’équipe de France. Pour lui, allier le rap et le volley est naturel. « Le rap me prend facilement 3 heures par jour. » « Et pourquoi pas faire une carrière dans la musique [après le volley] ? », se demande-t-il dans une interview avec la radio Mouv’. Alors qu’il évoluait à Kazan, en Russie, Earvin sort l’opus MAИIERE. La musique lui permet surtout de s’exprimer en dehors du terrain, comme une sorte d’échappatoire. Sur Instagram, il confie : « Quand j’ai commencé la musique, c’était vraiment parce que j’étais à la recherche de liberté. » Maintenant, j’ai un nom, je suis reconnu de tous. « Si je continue la musique, c’est pour m’exprimer, mais surtout pour impacter positivement mon environnement, ma ville, mon pays, l’Afrique, le monde. »
Le sang chaud, il a des déboires avec la justice
Ayant un fort caractère impulsif et parfois excessif, à l’image d’une altercation avec le sélectionneur de l’équipe de France en 2010, Earvin Ngapeth a beaucoup fait parler de lui en dehors des terrains. Tout commence en décembre 2014 lorsque le volleyeur est condamné à trois mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Montpellier pour une rixe en discothèque. En 2015, Earvin Ngapeth écope d’une amende de 3000 euros après avoir frappé un contrôleur de la SNCF. Plus grave encore, en novembre de la même année, en rentrant d’un match de Ligue des champions, alors qu’il roule dans sa voiture à Modène, il renverse trois piétons.
Malgré un délit de fuite, le Français assume toute la responsabilité de l’accident en se présentant de lui-même à la justice. Il sera condamné à un an de prison avec sursis pour avoir pris la fuite. Deux ans plus tard, il reçoit une suspension de permis pour conduite en état d’ivresse en sortant d’une boîte de nuit. En 2019, Earvin Ngapeth est arrêté par la police brésilienne pour harcèlement sexuel, à la suite d’un geste qu’il qualifie de « malentendu ». Des déboires judiciaires qui n’ont cependant pas influencé la carrière du volleyeur. Depuis, Earvin s’est assagi en devenant papa.
Arrivé en équipe de France, à seulement 19 ans, Earvin s’impose rapidement comme l’un des piliers de la sélection nationale, apportant sa créativité. Depuis 2010, il accumule les titres internationaux en étant notamment double vainqueur de la ligue des Nations (2017 et 2022). Après un titre de champions d’Europe 2015 et l’or de Tokyo, Earvin Ngapeth tentera de mener ses coéquipiers vers un nouveau sacre olympique, samedi à 13h face à la Pologne.
Pauline ANDRIEU