dimanche 3 novembre 2024

Paris et la Ligue des champions, une magie à prolonger

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Par ordre d’apparition en Ligue des Champions, c’est face au Bayern… à Bucarest, Chelsea, Barcelone, Liverpool et Bergame, une sorte de top 6 royal, que le PSG d’hier et d’aujourd’hui a construit sa légende européenne. Pour le meilleur, que Le Foot Paris vous propose de revivre ici, et parfois pour le pire, dans un équilibre fragile qui nous a souvent faire passer du rire aux larmes. Et inversement.

1994/1995, face au Bayern le missile de Weah

Au-delà de la finale de Lisbonne en 2020, des cinq face à face avec le Bayern Munich, c’est certainement le premier (5ème journée du groupe B, 1994/1995) justement parce qu’il était le premier et permettait au PSG d’entrer dans la cour des grands pour sa première participation aux phases de groupes de la C1, qui eut le plus d’impact.

Déjà impressionnante à l’aller, gagné 2-0 (buts de Weah et Bravo), le retour au stade Olympique symbolisait la maîtrise collective d’une équipe qui allait faire un sans faute : six matches, six victoires.

Plus que les succès face au Spartak Moscou et au Dynamo Kiev, les deux victoires face au Bayern de Trapattoni, où évoluaient encore Papin et Matthäus, offrirent une reconnaissance européenne toute neuve aux hommes de Luis Fernandez. Déjà qualifié, le PSG visait la 1ère place du groupe et allait l’assurer grâce à un bijou de George Weah.

Après avoir éliminé trois joueurs, le futur Ballon d’Or envoyait un missile dans la lucarne d’Oliver Kahn. Après avoir sorti le Barça de Cruyff, l’aventure s’arrêterait en demi-finale face au Milan AC. A bien des égards, cette campagne européenne 1994/1995, la deuxième de l’histoire du club en C1, fut fondatrice.

1997/1998, face au Steaua Bucarest une formalité historique

Ce n’était qu’un tour préliminaire, ce ne devait être qu’une formalité. Pour le double finaliste de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe se déplacer en Roumanie au coeur de l’été 1997 n’avait rien de très excitant.

Pour le retour du club en Ligue des Champions, c’était un passage obligé par Bucarest pour un match aller que les joueurs de Ricardo ont longtemps maîtrisé, menant 1-0 puis 2-1, avant de céder dans les dernières minutes (2-3), mais pas dans d’inquiétantes proportions. Le but de retard à combler au retour ne semblait pas un obstacle infranchissable… jusqu’à ce qu’il fasse des petits et se transforme en défaite sur tapis vert 0-3 !

Par la faute d’un fax qu’aurait égaré Guy Adam, l’intendant, le PSG avait aligné Laurent Fournier à Bucarest alors qu’il était suspendu. La boulette administrative obligeait les coéquipiers de Rai à se lancer à l’assaut d’une remontada jamais réalisée par le club à ce niveau.

Dans un Parc incandescent et chauffé à blanc par la perspective de l’exploit, les Brésiliens allaient prendre les choses en main. A la demi-heure de jeu, deux buts de Rai, un de Leonardo remettaient les pendules à l’heure.

L’actuel directeur sportif du club offrait même un quatrième but à Maurice avant la pause. Dans l’euphorie générale, le risque était quand même là. Un seul but suffisait aux Roumains pour se qualifier. Deux après que Rai réalise le hat-trick. La messe était dite. Trois buts de Rai, quatre passes décisives de Leonardo… le Parc pouvait danser la Samba, il venait de vivre une des plus belles soirées européennes de son histoire.

2015/2016, face à Chelsea quand Thiago Silva fait une « Kombouaré »

Avant les Blaugranas, ce sont face aux Blues, à quatre reprises, que les Parisiens ont pu s’aguerrir, d’abord regretter leur incapacité à bien gérer le money-time, quand Ba crucifiait Sirigu à Stamford Bridge à trois minutes du coup de sifflet final. En 2014, en quart de finale, le but venu d’ailleurs de Pastore qui offrait le 3-1 dans le temps additionnel, à l’issue du match aller, n’avait pas suffi face au réalisme du Chelsea de Mourinho. Mais

Laurent Blanc retenait la leçon… et la revanche n’en fut que meilleure un an après en huitième de finale quand le 1-1 de l’aller, au Parc, rendait la qualification bien incertaine. Encore davantage quand Ibra se faisait expulser au début du match retour.

Là encore, tout allait se jouer au finish. Au but de Cahill à la 81ème répondait David Luiz dans la foulée (86ème) pour une prolongation irrespirable où le penalty transformé par Hazard (96ème) obligeait le PSG à égaliser pour se qualifier. Dix ans après le coup de tête légendaire de Kombouaré en Coupe UEFA face au Real au Parc, c’est Thiago Silva qui s’élevait plus haut que tout le monde à la 114ème pour, de la tête, lober Courtois et s’offrir un authentique exploit.

À 10 contre 11, face à un Chelsea aussi costaud, ce PSG avait fait preuve d’une maîtrise remarquable. Ce Chelsea-PSG est à ranger au panthéon des matches européens du club de la Capitale. « On a montré qu’on était une grande équipe, se félicitait Verratti après la rencontre, en montrant que malgré l’expulsion de Zlatan, nous avions encore plus envie de nous qualifier ! »  Un an après, la qualification au même stade de l’épreuve n’en serait que plus facile (2-1 et 2-1). Le PSG avait récupéré la clé.

1995, 2017 et 2021, face au Barça de Cruyff et Messi au tapis !

En Ligue des Champions, aucune autre équipe davantage que le Barça n’a croisé la route du PSG. Les deux meilleurs ennemis du foot européen ont douze confrontations à leur actif… dont trois (remontada mise à part !) qui correspondent à ce que le PSG a pu produire de mieux à ce niveau dans toute son histoire.

La première remonte à 1994, en quart de finale, lorsque l’armada catalane de Johan Cruyff déboule au Parc avec l’obligation d’effacer l’égalisation de Weah pour le 1-1 du match aller. Koeman, Stoitchkov, Bakero, Hagi ou Guardiola ne purent rien face à la dynamique parisienne.

C’est pourtant Bakero qui ouvrait le score peu après le retour des vestiaires (50ème) avant que Rai égalise de la tête (72ème) et que Guérin (83ème), le grand homme de ce quart de finale, délivre le Parc d’une frappe millimétrée qui battait Busquets et permettait à Luis Fernandez de dépasser son maître.

Ce 15 mars 1995 reste à jamais le premier moment de gloire du PSG dans son Parc en C1, la première émotion forte offerte à ses supporteurs. Parce que c’était le Barça, parce que c’était Cruyff et que ce match retour de légende ouvrait pour la première fois les portes du dernier carré de la plus prestigieuse de toutes les compétitions de club.

« Le PSG… C’était le Barça ! »

Si Cruyff eut sa revanche deux ans après en finale de la Coupe des vainqueurs de coupes (0-1 à Rotterdam), il fallut attendre l’ère QSI pour reprendre le cours d’une rivalité qui ne fait, depuis, qu’aller crescendo. Un premier quart de finale extrêmement serré en 2012/2013 (2-2 et 1-1) au profit des joueurs de Guardiola annonçait une saison 2014/2015 à quatre rendez-vous, deux en phase de groupes (3-2 et 1-3) et un nouvel échec en quart (1-3 et 0-2) qui maintenait l’écart entre les deux clubs.

Jusqu’à ce 14 février 2017 où la planète football fut le témoin d’une démonstration magistrale des joueurs d’Unai Emery, emmenés par un Di Maria de gala (deux buts) et un collectif qui ne laissa jamais respirer son adversaire.

Dans sa conception, l’ampleur du score et la domination écrasante des Parisiens, la victoire reste encore à ce jour la plus marquante de toute l’histoire du club. « Le PSG, c’était le Barça ! »  dira Raynald Denoueix après la rencontre.

Triplé de Mbappé et humiliation au Camp Nou

En réussissant à priver la MSN (Messi-Suarez-Neymar) de munitions, malgré l’absence de Thiago Silva, ce PSG-là avait été irrésistible. De la charnière centrale Kimpembe-Marquinhos, au travail titanesque effectué par le trio du milieu, Verratti-Rabiot-Matuidi, sans oublier Draxler et Cavani, les deux autres buteurs, tout avait fonctionné à merveille des plans du coach espagnol qui s’offrait là son premier succès personnel face à Barcelone.

Lorsque Monsieur Marciniak siffla la fin du match, personne ne pouvait imaginer l’issue de cette onzième confrontation… Comme personne n’avait vu venir le 4-1 de cette saison, le triplé de Mbappé et l’impression que cette fois les Parisiens tenaient bien leur revanche.

En exorcisant ses vieux démons face à un Barça qu’il n’avait jamais réussi à éliminer, le PSG confirmait qu’il avait peut-être franchi un vrai palier, mental et technique, à réussir ainsi à humilier sur ses terres une des meilleures équipes d’Europe… sans Neymar, ni Di Maria. Le plus grand exploit de l’histoire européenne parisienne ? Si le match retour a été avant crispant que décevant, le club de la capitale a privé pour la première fois le Barça d’un quart de finale de la compétition depuis 2007.

2018/2019, face à Liverpool avec ses tripes

Battu à Anfield Road à la 92ème (2-3), incapable de battre Naples à deux reprises (2-2 au Parc, 1-1 à San Paolo), le PSG de Tuchel est au pied du mur ce 28 novembre 2018, pour la première fois menacé de ne pas sortir des poules. La victoire face aux Reds de Klopp est impérative à domicile pour espérer encore.

Comme à Naples quelques semaines avant, le salut viendra d’abord de l’étonnant Bernat avant que Neymar fasse le break… et que Milner transforme un penalty juste avant la pause.

Le second acte sera étouffant, mais mettra en valeur la solidarité d’une équipe poussée dans ses derniers retranchements et qui sera allée chercher la qualif, une fois n’est pas coutume, avec ses tripes. La victoire plus aisée à Belgrade 6-1 allait même leur offrir la 1ère place. L’alerte rouge était passée…

2019-/2020, face à l’Atalanta l’improbable scénario

En pleine pandémie mondiale, dans une formule inédite qui regroupe les huit qualifiés pour les quarts de finale sur un Final Four disputé à Lisbonne sur dix jours, le PSG fait figure d’immense favori face à l’Atalanta Bergame, l’une des surprises de l’édition 2019/2020.

Mais, six mois ont passé depuis le huitième de finale face au Borussia Dortmund (1-2, 2-0), sans aucun match de référence en raison de l’interruption de toutes les compétitions en France. Mené 0-1 sur un but de Pasalic à la demi-heure de jeu, le PSG confirme son manque de rythme et balbutie son football. On est loin du PSG dominateur qui écrasait le Real Madrid, Galatasaray et Bruges en phase de groupes.

L’élimination se rapproche avec la perspective d’un douloureux échec face à une équipe de seconde zone européenne. Incapable de transformer les nombreuses occasions de but, le PSG continue de pousser tout en regardant le chrono qui affiche la 90ème minute…

C’est à ce moment qu’intervient Choupo-Moting. A peine entré en jeu, son centre trouve Marquinhos qui égalise. Pas le temps de se préparer pour les prolongations que l’international camerounais, si discret depuis son arrivée dans la Capitale, libère les siens d’une tête rageuse après un beau service de Mbappé.

On joue depuis trois minutes dans le temps additionnel et le PSG a arraché de haute lutte et au bout du suspense, sa présence dans le dernier carré de la C1, 25 ans après la demi-finale face au Milan AC. « Avec cet état d’esprit, il est impossible de nous mettre dehors de cette compétition »  clamera un Neymar (presque) prémonitoire après la rencontre. C’est vrai que le Brésilien avait été énorme pendant ce quart de finale complètement fou…

Tom Boissy

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