samedi 21 septembre 2024

Pau FC : anatomie d’un miracle permanent

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Julien Huët
Julien Huët
Journaliste

Monté en Ligue 2 en 2020 pour la première fois de son existence, le Pau FC s’est installé depuis trois saisons dans le ventre mou de ce championnat. Sous l’impulsion du nouveau directeur sportif, Luis De Sousa, le club entend franchir un palier supplémentaire, même si le maintien reste le seul objectif officiel pour le deuxième plus petit budget de Ligue 2.

Sacré champion de National sous la coupe de Bruno Irles en 2020, le Pau FC avait vécu cette année-là le plus grand moment de son existence. Pour la première fois de son histoire, ce club du Sud-Ouest de la France allait évoluer au deuxième étage du football professionnel tricolore. Ce triomphe avait été précédé d’une claque : avant même que la montée ne soit officielle, l’entraîneur Bruno Irles avait annoncé sa décision de ne pas poursuivre l’aventure :

« J’attache beaucoup d’importance au sportif et à l’humain pour conduire mes équipes vers le succès et valoriser mes joueurs. Pour moi, les conditions n’étaient plus réunies au Pau FC afin de poursuivre dans cette voie à l’issue de mon contrat le 30 juin », expliquait Irles.

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Pau repart pour un nouveau cycle

Son successeur, Didier Tholot, a tenu le poste pendant trois ans, parvenant à chaque fois à relever l’objectif de maintien. Sous sa houlette, le Pau FC a successivement terminé 14ème, 10ème et 13ème de Ligue 2. Comme Bruno Irles, c’est du technicien qu’est venue la décision de tourner la page, alors qu’il lui restait un an de contrat. Et à l’instar d’Irles, on devinait aisément entre les lignes un problème profond entre le coach et les dirigeants :

« Je me suis posé les bonnes questions parce que je ne voulais pas faire l’année de trop. Et ce qui est ressorti de cette analyse, c’est que les planètes n’étaient pas toutes alignées, qu’il était préférable de partir la tête haute. » Pour le remplacer, le Pau FC et son président Bernard Laporte-Fray ont misé sur Nicolas Usaï. Libre depuis son départ de l’US Orléans (National), le cinquantenaire avait auparavant occupé le banc de Châteauroux et de Nîmes et ainsi dirigé plus de 200 matches de N1 et de Ligue 2.

Mais cette nomination en cachait une autre, fondamentale : la venue de Luis De Sousa en qualité de directeur sportif. Le Franco-portugais était membre de la cellule de recrutement de l’AS Saint-Etienne lors de la saison précédente.

Luis de Sousa : « Ça n’est pas forcément la taille du club qui m’excite et qui m’anime, c’est le challenge »

Auparavant, il avait été le directeur sportif de l’Estac Troyes (2016-2021) avec qui il avait connu deux montées en Ligue 1 en 2017 et 2021. Chez les Verts, il n’a pas fait long feu car il n’était arrivé dans la Loire qu’en décembre 2022, où il ne sera donc resté que six mois.

« Mais il avait fait un très bon travail à Saint-Etienne, confie un témoin local. Le Mercato hivernal avait été réussi grâce à ses connaissances et son réseau. »

L’homme a quitté l’ASSE car a été séduit par le projet palois, comme il s’en est longuement expliqué avant son départ. Evoquant d’abord un rapprochement vers ses racines du Sud-Ouest il est originaire de Toulouse Luis De Sousa a surtout vanté la qualité du projet palois :

« C’est tout aussi excitant de développer un club qui est déjà bien lancé. C’est un club qui attaque sa quatrième année au niveau professionnel. Ce serait tout aussi excitant que d’obtenir un maintien avec Saint-Etienne dans une fonction bien différente. Ça n’est pas forcément la taille du club qui m’excite et qui m’anime, c’est le challenge. C’est le terme adéquat. Il va falloir beaucoup de résilience bien évidement puisqu’il y a beaucoup de concurrence, mais il faut être performant pour exister dans ce championnat de L2 qui va être terrible. »

Les Palois veulent copier Le Havre

Le président Bernard LaporteFray n’en attend pas moins de son nouvel homme fort, lui qui a aussi acté pendant l’été la nomination de son fils Yann au poste de directeur général à la place de Joël Lopez. Face aux médias, le boss a évoqué la nécessité d’impulser un changement :

« On avait la même masse salariale que des clubs comme Grenoble, Quevilly-Rouen, supérieure à bien d’autres qui ont sportivement gravité dans les dix premières places. J’ai donc décidé de rebâtir un organigramme par rapport à ce que j’ai vécu ce jour, de façon à performer. Nicolas Usaï et Luis De Sousa correspondent aux valeurs que j’essaie d’inculquer au niveau du club, c’est-à-dire du travail, de la reconnaissance et de la dignité. » Les prédécesseurs du coach et du directeur sportif apprécieront le message… Pour cette saison 2023/2024, l’objectif assigné aux nouveaux hommes forts est simple.

Un organigramme qui change pour atteindre le maintien

« La priorité, c’est vraiment le maintien, qu’on soit bien clairs sur les objectifs du club ». Mais pour y parvenir, le grand patron mise sur une méthode quotidienne davantage exigeante que la précédente : « Je souhaite qu’il y ait plus de travail, notamment sur le terrain et en vidéo. On va doubler les séances deux ou trois jours par semaine. Je crois en ces valeurs-là. Vous avez le meilleur exemple avec Le Havre : même s’ils n’avaient pas une super équipe, ils ont fini premiers, c’est le fruit de leur travail. » Le message a évidemment été reçu cinq sur cinq par Luis De Sousa, prêt à incarner le costume de bâtisseur du football dans le Béarn :

« Je me sens responsable de la mission qui m’a été confiée : constituer un groupe compétitif doté d’un véritable état d’esprit. » Pour le directeur sportif, même avec des moyens limités par rapport à certaines écuries du championnat, le Pau FC doit « se faire respecter » : « Mon boulot est de montrer que Pau, dans le paysage du football français, ce n’est pas qu’un faire-valoir. » La première recrue est venue confirmer ce beau discours.

Bingourou Kamara, la jolie prise

En attirant dans ses filets la doublure montpelliéraine Bingourou Kamara (32 matches de L1), Luis De Sousa s’est attaqué à l’un des points faibles de l’équipe depuis le départ en janvier d’Alexandre Olliero pour Reims. Entre-temps, ni Jérôme Prior ni Massamba Ndiaye n’avaient réussi à endosser le costume d’incontestable numéro 1. Avec le remplaçant d’Edouard Mendy en sélection sénégalaise, le Pau FC semble désormais pouvoir compter sur l’un des meilleurs gardiens du championnat. En plus, le portier de 27 ans est capable d’apporter du caractère et du leadership dans le vestiaire :

« J’avais d’autres propositions, peut-être d’un standing plus haut, mais le choix a été facile. Quand on te montre de l’intérêt et que tu le sens bien, il ne faut pas hésiter. Je n’aime pas trop le terme de tremplin. Dans mon esprit, j’ai juste envie de faire un gros championnat sur le plan collectif. C’est important d’apporter ce que je sais faire, ma voix, mon caractère…. J’ai envie de faire une grosse saison, de vivre des émotions, des joies. Il y aura des peines aussi, mais je veux affronter tout ça en étant tous ensemble et en représentant Pau au mieux. »

Dans une saison marquée par quatre descentes en National au printemps prochain, le Pau FC sait que sa marge est faible. Et qu’il faut immédiatement tenter de prendre le bon wagon et de mettre à distance la zone rouge pour s’épargner au maximum des matches couperets sous tension. Dixième du championnat mi-septembre, un classement qui conviendrait parfaitement à tout le club à l’issue de la saison puisque ce serait alors le meilleur de l’histoire du Pau FC. On pourrait alors dire que Luis De Sousa et Nicolas Usaï ont parfaitement accompli leur mission.

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