Le défenseur de 18 ans Timothée Pembélé qui a fait ses grands débuts en L1 face à Bordeaux en décembre, avant de prolonger son contrat jusqu’en 2024, a assez de talent et de marge de progression pour rejoindre rapidement en défense, un autre Titi, comme lui né à Beaumont-sur-Oise, Presnel Kimpembe.
Sa tête
Si la première fois que vous croisez Timothée il ne vous saute pas au cou, n’en prenez pas forcément ombrage pour autant. Le jeune garçon de 18 ans n’est pas du genre expansif… surtout avec ceux qu’il ne connaît pas, ou peu. « Il est effectivement plutôt méfiant vis-à-vis des adultes, témoigne son ancien éducateur chez les U17 du PSG, Laurent Huard. Cette réserve naturelle a pu être un frein à certains moments » car elle pouvait passer pour de l’arrogance ou de la nonchalance.
Ceux qui le connaissent savent que ce langage corporel démontre un caractère timide et méfiant qui n’a rien à voir avec un quelconque sentiment de supériorité. Même s’il est sûr de lui, de ses qualités et de son potentiel, en témoigne la manière bluffante qu’il a eu de se remettre de son but contre son camp inscrit face à Bordeaux pour sa première en L1.
Ses yeux
Il voit bien et loin. Sa percée de 40 mètres pour sa première face à Bordeaux, qui déboucha sur un centre contré, illustre sa capacité à bien se situer sur le terrain, à voir les espaces. Ses nombreuses interceptions, pour enrayer une action, compenser un décalage ou couper une trajectoire, le placent déjà dans le registre des défenseurs capables de se substituer à ses coéquipiers, d’effacer une erreur individuelle. Si son manque d’expérience ne lui a pas encore permis, au plus haut niveau, d’exploiter pleinement sa qualité de passes longues, la manière avec laquelle il saute sur la moindre opportunité de jouer dans la verticalité, vers le but, est très prometteuse. « Il est joueur, poursuit son ancien coach, parce qu’il analyse bien le jeu et a les armes pour le faire rebondir ou au contraire assurer le coup et être plus prudent. »
Ses jambes
« Il a toutes les qualités du défenseur moderne, la vitesse, avec une bonne détente, la technique, avec une très bonne qualité de passes, et le mental, parce qu’il est toujours très appliqué dans ce qu’il fait. » Laurent Huard connait Timothée depuis ses 15 ans quand il l’avait surclassé pour évoluer en U17.
Il connaît son profil de défenseur polyvalent, formé dans l’axe, son poste naturel, mais capable d’évoluer aussi sur les côtés, à droite (où il a remplacé Florenzi en fin de match face à Istambul en Ligue des Champions) ou à gauche (où il a aussi assuré lors de la dernière Coupe du monde U17). Pas très grand (1m82), mais très véloce, il dégage beaucoup de fluidité dans ses interventions. Elégant et racé, il a le profil d’un grand défenseur central capable d’évoluer dans plusieurs systèmes défensifs.
Ses pieds
Ses deux buts marqués en phase finale de la Coupe du monde U17 la saison passée, son premier but en L1 face à Strasbourg le 23 décembre au Parc (40) démontrent qu’il sait aussi être efficace dans la zone de vérité offensive… et pas seulement dans le jeu aérien comme la plupart des défenseurs axiaux.
Excellent dans la relance, parce qu’il est à l’aise techniquement et bien dans sa tête, d’un tempérament absolument pas stressé ou tourmenté, Timothée plait beaucoup aux clubs allemands, qui étaient à l’affût avant qu’il ne prolonge son bail parisien, justement parce qu’ils lui accordent cette capacité à faire le surnombre, à apporter offensivement sa puissance et son sens du jeu.
Du droit, son pied naturel, mais aussi du gauche, Timothée n’est pas gêné avec le ballon. Sans avoir la technique d’un meneur de jeu, il a assez d’armes dans son arsenal pour se sortir de toutes les situations, face au pressing notamment où son calme ajoute à l’impression de grande sérénité qu’il dégage.
Son coeur Originaire de l’Oise, arrivé au centre de formation du PSG à 13 ans, Pembélé est très attaché à son club formateur. Quand d’autres joueurs de sa génération, ou de son potentiel, ont choisi de quitter le nid pour mieux s’exprimer (Kouassi, Aouchiche…), lui a préféré prolonger de trois ans supplémentaires un contrat qui se terminait en 2021.
Désormais parisien jusqu’en 2024, il s’inscrit dans la durée avec un club où il se sait apprécié et où il rêve de percer et de suivre les traces de son aîné, Presnel Kimpembe.
Tom Boissy