lundi 14 octobre 2024

Petit, Anatol, Hon, Luciano, ces Français qui ont aussi écrit l’histoire du Real Madrid…

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Si certains Français ont écrit la légende à l’image de Karim Benzema et Zinédine Zidane, d’autres leur ont montré la voie. Petit, Anatol, Hon, Luciano, les précurseurs.

Quand Kylian Mbappé a ouvert le score (à la 46ème) pour le Real Madrid contre Stuttgart (3-1) le 17 septembre, soit son 336ème but chez les professionnels, cela a été sa première concrétisation en Ligue des Champions avec son nouveau club. Evidemment, il en a marqué des bien plus compliqués, mais l’ancienne star du PSG a pu soulager ses partenaires alors qu’ils étaient fortement secoués dans leur enceinte par les joueurs allemands lors de cette première journée de compétition.

Magnifiquement servi depuis la droite par Rodrygo, l’ancien Monégasque n’a plus eu qu’à pousser le ballon dans le but adverse. Un jeu d’enfant pour un joueur de sa classe. A la fin de la rencontre, Mbappé a tenu des propos assez prophétiques mais compréhensibles, pour la chaîne Movistar. Un point de vue énoncé par tous les plus grands champions qui sont passés par ce club quelle que soit l’époque :

« Je peux faire plus. Je sais que je peux faire bien plus. A chaque match, je me sens mieux et désormais je marque des buts. Quand on joue pour le Real Madrid, il faut gagner tous les titres. Pour moi, c’est quelque chose de négatif de venir ici et de dire que je ne veux que la Ligue des Champions. Nous essayons de gagner chaque match. Et quand vous portez ce maillot, vous devez gagner ».

Au Real Madrid, le temps passe, les époques changent, les joueurs également, mais pas la culture de la gagne. D’autres Français ont marqué aussi à leur manière l’histoire de ce club mythique. Ils ont tous par leur talent montré le chemin. Ils ont été de vaillants précurseurs, défricheurs, annonciateurs, devanciers, pionniers, initiateurs, novateurs… bref ils ont écrit eux-aussi l’histoire du Real Madrid pour en faire ce que cet immense club en est de nos jours : une machine à gagner.

René Petit, à jamais le premier

René Petit de Ory, fils d’ingénieur responsable du trafic ferroviaire pour la compagnie du nord de l’Espagne, fait partie de cette caste. International français (2 sélections à l’occasion des Jeux Olympiques d’Anvers en 1920), né à Dax d’une mère espagnole un 8 octobre 1899, cet attaquant a mené la plus grande partie de sa carrière en Espagne.

Il a déménagé avec ses parents à Madrid à l’âge de 12 ans. Il était prédestiné à devenir ingénieur, mais ses qualités footballistiques étaient trop évidentes. Elles lui autorisent à intégrer les catégories inférieures du Real Madrid dès 1914 en compagnie de son frère Jean. De 1916 à 1934, il a joué pour le Real Madrid et Irun, avec seulement deux années de coupure au Stade Bordelais entre 1918 et 1920.

René Petit a été non seulement un précurseur, mais il a même été considéré par le Real Madrid comme étant sa première légende. Surnommé Renato dans les vestiaires, il intègre très vite l’équipe première. Cet attaquant de formation dispute au total 29 matches et marque 14 fois avec le club madrilène. Suffisant pour écrire sa propre légende. Complet, très doué techniquement, très solide physiquement, il aide le Real Madrid à franchir un nouveau palier.

Doté d’une très belle vision du jeu, il dispute trois saisons pleines sous le maillot blanc. Il remporte une Coupe du Roi et deux championnats régionaux centre en 1916 et 1917. Son plus grand moment de gloire au Real Madrid se situe lors de la finale de la Coupe du Roi en 1917 contre Arenas de Guecho. Victorieux par 2 buts à 1 dans le replay, 48 heures après un 0-0 dans le premier match, le Real Madrid remporte finalement cette cinquième Coupe du Roi de son histoire.

Cela faisait neuf ans que le club espagnol attendait ce trophée. Cet attaquant est le grand héros de cette finale en marquant un but d’anthologie égalisateur à la 75ème minute. Sur l’action, il se joue de plusieurs adversaires avant de fixer le gardien.

Considéré comme une vraie légende du club, René Petit reçoit l’insigne d’or et de diamants de la main du légendaire Santiago Bernabeu, à l’occasion des Noces d’or du Real Madrid. René Petit aura favorisé à sa manière le développement de ce club mythique. Il reste à jamais comme le premier joueur de l’équipe de France à avoir porté le maillot de ce club légendaire du Real Madrid. Il est décédé le 14 octobre 1989.

Manuel Anatol, de l’athlé au foot

Belle histoire aussi que celle de Manuel Anatol. Né à Irun dans le nord de l’Espagne le 8 mai 1903, naturalisé Français, ce défenseur très rapide excelle d’abord en athlétisme, surtout dans le domaine du sprint. Il est sacré champion d’Espagne sur différentes distances comme le 100 m, 200 m, 400 m, et 4×100 m en 1923/1924.

Il abandonne ensuite l’athlétisme et se consacre dans la foulée au football, un domaine dans lequel il connaît très vite une grande réussite. Ce défenseur après avoir évolué sous les couleurs du Real Union de Irun, passe ensuite dans les rangs de l’Athletic Bilbao entre 1926 et 1928, puis au Real Madrid pendant un an en 1928/1929, saison lors de laquelle il marque vraiment les esprits.

Après son brillant passage dans la Casa Blanca, il part en France, et rejoint le RC Paris dès 1929, l’année de sa naturalisation. Entre 1929 et 1934, il va honorer le maillot de l’équipe de France à 16 reprises, et ce après avoir été membre des équipes de France B, militaire grâce au Bataillon de Joinville.

Il honore sa première cape avec les Bleus le 24 mars 1929 contre le Portugal (2-0). Le seul but qu’il marquera avec la France sera d’anthologie à Colombes contre la Suisse (3-3). Il est à la conclusion d’un sublime coup franc de plus de 40 mètres. Manuel Anatol est décédé le 17 mai 1990.

Louis Hon et Jean Luciano premier duo de la Casa Blanca

Louis Hon et Jean Luciano ont également marqué l’histoire du Real Madrid. Les concernant, elle a pour origine l’année 1950. C’est à cette période précise que le grand club espagnol se renforce avec ces deux joueurs internationaux français. Louis Hon est un défenseur stadiste alors que Jean Luciano est un milieu de terrain reconnu à Nice. Avant de poser les pieds en Espagne, Hon a été sélectionné en équipe de France à 12 reprises, Luciano 4 fois.

Que ce soit l’un comme l’autre, ils ne seront plus appelés par la suite en sélection. Hon restera au Real Madrid de 1950 à 1953, et ce avant de retrouver le Stade Français. Luciano, lui, n’en fera qu’une seule en 1950/1951, quand il décidera ensuite de mettre les voiles pour un autre club espagnol Las Palmas. Ces deux joueurs étaient vraiment pétris de talent.

Il est dommage pour eux qu’ils aient connu ce Real Madrid à une période un peu plus creuse que celles qui ont suivi pleines de succès, avec des joutes européennes fabuleuses en plein milieu des années 50. Mais Hon et Luciano sont restés à jamais ancrés dans l’histoire des Merengue en formant le premier duo de la Casa Blanca.

Jean Luciano décédé le 7 juillet 1997, bien que grand amoureux de l’OGC Nice, ce milieu de terrain, reconverti aussi entraîneur à peine sa carrière achevée, a été aussi le premier joueur français de l’histoire à endosser une tunique floquée du numéro 10 au Real Madrid. Capable de jouer partout dans l’entrejeu, sa carrière a vraiment débuté d’une façon précoce (il a commencé sa au Gym à 16 ans) et s’est étirée de manière impressionnante.

C’est quand il devient une pièce maîtresse du club de sa ville natale, Nice, qu’il séduit le Real Madrid. Et même si son expérience n’a pas été longue puisqu’elle n’a duré que quelques mois, il a eu le mérite d’endosser le fameux maillot blanc avec le numéro 10 dans le dos. Louis Hon décédé le 5 janvier 2008, lui, dès 1950 est devenu le premier joueur de football français à évoluer en professionnel au Real Madrid, six ans avant Raymond Kopa.

Pourtant, son transfert à Madrid avait été fait sans son accord faisant suite à l’éclatement du Stade Français. Ce départ en Espagne a mis un terme définitif à son parcours en équipe de France. A cette période, les joueurs n’évoluant pas en France n’étaient pas sélectionnables et donc sélectionnés. Rappelons aussi que le n°5 qu’il a brillamment endossé à Madrid a par la suite trouvé un digne successeur en la personne de… Zinédine Zidane.

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