jeudi 28 mars 2024

Philippe Bana (président de la fédération) : « Au service de mon sport »

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Désormais président de la Fédération de Handball, l’ancien DTN Philippe Bana a pris la succession de Joël Delplanque avec envie et motivation.

Comment se sont passés vos premiers jours dans la peau d’un président ? 

C’était plutôt studieux. Pas le temps de parler, de se féliciter et d’évoquer ce moment de grâce où tous les handballeurs se sont réunis. Dès le samedi soir et le dimanche qui ont suivi l’élection, on a eu des réunions pour travailler avec les salariés, à rassurer tout le monde, à échanger… On a directement été mis dans le bain. A peine le temps de dire merci que l’on était au travail. 

Qu’est-ce que ça fait d’être président ? 

Je voulais surtout aider le handball avec une équipe avec une grandeur d’esprit et une largeur de compétence. J’ai surtout l’idée d’être au service de mon sport. Ce sont sûrement mes 20 ans – comme DTN – aux services des équipes qui m’a donné cette ouverture d’esprit. 

Pour avoir assumé justement ce rôle de DTN pendant 20 ans, devenir président n’était-il pas la suite logique ?

Oui et non. Je me suis rendu compte, durant la campagne, que j’étais finalement assez isolé dans mon monde de l’excellence sportive et de la formation, dans ma Formule 1 des équipes de France, avec les diplômes. Je me suis tenu à l’écart de la gestion fédérale ces dernières années, de la relation territoriale, des services aux licenciées… C’était un nouveau monde que j’ai commencé à appréhender en construisant le programme. Pendant ces trois mois de travail stakhanoviste, jour et nuit, où l’on a échangé avec les acteurs, produit des idées, partagé avec les équipes… C’est là que l’on a senti la mesure et la largeur d’une telle tâche. J’étais dans une Formule 1 d’un truc pointu, là, je dois gérer tout le garage, les stands, le circuit, les tribunes… Ce n’est pas le même métier. Mais tout ce que j’ai appris au cours de ces 20 dernières années me sert. J’ai l’impression que je connais mieux les solutions. C’est plus facile de prendre une décision. J’ai été habitué pendant 20 ans à comprendre et décider vite. J’ai eu raison de faire cela. Un, je suis capable de le faire. Deux, le Jouons collectif de la campagne continue. On est en réseau. On n’est pas hiérarchique. On est sorti des silos. Il y a une libération des énergies que je commence à voir. Les portes s’ouvrent pour le handball. 

« J’étais dans une Formule 1 d’un truc pointu, là je dois gérer tout le garage, les stands, le circuit, les tribunes »

Surtout que la période actuelle n’est pas du tout repos avec cette pandémie et les attentes autour des équipes de France… 

Je suis habitué à jouer le money-time. Cette équipe aussi. On a l’habitude de jouer les prolongations. Je n’ai plus la peur de tout cela. Je sais que l’on a les solutions pour permettre de voir le handball reprendre. C’est ma priorité. On a les solutions pour les priorités économiques. Je suis confiant. On va accompagner les gens dans ce tunnel. Mes années de DTN m’ont enlevé la peur. J’ai l’impression que ce que l’on fait est facile et utile. Je suis optimiste pour l’avenir. On va y arriver. On n’a pas peur. On est surmotivé ! 

Etes-vous heureux de voir que les débats n’ont pas manqué dans la campagne ?

C’était un match dur. Il n’a pas été facile. Un beau match. On a échangé, trouvé des idées voisines en termes de modernisation. J’ai surtout envie de retenir que la famille s’est de nouveau réunie à la fin. Les accolades avec Olivier Girault et Jean-Pierre Feuillan sont de beaux moments. Ça démontre la participation des candidats aux débats et au premier conseil d’administration. Le handball, sport de prof de gym, a l’habitude de se remettre en rang assez rapidement pour avancer vers 2024. Il y a eu un débat démocratique qui a permis d’avoir de vraies propositions. En démarrant cette présidence, on ne partait pas d’une page blanche. On sait ce que l’on va faire et comment on va le faire. On a le chemin. On n’a plus qu’à le parcourir. 

Qu’espérez-vous des garçons au mondial ? 

J’aimerais, qu’à terme, que l’on dépende moins de nos résultats sportifs. Qu’on soit une vraie marque. On veut travailler plus profond que la vitrine et les podiums. Mais c’est sûr que la performance durable qu’on a mise en valeur comme une usine à champions, c’est bien si elle donne de la lumière. Contrairement à d’autres sports, on n’a pas cette assise forte qui nous permet de rester performant d’un point de vue économique. On a besoin de gagner pour cela. On a tellement gagné que c’est surréaliste. Il est temps de fabriquer des fondations et une marque pérenne. On veut offrir aussi de la sérénité à la fédé. Les coachs et les athlètes sont rassurés. Ils savent qu’on cherche à peaufiner la Formule 1 plutôt que de changer le moteur. Avant ces compétitions bizarres, sans public, il y a une forme de sérénité qui va compter. Notre performance durable peut mieux résister que d’autres dans cette période. Il y a un apaisement et en même temps une grosse responsabilité. 

Quelle est votre priorité pour le handball ? 

Reprendre, reprendre et reprendre ! Montrer le chemin. L’urgence est de penser à la reprise de nos clubs. Les équipes de France peuvent avancer sans moi. Je le sais. C’est pour cela que je me focalise sur le lien associatif et les compétitions avec la mise en place du protocole sanitaire, le soutien financier… Si on pouvait ne parler que de ça pendant deux mois avec de bons matches à la télé, ce serait déjà ça. Si, au printemps, tout le monde peut enfin reprendre le sport, ce serait bien. Simplement retrouver le plaisir de jouer. 

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