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Pourquoi Julian Alaphilippe a pris la fuite pour la Suisse

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En janvier, pour la première fois depuis onze ans, Julian Alaphilippe ne verra pas le visage de Patrick Lefevere à la reprise de la saison. Alors qu’on l’attendait dans une équipe française (TotalEnergies), le double champion du monde a préféré relever un défi suisse (Tudor) aux côtés de Cancellara et Hirschi.

A 32 ans, il savait que ce contrat serait son dernier, que les trois ans proposés par Tudor Pro Cycling le mettraient sur l’orbite d’une fin de carrière programmée. Après avoir pâti du management agressif de Lefevere, il ne voulait pas vivre ses derniers grands moments de cycliste professionnel dans une structure impersonnelle qui ne placerait pas l’humain au-dessus de tout. Le discours de Fabian Cancellara a donc fait mouche.

« L’humain est au centre de notre projet, déclarait l’ancien champion suisse au Figaro. Nous ne sommes pas des athlètes, nous sommes avant tout des humains. Dans notre équipe, il y a des gens qui ont une vie sociale, privée et professionnelle. Si l’un de nous a un problème, une difficulté, nous voulons le savoir pour comprendre et l’accompagner. Nous voulons que tout le monde se sente bien. Et en même temps, nous voulons gagner des courses. »

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Alaphilippe et Cancellara, un duo gagnant

Chez TotalEnergies, Jean-René Bernaudeau, qui a longtemps cru avoir ses faveurs, lui a dit à peu près la même chose. Qu’est-ce qui a fait pencher la balance alors que d’autres formations étaient prêtes à l’accueillir, Israel Premier Tech et Q36.5 en tête, et que même Soudal Quick-Step souhaitait encore le voir prolonger ?

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Jean-René Bernaudeau nous confirme « que ce n’est pas une question d’argent car la présence d’un grand sponsor comme Total était de nature à le rassurer. Nous avons longtemps été en discussion avec lui, nous l’avons rencontré à plusieurs reprises, et je pensais vraiment que ça allait se faire. »

Sauf que ça ne s’est pas fait. Si, en apparence, le choix suisse peut laisser croire que l’aspect financier a été essentiel, même s’il a énormément compté, en réalité c’est vraiment l’ambitieux projet sportif et la dimension humaine de la structure de deuxième division qui ont fait la différence.

Chez Tudor, Alaphilippe va retrouver un ancien directeur sportif de Soudal Quick-Step, fréquenté entre 2017 et 2022, le Portugais Ricardo Sheidecker, pour qui il a énormément de respect, ainsi que Morgan Lamoisson, un autre directeur sportif de la formation suisse dont il est très proche.

Chez Tudor pour se réveiller !

Il intègre surtout une équipe qui aura de sérieux arguments à faire valoir pour rejoindre le plus vite possible le World Tour avec l’arrivée de Marc Hirschi, de retour en grande forme, de l’Autrichien Marco Haller, pour compléter un effectif déjà riche du sprinteur italien Matteo Trentin et du grimpeur australien Michael Storer.

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Grosse cerise sur le gâteau, Julian a été séduit par la philosophie de fonctionnement et de course dont Fabian Cancellara s’est porté garant. Une philosophie qui colle à celle d’un champion français plus que jamais persuadé de devoir revenir aux fondamentaux d’un cyclisme d’attaque et d’instinct, pour retrouver sa compétitivité. 

Entre la relative liberté promise pour gérer ses courses, le professionnalisme d’une formation qui n’a pas attendu la fin de l’année pour lui proposer un programme de préparation hyper pointu, un séjour aux Etats-Unis pour faire des tests sur ses nouveaux vélos, de la marque BMC, et un salaire qui demeure proche de 2 M€ par an, le choix s’est imposé à lui immédiatement après les JO.

« C’est mon instinct, disait-il à L’Equipe en septembre. J’ai écouté mon cœur, c’est la raison principale.” Il poursuivait dans un communiqué : “C’est le plus grand changement de ma carrière, la première fois que je roule dans une autre équipe. C’est bien de changer d’air après tant d’années.”»

« Alaphilippe n’est pas allé chez TotalEnergies, ce n’est pas une question d’argent »

A son âge, perdre l’assurance de participer aux plus grandes courses World Tour, notamment les grands Tours, en raison de la jeunesse d’une équipe qui n’a participé qu’à un seul Giro (en 2024), n’est pas un problème car il ne souhaite plus jouer les classements généraux.

Il va donc y gagner en liberté, pour jouer la gagne sur les toutes les Classiques de son choix quand il devait forcément composer avec Evenepoel chez Soudal Quick-Step, et taire ses velléités naturelles, le panache qui le caractérise. Les retrouvailles avec le double champion olympique seront un des points forts de 2025.

Quatre ans après sa dernière victoire dans une grande Classique (Flèche Wallonne 2021), avant un Tour de France qu’il espère toutefois retrouver en 2025, Alaphilippe sera attendu sur ses courses de prédilection, les Ardennaises, avec une préférence pour celles qui se dérobent à lui, l’Amstel Gold Race et Liège-Bastogne-Liège. Vivement le printemps !

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