vendredi 29 mars 2024

Pourquoi la Ligue 1 doit passer à 18 clubs

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Tous les lundis, retrouvez le regard avisé  de Guy Mislin, ancien de l’Equipe et France football sur un fait d’actualité. Aujourd’hui Guy revient sur le format de la Ligue 1 et de son passage inéluctable à 18 clubs.

Je ne vais pas me faire que des amis chez certains présidents de club en estimant que la Ligue 1 ne peut plus se permettre de faire vivre 20 clubs professionnels. Le football français vit depuis longtemps déjà au-dessus de ses moyens. Si l’on ajoute les 20 clubs de Ligue 2 et ceux ayant le statut professionnel en National, la LFP doit gérer beaucoup trop de clubs pros ce qui est aberrant vu la situation plus que délicate dans laquelle se trouvent la majorité d’entre eux.

Avant même la crise sanitaire, nombre de clubs étaient confrontés à de sérieuses difficultés. Depuis, la pandémie qui a frappé la France, comme ailleurs dans le monde, a vidé les stades, avec comme première conséquence une absence totale de recettes de billetterie. Là dessus, après avoir fait des châteaux en Espagne (c’est le cas de le dire, n’est-ce pas Jaume Roures ?), et cru que le Père Noël sino-espagnol était passé avec son milliard d’euros qui n’étaient en fait que des pesetas en bois, plus dure fut la chute.

La DNCG tire la sonnette d’alarme

Au bout de six mois, Mediapro a mis la clé sous la porte, sans payer ce que la firme devait, acquittant le strict minimum exigé par la Justice, bien loin des promesses qui avaient enflammé nos présidents de club. Le manque à gagner, malgré le retour en grâce de Canal+ et de Bein Sports, est important et après examen des comptes de l’exercice précédent, puis de l’exercice présent par la DNCG, celle-ci a, une fois de plus, tiré la sonnette d’alarme.

Du côté de Canal+, remise en selle, on n’a pas attendu non plus pour estimer que la LFP devait revoir le format de ses compétitions. Suivez mon regard : la Ligue 1 pour la chaîne cryptée doit passer à 18. Avec une arrière-pensée : une élite resserrée ne pourrait qu’accroître l’intérêt du spectacle proposé et donc les audiences et le nombre d’abonnés, ce qui est probable, mais surtout, avec moins de matches à diffuser, Canal+ s’empresserait de faire baisser le montant des droits à payer… Ce n’est pas cet argument qui fera pencher la balance du côté d’un resserrement de l’élite, mais le mal est tout de même profond.

Beaucoup n’attendent que ça…

La DNCG, le gendarme financier du football professionnel français n’a nullement l’intention, crise sanitaire ou pas, de relâcher sa pression sur les clubs. Elle a déjà fait comprendre qu’une réforme économique du football pro français était inéluctable, celui-ci étant beaucoup trop dépendant des droits TV et des transferts…

La lettre transmise à tous les clubs par la DNCG leur demandant des garanties afin de sécuriser leur situation, si le budget 2021-2022 présente un déficit d’exploitation, a  fait réagir certains d’entre eux, qui voient dans cette menace la volonté d’en « tuer quelques uns » afin de réduire la Ligue 1 à 18 clubs… Un schéma qui revient régulièrement sur le tapis et qui satisferait les clubs les moins en danger financièrement comme Lyon, le PSG, l’OM, Monaco… Même en Ligue 2, le président Ferracci, du Paris FC, ne serait pas hostile à cette réduction de la Ligue 1 à 18, à condition que ce ne soit pas une Ligue 1 fermée, une crainte soulevée par beaucoup de présidents de clubs…

Vincent Labrune, le président de la LFP, a formellement exclu l’hypothèse d’une Ligue 1 fermée, mais a déjà fait savoir qu’il « était impératif de redessiner le format de nos compétitions », sous peine d’asphyxie, par manque d’investissements, et d’ennui né d’un spectacle qui finira pas s’essouffler.

Ne plus négliger la Ligue Europa

Une Ligue 1 à 18 clubs, ce serait 34 journées de championnat et non 38. Un allègement du calendrier qui ne peut être que profitable à l’élite, selon Didier Deschamps, qui déplore comme beaucoup les cadences infernales nées des calendriers nationaux et internationaux, et la future réforme de la Ligue des Champions n’arrangera rien. Il y va de la santé économique des clubs mais aussi de la santé physique des joueurs.

Les dernières expériences d’une Ligue 1 à 18 (1997-2002) n’ont guère débouché sur une meilleure compétitivité des clubs français sur le plan européen. Mais les choses ont évolué. Le changement de statut du Paris SG, l’arrivée de plusieurs grands joueurs dans le championnat de France, sont en train de booster doucement mais sûrement la valeur de la compétition. Cette année, le suspense est total et quatre clubs jouent les locomotives ce qui n’était plus le cas depuis longtemps.

La Ligue 1 a placé deux clubs en demi-finales de C1 l’an passé, et un en finale. Un resserrement de l’élite serait encore plus favorable aux clubs européens. Y compris pour ceux qui négligent par trop la Ligue Europa, qui est le reflet de la santé d’un championnat national, et permet à un pays d’engranger des points précieux dans les coefficients de l’UEFA… Si la France veut conserver sa cinquième place, elle doit présenter en coupes d’Europe des équipes compétitives.

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