mardi 23 avril 2024

Euro : pourquoi l’Angleterre peut rêver d’une grande victoire, 55 ans après

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Les demi-finales et la finale se joueront à Wembley. Une motivation supplémentaire pour cette équipe d’Angleterre qui n’a remporté aucune compétition majeure depuis 1966 et qui n’a même jamais accédé à une grande finale. Les hommes de Gareth Southgate n’auront aucun autre objectif que de réaliser la plus grande campagne de leur histoire.

Cela fait des années que les Three Lions n’étaient pas arrivés dans une compétition majeure avec une telle confiance. La campagne d’éliminatoires a été survolée avec 7 victoires en 8 rencontres et une différence de buts phénoménale de +31.

Et même si la Ligue des Nations s’est moins bien passée, ça n’a pas entaché le moral des troupes, ce que confirme Bruno Constant créateur du podcast 100% foot anglais, intervenant sur RTL et ancien correspondant à Londres pour L’Equipe :

« L’équipe d’Angleterre est confiante pour deux raisons : la première, c’est sa qualification en demi-finales de la Coupe du monde il y a trois ans et c’était une très grosse performance puisque ce n’était plus arrivé dans un gros tournoi depuis 1996 et un Euro en Angleterre. La dernière fois que c’était arrivé en Coupe du Monde, c’était en 1990. La seconde raison, c’est une génération exceptionnelle, certains ont été sacrés champions du monde en 2017 avec les U17, qui rejoint une génération qui est elle-même déjà très talentueuse puisqu’elle a fait ce résultat en Coupe du monde.

Beaucoup d’espoirs reposent sur cette équipe anglaise puisque, et je le rappelle toujours, l’Angleterre est une île et une fierté se dégage. Or, si l’on rajoute le fait qu’à partir des demi-finales, le tournoi se joue dans ce pays, on obtient une grande confiance et une grande ambition. »

La renaissance des Anglais

Le poids de l’histoire pèse néanmoins au moment de commencer cette compétition et malheureusement, historiquement, lorsqu’une équipe anglaise est attendue, elle déçoit et ce surtout lors des deux dernières décennies. Gareth Southgate aura pour mission d’éviter cela et de continuer son excellent travail à la tête de cette sélection.

Bruno Constant indique « que c’est quelqu’un de discret, élégant, méticuleux et qui va à l’encontre des vieux dinosaures anglais comme Harry Redknapp ou Sam Allardyce, son prédécesseur qui était resté 64 jours à la tête de l’équipe… C’est un grand travailleur, ce qu’il met en place, c’est plus que du football.

Il attache énormément d’importance à l’exemplarité sur le terrain, mais aussi en dehors, en témoignent les joueurs écartés du groupe car ils avaient enfreint les règles autour de la Covid. Il veut redonner une identité à l’équipe d’Angleterre et, pour ce faire, il n’a pas peur d’appeler des jeunes et c’est d’ailleurs ce qu’il a fait lors des derniers rassemblements.

En somme, il a remis cette sélection sur des bons rails et les résultats plaident en sa faveur, mais il a une énorme pression parce qu’il a du très bon matériel entre les mains et ne pas aller minimum en demi-finales serait vu comme une immense désillusion. Même si ce qu’il fait c’est surtout sur du moyen ou long terme et qu’avec ces jeunes les objectifs principaux seront peut-être davantage 2022 voire 2024. »

Quand l’Angleterre est attendue…

Lors du rassemblement de fin mars, 14 joueurs sélectionnés par Gareth Southgate avaient 26 ans ou moins. Résultat : 3 victoires avec 9 buts inscrits pour un seul encaissé.

Les Anglais n’ont pas connu une telle génération depuis celle de Gerrard, Lampard et Rooney qui n’a malheureusement jamais vraiment répondu aux attentes. Or, qui de mieux pour illustrer cette nouvelle vague que le joyau Phil Foden.

Bruno Constant parle de lui comme « le talent anglais le plus exceptionnel depuis très longtemps. Il le montre à Manchester City où il joue de plus en plus dans cette équipe où il est en compétition avec des joueurs comme Bernardo Silva, Riyad Mahrez, Ferran Torres ou encore Raheem Sterling.

Phoden la perle anglaise

Phoden a été décisif dans deux matches de Ligue des Champions contre le Borussia Dortmund et il s’impose depuis peu également en équipe d’Angleterre. Il donne au football anglais une nouvelle dimension puisqu’il n’est pas du tout dans les standards habituels des talents anglais, ces milieux box-to-box physiques et travailleurs. Lui, c’est un petit meneur de jeu très technique, plus profil espagnol. »

Mais il est loin d’être le seul jeune talent dont dispose Southgate pour animer l’attaque, Marcus Rashford, Bukayo Saka, Mason Greenwood, Jadon Sancho, Jack Grealish, Harry Kane, Raheem Sterling ou encore Dominic Calvert-Lewin, tous ont 27 ans ou moins et les possibilités parais-
sent infinies.

En plus d’être une liste très profonde, tous les profils sont représentés, des meneurs de jeu créateurs, des ailiers dynamiteurs, des attaquants de profondeur et des attaquants de surface, tueurs devant la cage. Sur le papier, on pourrait piocher trois ou quatre joueurs au hasard dans cette liste et on aurait une excellente attaque.

En voyant cela, certains supporteurs frustrés demandent au sélectionneur « moins de froideur, moins de rigidité, qu’il se lâche un peu plus et sorte de son costume trois pièces, propre sur lui, pas un mot plus haut que l’autre et qu’il fasse davantage confiance à ses joueurs offensifs, qu’il les laisse s’exprimer et jouer un football un peu plus champagne ».

Cette profondeur est évidemment une grande force, mais aussi un problème de riches à gérer pour l’entraîneur. Le créateur du podcast 100% foot anglais pense que « les problèmes seront de bien associer tous ces talents, de faire les bons choix pour trouver l’équilibre. C’est son principal souci puisqu’il est quand même considéré de base comme un entraîneur plutôt défensif, parfois même un peu frileux.

L’entre-jeu des Three Lions, la clé de l’Euro

Il avait même pendant longtemps une défense à trois et il est en train de revoir ses plans au vu de son personnel. Southgate doit trouver le bon système puisqu’il ne peut évidemment pas aligner tous ses talents offensifs, l’équilibre sera vraiment le maître mot. Il devra prendre les bons joueurs pour faire la différence dans le onze de départ, mais aussi les supersubs. »

Mais ça ne serait pas effrayant si tous les talents n’étaient regroupés que dans le secteur offensif et même s’il est le plus garni, les milieux de terrain et les défenseurs n’ont pas à rougir.

Parlons tout d’abord de l’entrejeu de cette équipe d’Angleterre : on ne sait pas encore si Jordan Henderson sera présent et en forme pour cet Euro et ça pourrait faire toute la différence. Le meilleur joueur de Premier League lors de la saison 2019/2020 est le joueur le plus fort au milieu, mais il n’est pas tout seul, Declan Rice est une des révélations de la saison outre-Manche.

Rice est avec Thomas Soucek l’artisan principal de cette incroyable saison de West Ham. Il n’a que 22 ans et paraît déjà essentiel dans le onze des Three Lions. Il y a néanmoins un manque de profondeur puisque des joueurs comme Kalvin Phillips ou James Ward-Prowse ne semblent pas encore taillés pour le plus haut niveau.

La défense progresse également, mais n’est pas encore infranchissable. Depuis la dernière Coupe du monde, des joyaux comme Trent Alexander-Arnold et John Stones se sont révélés, un joueur comme Kyle Walker s’est également affiné, mais il reste des points d’interrogation. Le plus gros se nomme Harry Maguire, il ne convainc pas forcément, mais aucun remplaçant potentiel ne semble émerger.

l’Angleterre a un problème avec ses gardiens

A gauche, Luke Shaw et Ben Chilwell sont en bataille pour le poste, ce sont deux bons joueurs, mais ils n’apportent pas une pleine satisfaction non plus. A force de descendre sur le terrain on en arrive à la principale faiblesse des Three Lions, le poste de gardien de but. Bruno Constant résume la situation en une phrase :

« Jordan Pickford est le titulaire, il joue à Everton et ne réalise pas une grande saison. » Dean Henderson a beau être en train de dépasser David De Gea dans la hiérarchie à Manchester United, il n’est pas non plus une valeur sûre et Nick Pope (Burnley) n’a pas le niveau non plus.

Cela pourrait coûter cher à cette sélection cet été. Une chance qu’a cette équipe c’est qu’elle pourra compter sur un groupe qui, sur le papier, n’est pas effrayant pour se mettre en confiance avant la phase finale. La Croatie qui l’a battue en demifinales de la dernière Coupe du monde ne semble pas forcément en confiance et en forme à l’aube de cet événement majeur.

L’Ecosse et la République tchèque quant à elles semblent simplement loin en dessous des deux autres équipes du groupe D. Or en finissant à la 1ère place, elle s’offrirait un huitième à sa portée et à partir de là sky is the limit...

Sur le papier, cet effectif anglais n’a tout simplement pas de limites, maintenant c’est à Gareth Southgate de transformer les espérances en résultat et de ne pas à nouveau décevoir ses supporteurs. Les fans n’ont qu’un seul souhait : obtenir un premier titre européen à Wembley cet été. Le théâtre des rêves devra passer de Manchester à Londres début juillet.

Robin Wolff

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