mardi 3 décembre 2024

Pourquoi les Lyonnais ont tort de s’en prendre à Stéphanie Frappart

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Très énervés contre Stéphanie Frappart pendant et après leur élimination en quart de finale de la Coupe de France par Monaco, les Lyonnais ont tort de prendre l’arbitrage comme excuse. Explication.

« C’est une élimination qui n’est pas du tout méritée. On a eu trop de faits de jeu contraires. En fait, je pense que l’arbitrage ce soir n’était pas au niveau des deux équipes. Mais ça arrive, des fois les coachs ne sont pas bons, des fois les joueurs ne sont pas bons, et des fois les arbitres ne sont pas bons. Quand c’est trop contraire comme ça… » Inutile de préciser que cette saillie entendue hier soir après la victoire de Monaco à Lyon (2-0) en quart de finale de la Coupe de France est signée Rudi Garcia.

Après Rudi Garcia, Marcelo se trompe aussi

« Comment peut-on jouer alors que l’arbitre donne tout pour Monaco ? C’est impossible de jouer comme ça. Ça ne devrait pas arriver au haut niveau. » Cette fois, l’excuse de la défaite est avancée par Marcelo, capitaine en fin de match après les sorties de Depay et Dubois.

Expulsé à la 23ème minute pour avoir contesté les décisions de Stéphanie Frappart, arbitre de la rencontre, l’entraîneur lyonnais avait déjà donné un aperçu de sa façon d’interpréter l’élimination de son équipe.

Il faut dire que trois montants touchés (deux poteaux et une barre), un but refusé pour un hors-jeu très limite, six cartons jaunes distribués à ses joueurs et un rouge doublé d’un pénalty contre l’OL… ça fait un peu beaucoup pour les nerfs d’une équipe qui fait une croix sur la possibilité de gagner enfin un titre après neuf ans de disette.

Dans l’ensemble, des décisions justes

Mais tant de déception mérite-t-elle un tel déversement de critique, pour ne pas dire de haine, envers celle que l’on présente comme la meilleure arbitre de notre pays, première femme arbitre à être retenue pour arbitrer un Euro ? Bien sûr que non. Et on le prouve ici en revenant sur les principaux faits de match.

1ère minute : auteur d’une intervention très agressive sur Paqueta, Volland prend le premier carton jaune du match. L’Allemand méritait-il le rouge direct ? Très peu, si ce n’est aucun arbitre ne l’aurait donné à cet instant du match et  pour une telle faute. D’ailleurs, Paqueta s’est relevé et a fini le match.

51ème minute : lancé en profondeur par Depay, Cornet ajuste Majecki et ouvre la marque. Du moins le pensait-il, car le but est refusé pour un hors-jeu que signale le juge de touche. L’impression donnée par le direct est que le Lyonnais part de son camp, donc ne peut pas être hors-jeu.

Sur cette image, on peut constater que les pieds de Maxwel Cornet sont sur la ligne médiane, mais le haut de son corps semble déjà être dans le camp de Monaco…

Comme le veut le protocole dans ce cas-là, l’action est donc décortiquée par la VAR. Et si les pieds du Lyonnais semblent être sur la ligne, en revanche, le haut de son corps est déjà passé… C’est très cruel pour les Gones, mais comme des dizaines de fois depuis le début de saison, dans tous les championnats en Europe, le but est refusé pour quelques centimètres… La décision de Stéphanie Frappart était donc la bonne atteste la VAR.

Ce qui accroit encore la frustration des Lyonnais, c’est la situation qui va suivre. Lancé dans le dos de la défense, Ballo-Touré entre dans la surface de l’OL en contrôlant le ballon de la poitrine. Diomandé est alors coupable d’un geste dangereux en tentant de dégager. Son pied termine dans le visage du latéral monégasque : penalty et carton jaune décide Stéphanie Frappart. Comme c’est le deuxième, c’est le rouge pour le défenseur des Gones qui laisse donc ses partenaires finir à 10 contre 11.

Le geste de Diomandé méritait un rouge direct

Personne à l’OL (ni même les supporters) ne conteste cette décision. Mais plutôt le premier carton reçu par Diomandé dès la sixième minute pour une intervention un peu trop musclée sur Volland. Et ils n’ont pas tort. Le carton est sévère. Mais a-t-il une véritable importance ? L’intervention de la 51ème minute aurait tout aussi bien mérité un rouge direct. Sur l’action, Ballo-Touré ne fait pas de cinéma, contrairement à ce que l’on a trop l’habitude de voir. Le pied de Diomandé l’a bien touché à la tête… Une position de hors-jeu du joueur au tout départ de l’action est aussi évoquée. Mais la VAR vérifie et ne trouve rien à redire.

68ème minute : accroché par Fofana dans la surface monégasque, Depay réclame un penalty et écope d’un carton jaune pour contestation. Un carton très sévère qui privera d’ailleurs le Néerlandais de la réception de Lorient le 8 mai prochain (36ème journée de Ligue 1). A moins que d’ici-là l’OL parvient à faire sauter le carton (comme l’a déjà laissé entendre Rudi Garcia). Pour ce qui est de la faute réclamée par le capitaine des Gones, elle a été revue par la VAR.

90ème minute : Stéphanie Frappart n’accorde que trois minutes de temps additionnel, ce qui cette fois semble être une erreur. Entre les changements et les interventions de la VAR, on aurait plutôt vu 4 ou 5 minutes de jeu en plus. Mais à la 93ème minute, Monaco menait toujours 2-0 et cela n’aurait finalement rien changé.

Les Gones sur les nerfs avant la réception de Lille

Conclusion : l’analyse des actions de jeu démontre que si Stéphanie Frappart a pu, en distribuant six cartons aux Lyonnais contre deux seulement aux Monégasques, agacer Rudi Garcia et ses protégés, il est impossible de lui attribuer la responsabilité de la défaite.

L’inefficacité, le manque de réussite, mais aussi de chance, sont plus à pointer du doigt. Peut-être aussi certains choix tactiques (absence de Slimani, dont l’entrée a été bénéfique, même à 10 contre 11, au coup d’envoi, Cherki resté sur le banc…) ont plombé l’OL hier soir.

Alors que se profile la venue de Lille dimanche, décisive dans la course au podium, mettre la responsabilité de l’élimination uniquement sur l’arbitre serait une grave erreur.

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