Cette saison encore, Rudy Gobert a remporté le titre de meilleur défenseur de l’année (DPOY). Pourtant, analystes et anciens joueurs américains fustigent le pivot tricolore à longueur de journée. Comment peut-on être 4 fois DPOY et la tête de turc des médias américains ?
« Quand t’as joué avec Rudy, quand tu joues contre Rudy, c’est impossible de penser qu’il n’est pas le meilleur défenseur du monde ». Nicolas Batum, au micro de First Team, est catégorique sur son coéquipier en équipe de France. Pourtant, Rudy Gobert n’est pas le meilleur défenseur sur l’homme en NBA. Il n’est pas non plus le roi des un contre un. Il n’est pas forcément le plus rapide, ni le plus fort, ni le plus athlétique. Attention, le tricolore reste tout de même un monstre physique pour le commun de mortel, du haut de ses 2m16 pour 117 kg. Mais dans la ligue américaine, de telles mensurations ne sont pas étonnantes. Alors, pourquoi le natif de Saint-Quentin a égalé le record de DPOY en carrière NBA ?
D’abord il faut prendre conscience que juste sa présence sous l’arceau dissuade bon nombre d’attaquants. Son timing pour contrer les tirs adverses est excellent et son envergure (2m35) l’aide à couvrir énormément d’espace. Il tourne à 2,10 contres par match sur l’ensemble de sa carrière, c’est plus que Ben Wallace, un autre pivot de légende, le seul, avec Rudy, à être 4 fois DPOY. C’est d’ailleurs devenu un défi de dunker sur Gobzilla. Depuis des années, on voit les meilleurs dunkeurs de la ligue tenter leur chance sur le pivot.
En plus du contre, les grands bras et le positionnement intelligent du Français lui permettent de gober des valises de rebonds. Il a d’ailleurs fini meilleur rebondeur de la saison en 2022, avec 14,6 rebonds par match. D’un point de vue individuel, Rudy fait partie du top des meilleurs défenseurs dans la raquette.
On reproche à Rudy Gobert de ne pas être spectaculaire
Si le pivot tricolore a les distinctions du meilleur défenseur de l’histoire, mais continue d’être critiqué par les médias, c’est qu’il n’est pas spectaculaire. S’il est DPOY ce n’est pas uniquement dû à sa défense du cercle. Il fait toutes les petites choses qu’on ne lit pas sur la feuille de stats. Lorsque l’on regarde les matchs des Wolves, son équipe, le tricolore passe son temps à replacer ses coéquipiers. Il est un général sur le terrain. Ce n’est pas un hasard si Minnesota a la meilleure défense de la NBA cette saison. Certes, il y a d’autres excellents défenseurs sur les lignes extérieures, comme McDaniels et Conley, mais le tout est sublimé par l’intelligence de jeu de Rudy Gobert. Le travail du Français en deuxième rideau est ce que l’on fait de mieux au basket. Il multiplie les petits efforts, les petites contributions et les aides au coverage. Il n’est pas non plus étranger au cap passé en défense par son jeune coéquipier, Karl-Anthony Towns. Le QI et le leadership défensif de Rudy déteint sur toute son équipe et fait son succès.
Après avoir fini 3èmes de leur conférence, les Wolves de Minnesota sont arrivés en finale de conférence après avoir fait tomber les Nuggets de Jokic, les champions en titre. Rudy sort d’ailleurs une série d’anthologie, à la hauteur d’un des meilleurs défenseurs de l’Histoire.
Vincent Encrine