mercredi 24 avril 2024

PSG : Dr Jekyll n’a pas tué Mr Hyde

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Journaliste passé par l’AFP, l’Equipe et France Football, Guy Mislin a couvert six Coupes du monde et des dizaines de matchs de Coupe d’Europe avant d’être pendant dix ans le directeur de la communication de la Ligue de Football Professionnel. Tous les lundis, retrouvez son regard avisé sur un fait d’actualité.

Finaliste de la dernière Ligue des Champions, capable de coups d’éclat comme son succès 3-1 à Old Trafford ou sa démonstration face au Barça (4-1) avec un Mbappé top niveau, dans un Camp Nou inviolé depuis huit ans en C1, le Paris SG présente depuis deux saisons deux visages bien différents. Et la défaite 0-2 dimanche au Parc devant l’AS Monaco montre que le Dr Jekyll européen n’a pas encore tué le MrHyde hexagonal…

Et ce Mr Hyde ne manque pas de nous inquiéter. Peut-on devenir champion (ou conserver son titre en l’occurrence) lorsqu’on a subi six défaites en 26 journées ? Alors que pendant le même temps, Lille, l’actuel leader, n’a perdu que deux matches et Lyon son dauphin, seulement trois ?

PSG : des faux pas en Ligue 1 très inquiétants

Plus inquiétant encore : le PSG a laissé filer la bagatelle de 21 points depuis le début de la saison. On passera sur les défaites chez le promu lensois ou à domicile face à l’OM à une époque où l’infirmerie parisienne cherchait des lits pour héberger la cohorte de victimes du Covid et celle aussi nombreuse des blessés. Les équipes « B » et « C » du PSG ne pouvaient pas rivaliser.

Mais par la suite, outre les matches nuls à Lille et à Saint-Etienne, les Parisiens ont perdu deux fois contre Monaco, qui lui a donc prix six points, et contre Lyon. Ce qui fait neuf points d’envolés (dont six à domicile) contre des concurrents directs pour le titre, ou le podium. Et puis il y a eu l’ « accident » lorientais, dans ce stade où Lille, lui , a gagné 4-1…

Au train où vont les choses, si les deux locomotives de devant continuent à cracher la vapeur au même rythme, et que le PSG ne redresse pas rapido la barre, un scénario catastrophe pourrait ne pas être exclu, même si Mbappé, Neymar, Verrati, Navas se sont hissés en quarts de finale de C1 (encore faut-il que MrHyde ne rôde pas dans les couloirs du Parc le 10 mars quand le Barça va venir humer l’air de la Porte de Saint-Cloud), voire pourquoi pas jusqu’en demi-finales…

PSG privé de Ligue des Champions ?

Troisième avec quatre points de retard sur le LOSC, et un sur Lyon, le PSG voit Monaco revenir sur ses talons à seulement deux points. On n’imagine guère le finaliste de la C1 2020 être obligé de passer par les barrages en fin de saison pour se qualifier. On n’imagine encore moins ce PSG si éblouissant  le 16 février au Camp Nou, se classer 4e au soir de la 38e journée de Ligue 1 et se contenter de la Ligue Europa… Suprême affront.

Certes, tout peut encore arriver surtout si Dr Jekyll retrouve ses esprits européens et que le PSG  s’impose au Groupama Stadium de Lyon lors de la 30e journée, et au Parc face à Lille pour la 31e. Ce n’est pas fait. Et sera-ce suffisant ?

La Ligue 1 n’a rien à envier à la Liga ou la Série A

Cette année, la Ligue 1 nous offre un suspense digne des meilleurs films d’Alfred Hitchcock. Quatre équipes se tiennent en six points et bien malin qui pourrait dire aujourd’hui laquelle lèvera le trophée en mai prochain. Marco Verrati, le métronome du jeu parisien n’a-t-il pas déclaré dimanche soir : « C’est bien beau de gagner en Ligue des Champions, mais il faut aussi gagner en Ligue 1 et il y a des équipes très fortes en championnat ». On entend tellement dire que notre Ligue 1 est un championnat en bois qu’on finirait par le croire. Or, un championnat qui qualifie deux de ses clubs en demi-finales de Ligue des Champions, Lyon se permettant d’éliminer la Juventus de Cristiano Ronaldo puis le Manchester City de Pep Guardiola, est-il si inférieur au Calcio, voire à la Liga ? On a souvent reproché au PSG de jouer contre des équipes trop faibles et qu’il manque donc de répondant quand arrive la Ligue des Champions. Ce qui est faux. Le PSG a donné la preuve qu’il savait se transcender en C1.

Marco Verrati a raison : il y a, cette année du moins, une Ligue 1 plus relevée que les dernières années. Lille, Lyon, Monaco ne sont pas des victimes expiatoires. Progrès tactiques, recrutement malin ou intelligent, ils sont prêts à tenir la dragée haute à l’armada des stars parisiennes. Le PSG n’est plus seul dans un désert. Qui s’en plaindra ? On a même vu des équipes plus modestes pratiquer un très beau football, à l’image de Brest, de Lens, de Metz ou d’Angers. Et c’est tant mieux pour le spectacle. Moi, cette Ligue 1 2020-2021, elle me plaît, n’en déplaise à ceux qui la dézinguent.

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