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- Le PSG écrase tout, mais qui finance vraiment le reste ?
- Un paysage sectoriel en pleine mutation
- Le cas méconnu du travail temporaire
- Quand le local prend le dessus
- Les équipementiers : la bataille de l’ombre
- Nutrition sportive : le secteur émergent qui monte en puissance
- Les chiffres qui donnent le tournis
- Une évolution spectaculaire en 10 ans
- Les nouvelles frontières du sponsoring
- Conclusion : un marché à plusieurs vitesses
Le PSG écrase tout, mais qui finance vraiment le reste ?
Lorsqu’on évoque le sponsoring dans le football français, une statistique résume à elle seule le fossé économique qui traverse nos deux ligues professionnelles : 391 millions d’euros. C’est ce que le Paris Saint-Germain empoche annuellement grâce à ses partenaires. À titre de comparaison, l’Olympique de Marseille plafonne à 62,5 millions, l’OL à 38,9 millions, Nice à 36,5 millions.
| Club (Ligue 1) | Montant des sponsors (€) |
|---|---|
| Paris Saint-Germain | 372 800 000 |
| Olympique de Marseille | 62 500 000 |
| Olympique Lyonnais | 38 900 000 |
| OGC Nice | 36 500 000 |
| LOSC Lille | 21 600 000 |
| RC Lens | 18 500 000 |
| Stade Rennais | 18 100 000 |
| AS Monaco | 16 400 000 |
| RC Strasbourg | 15 300 000 |
| FC Nantes | 11 100 000 |
| Stade Brestois | 10 500 000 |
| Montpellier HSC | 7 500 000 |
| Toulouse FC | 7 400 000 |
| Stade de Reims | 6 200 000 |
| FC Metz | 6 000 000 |
| FC Lorient | 5 700 000 |
| Le Havre AC | 5 400 000 |
| Clermont Foot 63 | 4 600 000 |
| Club (Ligue 2) | Montant des sponsors (€) |
|---|---|
| AS Saint-Étienne | 10 955 000 |
| FC Metz | 7 913 000 |
| Paris FC | 6 736 000 |
| Girondins de Bordeaux | 6 402 000 |
| Dijon FCO | 6 087 000 |
| SM Caen | 3 611 000 |
| EA Guingamp | 3 293 000 |
| Le Havre AC | 3 201 000 |
| SC Bastia | 2 351 000 |
| FC Sochaux | 2 238 000 |
| Amiens SC | 1 900 000 |
| Grenoble Foot 38 | 1 853 000 |
| Quevilly Rouen | 1 683 000 |
| Valenciennes FC | 1 472 000 |
| Pau FC | 1 347 000 |
| Chamois Niortais | 821 000 |
| Nîmes Olympique | 800 000 |
| Rodez AF | 590 000 |
| USL Dunkerque | NC |
| FC Annecy | NC |
| Stade Lavallois | NC |
| Red Star FC | NC |
| Le Mans FC | NC |
| AS Nancy | NC |
| ESTAC Troyes | NC |
Les montants “NC” (non communiqués) révèlent une absence ou incertitude de source publique récente et fiable pour l’année en cours concernant le sponsoring pour certains clubs de Ligue 2. Mais au-delà de ces chiffres qui donnent le vertige, une question demeure : qui sont vraiment ces sponsors qui financent le football professionnel français ? Et surtout, que révèle leur diversité croissante sur l’évolution du marché ?
Un paysage sectoriel en pleine mutation
Les jeux d’argent dominent, mais ne sont plus seuls
40 % des sponsors maillots en Ligue 1 et Ligue 2 proviennent du secteur des jeux d’argent et paris sportifs.
Winamax, Betclic et consorts règnent sur les maillots français. Mais cette hégémonie cache une diversification sectorielle spectaculaire qui s’est accélérée ces dernières années.
La répartition actuelle révèle un écosystème beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine :
| Secteur | Part des sponsors maillots |
|---|---|
| Jeux d’argent/Paris sportifs | 40% |
| Distribution/Restauration | 15% |
| Transport/Aérien | 12% |
| Travail temporaire/Services | 8% |
| Banque/Assurance | 7% |
| Tech | 6% |
| Agroalimentaire/PME locale | 5% |
| Énergie | 4% |
| Santé/Nutrition | 3% |
Les nouveaux entrants qui bouleversent les codes
L’arrivée de Robinhood à l’OGC Nice en 2025 illustre parfaitement cette mutation. La plateforme américaine de trading devient sponsor principal d’un club de Ligue 1, faisant entrer la fintech dans un univers jusqu’alors dominé par des secteurs plus traditionnels.
À lireLes 5 attaquants qui ont changé à jamais le destin de l’OLAutre signal fort : X1, marque de boissons énergisantes chinoises, s’affiche sur le maillot de l’AJ Auxerre. Cette présence asiatique témoigne d’une internationalisation croissante des partenariats, même pour des clubs de taille modeste.
Le cas méconnu du travail temporaire
Si un secteur incarne la spécificité française du sponsoring footballistique, c’est bien celui du travail temporaire et du recrutement.
Deux exemples parlants :
- Samsic au Stade Rennais
- Synergie au FC Nantes
Ces entreprises de services RH ont compris l’intérêt de la visibilité sportive pour toucher à la fois une clientèle BtoB (recrutement d’entreprises) et BtoC (image employeur auprès des travailleurs). Un positionnement malin qui s’appuie sur des valeurs communes : esprit d’équipe, performance, engagement.
Quand le local prend le dessus
En Ligue 2, la logique est radicalement différente. Ici, pas de Qatar Airways ni de géants multinationaux.
Les sponsors sont avant tout des acteurs régionaux :
- Malo (yaourts) au Stade Brestois
- Des PME industrielles et commerciales locales
- Des entreprises du BTP et de la construction
Pour ces clubs aux budgets compris entre 5 et 11 millions d’euros, chaque partenariat compte. Les contrats sponsors maillots oscillent entre 50 000 et 400 000 euros par an, soit parfois moins que le salaire mensuel d’un joueur du PSG.
À lireL’OL prépare déjà la venue du PSG lors de son match à SévilleBKT, le fabricant indien de pneus, sponsor titre de la Ligue 2, verse environ 2 à 3 millions d’euros par an à la Ligue de Football Professionnel. Un chiffre dérisoire comparé aux revenus du naming McDonald’s pour la Ligue 1.
Les équipementiers : la bataille de l’ombre
Si les sponsors maillots captent l’attention, les contrats équipementiers génèrent souvent des revenus bien supérieurs :
Ligue 1 : le triptyque dominant
- Nike : PSG (~80 M€/an), Toulouse, Angers
- Adidas : Lyon, Strasbourg, Brest, Paris FC
- Puma : OM, Lens, Rennes
Le contrat Nike/PSG sur 15 ans proche du milliard d’euros (soit ~66 M€/an après prolongation) éclipse largement les 70 millions annuels de Qatar Airways. Pourtant, c’est bien le logo aérien qui attire tous les regards sur le maillot parisien.
Ligue 2 : la surprise Kappa
Avec 5 clubs équipés (Clermont, Guingamp, Laval, Le Mans, Red Star), l’équipementier italien domine la seconde division française. Sa stratégie ? Miser sur des clubs historiques à fort ancrage régional, générant une visibilité locale maximale pour un investissement mesuré.

Nutrition sportive : le secteur émergent qui monte en puissance
Un marché encore timide mais stratégique
Si la nutrition sportive ne représente que 3 % des sponsors visibles, elle incarne une tendance de fond qui pourrait transformer les partenariats sportifs dans les années à venir. Contrairement aux sponsors « vitrine » qui cherchent la visibilité médiatique, les marques de nutrition sportive adoptent une approche différente : l’accompagnement technique des équipes professionnelles.
Les acteurs en présence
Les partenariats officiels visibles :
- nu3 (nutrition et bien-être) : partenaire du PSG féminin jusqu’en 2027, avec accompagnement en nutrition de performance, préparation physique et récupération
- Science in Sport (SiS) : partenaire de l’OGC Nice, fournit les solutions nutritionnelles pour entraînements, matchs et récupération
- X1 : sponsor maillot d’Auxerre, à la frontière entre boisson énergisante et complément nutritionnel
- Malo : yaourts et produits laitiers enrichis pour sportifs au Stade Brestois
Dans d’autres sports collectifs :
- Optimum Nutrition au Stade Français Paris (rugby)
- EAFIT, partenaire institutionnel des arbitres français d’élite
- Herbalife auprès de la section féminine de l’OL
- Protéalpes auprès des plusieurs clubs de ligue 1 et ligue 2
Le modèle Protéalpes : l’accompagnement dans l’ombre
Protéalpes représente une autre facette, moins visible mais tout aussi stratégique, de la nutrition sportive dans le football professionnel. Cette marque grenobloise n’apparaît pas en sponsor maillot principal, mais travaille directement avec les nutritionnistes et staffs médicaux de plusieurs clubs de Ligue 1, Ligue 2, Top 14 et Pro D2.
Partenariats confirmés :
- Grenoble Foot 38 (Ligue 2)
- Stade de Reims (Ligue 1)
- Racing Club de Lens (Ligue 1)
- Lille Olympique Sporting Club (Ligue 1)
- FCG Grenoble (rugby Top 14)
- Plusieurs autres clubs professionnels de ligue 1 et ligue 2 non officiellement communiqués
Une approche différenciée
Protéalpes incarne un modèle de sponsoring « BtoB professionnel » plutôt que grand public :
- Fournisseur officiel plutôt que sponsor vitrine
- Collaboration avec les équipes de performance : nutritionnistes, préparateurs physiques, médecins du sport
- Produits adaptés aux exigences du haut niveau : mass gainer, whey protéine, pro recovery, boissons énergétiques, maltodextrine de manioc
- Garanties antidopage : produits normés et certifiés, point majeur pour les clubs professionnels
- Formules sans additifs ni édulcorants : transparence totale sur la composition
Pourquoi le modèle Protéalpes séduit les clubs ?
La traçabilité et la qualité : Protéalpes s’approvisionne directement auprès de l’Union des Producteurs de Beaufort. Le lait provient de fermes de montagne des Alpes, avec un modèle d’élevage extensif et traditionnel. Cette traçabilité complète rassure les staffs médicaux des clubs professionnels, particulièrement vigilants sur les risques de contamination aux substances dopantes.
L’accompagnement personnalisé : contrairement aux grandes marques internationales, Protéalpes travaille main dans la main avec chaque club pour adapter les protocoles nutritionnels aux besoins spécifiques des athlètes.
À lireOM : l’énorme déception Roberto De ZerbiLe soutien à la récupération : les protocoles incluent des prises de protéines post-entraînement (20g toutes les 3 heures pour optimiser la synthèse protéique), des boissons de récupération et des apports glucidiques ciblés.
Une croissance fulgurante
Le chiffre d’affaires de Protéalpes a quadruplé en un an, signe d’une demande croissante des clubs professionnels pour des solutions nutritionnelles de haute qualité, locales et traçables.
Pourquoi la nutrition sportive reste-t-elle minoritaire ?
Plusieurs facteurs expliquent cette présence encore limitée :
- Marché de niche : les marges sont moins importantes que dans d’autres secteurs
- ROI difficile à mesurer : l’impact sur la performance est réel mais moins « visible » que l’exposition médiatique
- Réglementation stricte : les clubs sont très vigilants sur les risques liés aux compléments alimentaires
- Budget limité : pour un club de Ligue 2, payer 100 000€ pour un sponsor nutrition ou un sponsor agroalimentaire grand public représente un choix cornélien
Pourtant, la tendance est claire : les clubs investissent de plus en plus dans l’optimisation de la performance, et la nutrition devient un levier stratégique. Le football masculin français accuse un retard par rapport au rugby (Optimum Nutrition au Stade Français) et même au football féminin (nu3 au PSG).
Les chiffres qui donnent le tournis
Pour comprendre l’amplitude du marché, quelques montants éclairants :
Les mastodontes :
- PSG/Qatar Airways : 70 M€/an (maillot)
- PSG/Nike : 80 M€/an avant prolongation, proche de 66 M€/an sur le nouveau contrat de 15 ans
- OM/CMA CGM : 6 M€/an
La moyenne en Ligue 1 :
- Sponsor maillot principal : ~600 000 €/an
- Clubs modestes (Angers, Auxerre) : <300 000 €/an
Le constat : 92 % des contrats sont inférieurs à 100 000 € (spot sponsoring, activations locales). Moins de 1 % dépassent 1 million d’euros annuels.
Une évolution spectaculaire en 10 ans
+129 % de croissance du sponsoring pour la L1/L2 hors PSG depuis 2015, contre seulement +13 % pour le PSG lui-même (qui partait déjà de très haut). Cette dynamique témoigne d’une professionnalisation accrue des clubs de taille moyenne, qui diversifient leurs sources de revenus face à la volatilité des droits TV.
Les nouvelles frontières du sponsoring
Au-delà des maillots, le football français explore de nouveaux territoires :
Le sponsoring digital
- Activations sur réseaux sociaux
- Contenus exclusifs pour partenaires
- Campagnes NFT (bien que le marché se soit calmé)
Le naming hors-terrain
- Stades (Matmut Atlantique, Allianz Riviera, Groupama Stadium)
- Tribunes
- Centres d’entraînement
Le sponsoring responsable
- Labels RSE et éco-responsables
- Code éthique dans les contrats
- Transparence accrue des montants
L’essor du football féminin
Le PSG féminin totalise 16 sponsors, l’équipe de Servette féminine de Genève est aussi partenaire Protéalpes. Un modèle économique qui se valide progressivement, même si les montants restent sans commune mesure avec le football masculin.
Conclusion : un marché à plusieurs vitesses
Le sponsoring du football français révèle un paradoxe fascinant : d’un côté, le PSG capte à lui seul près de 40 % de l’ensemble des revenus sponsors de la Ligue 1 ; de l’autre, les clubs moyens et petits innovent pour trouver des partenaires locaux, créant un écosystème de proximité méconnu du grand public.
Cette diversification sectorielle témoigne d’une maturité croissante du marché. Des jeux d’argent à la fintech, du travail temporaire à la nutrition sportive, chaque secteur trouve dans le football un vecteur de visibilité adapté à ses objectifs.
Reste une certitude : sans sponsors, 80 % des clubs de Ligue 1 et Ligue 2 seraient en grande difficulté financière. Ces partenaires ne sont pas de simples « logos sur maillots » : ils sont la colonne vertébrale économique du football professionnel français.
À lirePourquoi l’arbitre ne « vole » pas l’OM en ne sifflant pas la main d’Ederson (Atalanta)Sources : Sport Business Club, Foot Pack, Sport Stratégies, Nielsen Sports, Sporsora, données clubs saison 2025-2026
