LE COUP DE GUEULE DE STEPHANE DESENCLOS
En affichant sa volonté d’interdire toute pause pour « rupture du jeûne », la Fédération française de football adhère à une ambiance politique nauséabonde. Pour rien…
A quoi joue la fédération française de football ? Alors que dans plusieurs ligues européennes (Pays-Bas, Allemagne, Angleterre), les règlements ont évolué, la FFF (qui encadre la LFP) maintient son interdiction des ruptures de jeûne pendant les matchs. Une décision dont on a bien compris le sens politique beaucoup plus que sportif. « Un temps pour faire du sport, un temps pour pratiquer sa religion » avait d’ailleurs expliqué l’année dernière le patron de la Commission fédérale des arbitres Éric Borghini.
Cette fois, pas de consigne écrite envoyée aux arbitres mais une volonté affichée : pas de pause accordée pendant les matchs pour s’hydrater ou manger quoi que ce soit, et rompre le jeûne pendant les matchs, une fois le soleil couché.
Dans un match, les footballeurs ont de nombreuses occasion de rompre le jeûne
Officiellement, la FFF se borne à suivre ses statuts, et son code éthique et de déontologie, pour interdire toute pause, de la même manière qu’elle proscrit le port du voile. Selon elle, « une telle mesure contrevient au principe de neutralité et s’apparente à un acte de prosélytisme ou manœuvre de propagande. »
D’ailleurs, la règle est la même pour les catholique qui pratiquent le carême. Ce qui ne veut surtout pas dire qu’elle est juste. « Si c’est 15 à 30 secondes de coupure pour prendre une pâte de fruits ou une gorgée d’eau, cela ne présente pas un problème » estime-t-on à l’UNFP (Union National des Footballeurs Professionnels). ET pourquoi ne pas accorder cette « mini-pause » aux catholiques comme aux musulmans ?
En fait, la décision de la FFF va avec une époque où l’extrême droite agite la peur du « grand remplacement ». La manifestation même d’une interdiction n’était pas utile. A tout moment dans les matchs, les joueurs ont de multiples occasions de rompre le jeûne. Lors de l’intervention des soigneurs (on voit souvent les joueurs en profiter pour boire), à la mi-temps, lors d’une pause « VAR »…
Assimiler le carême et le ramadan est simplement un pare-feu, pour montrer que tout le monde est au même niveau. En France, très peu de footballeurs pratiquent le carême, notamment chez les professionnels. La question n’est surtout pas de traiter la FFF d’être islamophobe, mais juste de lu reprocher sa lâcheté, à travers un engagement obligatoirement politique. Son manque d’ouverture d’esprit…