C’est avec la casquette de manager général du RC Lens que Franck Haise est parti à l’abordage de la Ligue des Champions. Il n’aura fallu que 3 ans à l’ancien adjoint pour changer de dimension. Tout sauf une surprise pour tous ceux qui le connaissent bien.
Parce que c’était lui, parce que c’était Lens, qu’on peut aussi traduire par « the right man at the right place » (la bonne personne au bon endroit) !
Certes, de prime abord, l’ancien défenseur de Laval et formateur de Rennes et Lorient n’avait pas forcément vocation à prendre les commandes d’un club de Ligue 1. Généralement, ces derniers préfèrent des noms plus ronflants, des profils plus médiatiques, des entraîneurs plus expérimentés.
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La suite logique de Montanier
Heureusement, Lens fait partie de ceux qui grattent le verni des réputations et n’a pas hésité à lui confier les rênes de son équipe après la mise à l’écart de Philippe Montanier, de l’introniser manager général après celui de Florent Ghisolfi.
« Et Lens ne s’est pas trompé, nous dit avec plaisir celui qui l’a coaché deux saisons au Stade Lavallois pour ne plus le lâcher depuis, Denis Troch. Parce que ce club lui correspond complètement, ils ont les mêmes valeurs ! » En contact régulier avec le nouveau druide du Nord, l’ancien coach adjoint d’Artur Jorge au PSG, devenu préparateur mental, a pu mesurer la nature de sa progression :
« Il s’est donné du temps pour apprendre le métier, a franchi micro-marche après micro-marche pour être certain de ne pas brûler les étapes et de maîtriser sa trajectoire. A la formation, adjoint, en intérim… lorsque le poste de numéro 1 s’est présenté, il était prêt à l’assumer. »
Casoni : « Haise savait où il voulait aller »
Ses premiers pas sur un banc professionnel, il les a vécus aux côtés de Bernard Casoni, à Lorient. « Nous étions complémentaires, se souvient l’ancien défenseur international. Il mettait les exercices en place et faisait preuve d‘une grande clarté dans ses explications. On sentait qu’il maîtrisait son affaire, qu’il était ambitieux et savait où il voulait aller » vers Bollaert pour prendre en charge la réserve, affûter ses armes au coeur de la formation, et attendre son heure.
« Il a su saisir sa chance, poursuit Casoni, en montrant rapidement qu’il avait les qualités d’entraîneur et de manager maintenant puisqu’il est aussi en charge de la formation, un domaine qu’il connait bien. Il est la bonne personne pour créer une synergie au sein du club en donnant notamment des principes de jeu communs. Je ne suis pas surpris de le voir réussir avec le RC Lens, un club qui lui correspond bien et où il peut exprimer ses connaissances car il maîtrise tous les systèmes de jeu, ça aide. »
Franck Haise, un entraîneur fédérateur
Au-delà de sa dimension d’entraîneur, Denis Troch insiste sur sa personnalité « fédératrice » qui s’exprimait déjà quand il était joueur. « Il était vaillant, courageux, humble, fédérateur et malléable, avec une belle personnalité. Pour le coach que j’étais, il était le joueur idéal car il était capable d’interpréter et de transmettre les messages en fonction de son auditoire. Il faisait le tri pour le bien du club, de l’équipe, du coach ou des joueurs. Il savait fédérer. Chez lui, c’est naturel. »
Ce don, aussi utile dans la victoire que dans la défaite, il le met au service d’un projet qui porte désormais sa marque. « Son début de saison a été difficile, mais s’il n’a pas paniqué, dans sa communication et son management, c’est parce qu’il est lucide. Il sait que, malgré les mauvais résultats, le contenu a souvent été présent, insiste Casoni. Il a dû remplacer deux joueurs importants, il gère bien son truc avec une bonne communication avec le public et dans les médias, à la fois calme et passionné. »
Denis Troch : « Il était le joueur idéal pour fédérer l’équipe »
Un vrai manager capable de prendre du recul comme de s’immerger totalement dans l’actualité d’une équipe qui finit forcément par lui ressembler. C’est souvent à ça qu’on reconnait un bon coach. « Si les dirigeants lensois étaient venus le voir quand il débutait sa carrière dans un club amateur de Mayenne, où je lui rendais souvent visite, ils auraient vu qu’il était fait pour eux, termine Denis Troch. J’encourage d’ailleurs tous les clubs à suivre des jeunes coachs qui correspondent à leur club, pour les accompagner sur une dizaine d’années et les promouvoir le moment venu. »
Il y a dix ans, Franck Haise était au Stade Mayennais en CFA2 et débutait un cursus qui allait l’amener jusqu’à la Ligue des Champions. Quand on est passionné, compétent et authentique, tous les rêves sont permis. Surtout à Lens.