Dans les années 80, Bernard Tapie se lance dans le sport de haut niveau en devenant le patron de la formation La Vie Claire. Une aventure qui changera le visage du cyclisme mondial.
Homme d’affaires spécialisé dans la reprise d’entreprises, Bernard Tapie n’est pas encore une figure incontournable du paysage politico-médiatique français, mais son aventure dans le vélo va le propulser comme le Golden Boy du monde des affaires en France.
Véritable passionné de sport, il sait que l’exposition du sport de haut niveau peut lui permettre d’atteindre les hautes sphères de la renommée en France. Profitant des différends entre Cyrille Guimard et Bernard Hinault, il arrive à attirer ce dernier au sein de sa nouvelle équipe, La Vie Claire. Fort de l’expérience du Breton, il va alors construire la meilleure équipe du peloton.
« Il voulait bâtir une équipe compétitive, explique Yvon Madiot, ancien membre de l’équipe de Tapie entre 1988 et 1990. Tapie voulait le faire rapidement. Il prenait des coureurs d’expérience. Il fallait que ça se fasse vite et bien.
Sa venue dans le cyclisme en France a permis d’avoir une nouvelle manière de manager. L’argent prenait plus de place, mais l’exigence était aussi grande. Il voulait être le patron de la meilleure équipe du monde. Un peu comme il le fera avec l’Olympique de Marseille dans le football après. Il a su faire venir des stars et des gens capables de remporter le Tour de France dans les deux ans. »
« Il voulait être le patron de la meilleure équipe du monde »
Pour Bernard Hinault, la venue de Bernard Tapie dans le vélo a également permis d’offrir une révolution technologique.
« On dit souvent qu’il a augmenté les salaires, mais pas spécialement. Quand on a signé le contrat avec LeMond, c’était un million de dollars sur trois ans, le dollar étant à 10 francs. Il faut donc ramener ce chiffre sur trois saisons. »
Mais grâce à l’entreprise Look qui était à Tapie depuis 1983, le vélo a vu les pédaliers automatiques naître pour permettre de pousser, mais aussi de tirer sur les pédales. Bernard Tapie savait ce qu’il voulait et il n’a pas minimisé ses dépenses pour réussir comme le confirme Yvon Madiot.
« Il a emmené les transferts financiers dans le vélo. Il proposait plus d’argent et de plus gros salaires. Tapie a fait bouger Hinault. Il a fait bouger LeMond. Il a créé l’une des meilleures équipes du peloton en attirant des coureurs qui appartenaient déjà à une grande équipe avec Cyrille Guimard. Tapie a rebâti une équipe. Il a emmené les gros transferts. »
Une soif de vaincre et de réussir qui trouve bien évidemment un écho dans la personnalité de Bernard Tapie.
« C’était un patron, explique Yvon Madiot. Quand il rentrait dans la pièce, il ne passait pas inaperçu. Je me rappelle à la présentation de l’équipe, c’était la première fois que je le rencontrais, il s’est déplacé vers tous les coureurs et nous saluait un par un en nous appelant par notre prénom, alors qu’il ne m’avait jamais vu. Il avait quelqu’un à côté qui lui donnait notre nom, mais il faisait l’effort de venir vers nous. Il disait bonjour à tout le monde. »
Bernard Tapie, un meneur d’hommes
Sa prise de parole ne laissait personne indifférent et Yvon Madiot garde encore en tête des discours passionnants qui touchaient en plein cœur tous les coureurs.
« C’était surtout un meneur d’hommes avec des débriefings mémorables. On sortait de la voiture, on était les plus forts. On ne craignait plus personne. Il avait ce côté fonceur et sûr de lui. »
Une force de caractère qui va lui permettre de réussir rapidement avec des victoires sur les plus grandes courses et notamment les Tours 1985 et 1986. Sans oublier le maillot La Vie Claire qui est aujourd’hui une œuvre de collection.
Bernard Tapie ne sera resté que huit ans dans le vélo, mais le temps suffisant de marquer l’histoire grâce à des coureurs comme Jean-François Bernard à qui Tapie avait offert une Porsche après sa victoire d’étape à Gap pendant le Tour de France 1986.
Bernard Hinault, Bruno Cornillet, Kim Andersen, Greg LeMond, Luc Leblanc, Dominique Arnould, Martial Gayant, Marc Madiot, Yvon Madiot, Bjarne Riis, Thierry Bourguignon ou encore Laurent Jalabert et Tony Rominger. Des noms qui auront permis au « Boss » de révolutionner tout simplement le vélo et de le faire rentrer dans l’air du sport business.
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