lundi 4 novembre 2024

Rétro : en 98, la revanche historique d’Aimé Jacquet…

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Le sélectionneur a réussi son pari. Mieux, il a accompli un exploit jusque-là jamais réalisé. La France est championne du monde. L’occasion pour le natif de Sail-sous-Couzan de faire taire ses plus acerbes détracteurs et notamment un célèbre quotidien sportif…

12 juillet 1998 au Stade de France. L’équipe de France est couronnée. Elle remporte son Mondial. Lors de cette finale de rêve, le Brésil part pourtant favori. A la 27ème minute, Zidane fait parler toute sa classe. Il reprend d’une tête piquée au premier poteau d’un corner rentrant tiré à droite par Petit.

Zidane, toujours lui, double la mise à la 45ème minute, toujours de la tête au premier poteau d’un corner tiré à gauche par Djorkaeff. Petit à la 93ème minute boucle le festival d’un tir croisé. Et un, et deux, et trois zéro ! Au coup de sifflet, final le pays est totalement en fusion à part certains journalistes d’un célèbre quotidien sportif en tribune de presse….

Quand la télévision décroche alors à Aimé Jacquet sa première réaction, il lance ému : « Je ne pardonnerai jamais ». Le sélectionneur tient là sa plus belle revanche. Chef de presse des Bleus, Philippe Tournon évoque le personnage Jacquet qu’il connaît bien :

« Aimé Jacquet n’a pas à proprement parler de revanche à prendre. Il a eu une carrière de joueur et d’entraîneur parfaitement explicites. On connaît ses origines. Il a quitté l’école à 14 ans. Aimé a obtenu un CAP de tourneur/fraiseur.

Il avait certains dons pour le football. Monsieur Snella à Saint-Etienne l’avait encouragé en ce sens. Aimé a réussi. Il a fait une belle carrière avec les Verts (de 1960 à 1973). Bien avant la fin de sa carrière de joueur, il a passé ses diplômes d’entraîneur. »

« Je ne pardonnerai jamais »

« A ce poste, il est également resté très appliqué. Comme il l’a toujours dit, « j’ai travaillé pour être joueur et entraîneur ». Il a mené cette carrière d’entraîneur jusqu’où tout le monde sait. A la fin de la Coupe du monde, il a déclaré dans l’ouvrage qu’on a fait ensemble : « Je ne revendique pas d’avoir réalisé un exploit. Mais si dans les générations futures on se souvient encore de moi je veux qu’on garde cette image de quelqu’un qui a bien fait son travail ».

Il y a des valeurs qui lui sont chères comme l’honnêteté, la rectitude et le travail bien fait. Plus qu’une revanche, c’est davantage un couronnement, un aboutissement. Aimé a estimé avoir été un privilégié et avoir eu la chance de vivre de sa passion. Avec en point d’orgue évidemment cette Coupe du monde remportée ».

Prétendre qu’il y a eu un certain malaise entre le sélectionneur tricolore et les dirigeants d’un certain journal relève de l’euphémisme :

« S’il doit y avoir un brin de revanche dans l’air, c’est vis à vis de ceux qui doutaient de lui, qui pensaient qu’il n’était pas l’homme de la situation. Quand il y a eu le séisme de 93 qui a emporté Houllier et le président de la Fédération, suite à la non-qualification pour les Etats-Unis, beaucoup ne voyaient en Aimé Jacquet qu’un intérimaire.

A ce moment-là, il ne tirait pas de plans sur la comète. Il s’est attelé à sa mission. Il est resté 30 matches sans défaite. La qualification à l’Euro 96 a été laborieuse. Certains disent même miraculeuse. Mais il y est arrivé quand même.

On est restés invaincus car éliminés aux tirs au but (battus en demi-finale par la République tchèque, Ndlr). Certains y ont vu malgré tout un échec. Aimé est allé voir le président Simonet qui lui a donné tous les moyens. Animé par cette détermination de ramener la Coupe du monde ».

Malgré cela, la fronde anti-Jacquet a laissé des traces : « Sur le moment, le mot de traumatisme n’est pas usurpé surtout pour sa famille, insiste Tournon.

C’est pour cela qu’il faut comprendre le ressentiment qui l’a animé. Même si cela s’est apaisé, cela l’anime toujours quand on évoque cet événement aujourd’hui. Il ne le cache pas. Cela a été dur à vivre pour sa famille.

Je veux bien croire que certaines personnes ont été honnêtes en écrivant qu’au début Aimé Jacquet n’était pas l’homme de la situation. Le journal L’Equipe a concentré son amertume car c’était le leader d’opinion.

Mais pour avoir suivi l’affaire, ce sont certains hebdomadaires qui suivent le foot qu’épisodiquement qui ont été les plus durs ».

Par sa victoire finale, Aimé Jacquet n’a pas fait de différences. Il a mis tout le monde au diapason. En tout cas ceux qui ne croyaient absolument pas en lui. Ce qui n’était alors pas le cas de notre groupe !

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