En marquant les buts décisifs lors des barrages de montée en D1 face à Valenciennes, Jean-Pierre Dogliani a marqué d’une trace indélébile son passage à Paris dans les années 70.
En affichant son visage sur les abords du Parc des Princes, les supporteurs ne sont pas trompés. Jean-Pierre Dogliani est à l’évidence l’une des figures marquantes de l’histoire du Paris Saint-Germain.
Quand il arrive en 1973, le PSG est encore un jeune club qui a tout à prouver, Daniel Hechter récupérant un club promu en D2 qui ne doit sa place qu’à la rétrogradation administrative de Quevilly.
En confiant la destinée de son équipe à Just Fontaine, le nouveau président voit débarquer des joueurs comme François M’Pelé, Jean-Louis Léonetti, Jacky Bade, Louis Cardiet, Jean Deloffre, Mordechaï Spiegler et bien évidemment Jean-Pierre Dogliani.
A 31 ans, le natif de Marseille est un joueur expérimenté du football français avec plus de 300 matches et des passages marquant à l’OM, Angers, Bastia et Monaco. International tricolore (1 sélection, en 1967), il décide de rejoindre le projet parisien pour aider son ami Just Fontaine à faire monter le nouveau club parisien. Pour sa venue, Hechter aura déboursé plus d’un million de francs de l’époque. Un investissement colossal dans les années 70. Mais, très vite, Dogliani le confirmera sur le terrain.
Dogliani donne de la visibilité à Paris
Deuxième du groupe B derrière le Red star, en 1974, le PSG doit passer alors par les barages pour gagner sa place en première division. Défait 2-1 à l’aller face à Valenciennes, le PSG reçoit les Nordistes dans un Parc des Princes surchauffé par 20 000 personnes présentes. Dans un scénario de folie, Paris l’emporte 4-2 grâce notamment au doublé de son capitaine Jean-Philippe Doglioni.
Un match fondateur qui sera à l’image du PSG, un club qui même dans la difficulté trouve la force de se relever. Avec sa gueule d’acteur et sa verve, Jean-Pierre Dogliani était un véritable esthète et adepte du beau jeu. Son caractère bien trempé et son charisme lui avaient permis d’atteindre le haut niveau, mais lui avait aussi joué de mauvais tours. Pour Jean-Marc Pilorget, jeune joueur à l’époque, le souvenir de Dogliani reste intact.
Dogliani, un super joueur
« Il était notre capitaine. C’était un vrai professionnel. Un super mec. C’est le premier professionnel qui m’a parlé quand je suis arrivé dans le groupe pro. Je ne peux pas l’oublier. On était quelques jeunes à arriver et on n’avait pas forcément été bien accueillis par l’ensemble du groupe… Ce que je peux comprendre.
Pour eux, on était des jeunes qui venaient prendre la place à des anciens qui pouvaient la perdre. Jean-Pierre nous avait mis à l’aise. Il nous a dit d’être naturels comme en équipe réserve et de faire ce qu’on a à faire. »
Il a été un guide et un joueur capable de mener ses troupes à bon port. En trois saisons dans la capitale, il est devenu le plus Parisien des Marseillais. Même si son aventure au PSG ne s’est pas finie comme il l’aurait mérité.
« J’ai le souvenir de son dernier match. Enfin de son presque dernier (Reims, défaite 2-3, Ndlr). Il avait quitté l’équipe juste avant le match, à la causerie car il n’était pas d’accord avec le coach (Fontaine, Ndlr). Il l’avait dit et il a été au clash avec le coach. Jean-Pierre a pris son sac et il est rentré chez lui. »
Un numéro dix historique du PSG
Derrière, Jean-Pierre Dogliani allait revenir une dernière fois dans le groupe pour vivre son dernier match avec le PSG le 25 janvier 1976 pour permettre à Paris de remporter la rencontre face à la Lens 4-2 avec notamment un doublé déterminant qui allait aider le PSG dans sa mission maintien.
Des blessures viendront aussi gêner le meneur de jeu parisien sur ses dernières années ne lui permettant pas une sortie à la hauteur de son talent. En juin 1976, il mettra fin à sa carrière définitivement qui lui aura permis de jouer avec Johan Cruyff sous le maillot parisien à l’occasion d’un match amical en 1975.
Sans oublier le jubilé qui lui sera offert, avec Jean-Louis Leonetti, par Francis Borelli, au Parc des Princes quelques années plus tard, en 1981, face au Boca Juniors de Diego Maradona.
Par la suite, il aura connu une brève carrière d’entraîneur à Draguignan et Strasbourg, dans les années 80, il reviendra en 1996 au Paris Saint-Germain comme recruteur pour le centre de formation jusqu’en 2001, avant de s’éteindre le 17 avril 2003 dans les Yvelines, des suites d’une longue maladie.
Il aimait à dire qu’il n’avait aucun regret et qu’il avait été heureux dans sa vie. « Si je n’avais pas été footballeur, j’aurais aimé l’être. » Et à Paris, on n’oubliera jamais qu’il l’a été avec hargne, abnégation et magie. Car si aujourd’hui, Paris est magique, c’est grâce aussi à Jean-Pierre Dogliani.