vendredi 29 mars 2024

Rétro : le 8 mai, Paris est libéré !

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Sur le chemin de la première victoire de son histoire en Coupe d’Europe, la bande à Fernandez avait trop d’atouts dans son jeu pour craindre le Rapid Vienne. En éliminant le Celtic Glasgow, Parme et La Corogne, le PSG avait fait le plus difficile. Rapidement privé de Raï, cette finale de Bruxelles ne fut pas une formalité pour autant. Heureusement, N’Gotty était là pour libérer Paris.

Canal+ aura donc mis cinq ans avant de décrocher sa première coupe d’Europe, vingtcinq ans seulement après la création d’un club qui vivait sa neuvième campagne européenne, pas forcément la plus prestigieuse, mais celle qui lui permettait d’inaugurer un palmarès vierge de tout titre sur la scène internationale.

Deuxième club à remporter une compétition européenne, trois ans après l’OM de Tapie en C1, le PSG restait sur trois demi-finales continentales d’affilée (1993 en C3 face à la Juventus, 1994 en C2 face à Arsenal, 1995 en C1 face au Milan AC) et avait attaqué l’épreuve en position de favori.

Car, entre temps, de grands noms étaient tombés au Parc, notamment le Real Madrid à deux reprises, le Barça et le Bayern. Après un parcours linéaire ponctué d’une seule défaite, à Parme (0-1), vite rectifiée au retour (3-1) grâce à un doublé de Raï, l’obstacle autrichien n’avait rien de terrifiant.

Luis Fernandez : « Pour gagner une coupe d’Europe, il faut une mentalité irréprochable »

Mis à part Carsten Jancker, l’attaquant allemand aux mensurations diaboliques, ou Trifon Ivanov, le défenseur international bulgare qui avait coupé la route du Mondial 1994 aux Bleus à l’issue du trop fameux France-Bulgarie de 1993.

Le Rapid Vienne ne semblait pas de taille face aux individualités parisiennes. Même sans Weah, Ginola, Valdo, Ricardo, partis sous d’autres cieux, les Raï, Djorkaeff, Loko, Bravo, Le Guen, Fournier, Lama, Roche ou Guérin, internationaux en puissance, avaient montré suffisamment de maîtrise aux tours précédents, arrivaient avec suffisamment d’expérience des matches de haut niveau dans leurs bagages, pour ne pas craindre de passer à côté de la première finale européenne de l’histoire de leur club.

Et pourtant, tout avait mal commencé avec la blessure à la cheville du leader technique, le Brésilien Raï, obligé de laisser sa place à Dely Valdes après douze minutes de jeu. Et pourtant, sans deux parades de classe de Bernard Lama en fin de rencontre, dans un duel gagnant face à Jancker et en déviant du bout des doigts une frappe d’Ivanov !

Les prolongations auraient peut-être donné une dimension moins formelle à un match que les joueurs de Fernandez auront largement dominé. Mais sans parvenir à doubler la mise, après le coup franc (légèrement dévié) de N’Gotty à la demi-heure de jeu, le PSG est resté à portée de tir d’une équipe autrichienne limitée, mais qui regrette encore de ne pas avoir fait preuve de plus d’audace.

À l’instar de toutes ces équipes françaises qui, pendant des décennies, se désespéraient de toujours perdre avec les honneurs. Cette fois, le réalisme était bien parisien. Vingt ans après les Verts, le PSG pouvait descendre les Champs-Elysées, mais cette fois avec une coupe à fêter.

Daniel Bravo : « Avec Raï, la victoire aurait pu être plus flamboyante »

Les temps ont changé, les vainqueurs sont passés du côté d’un football français qui a appris à gagner. Premier entraîneur français à remporter une coupe d’Europe, Luis Fernandez pouvait jubiler :

“Les joueurs ont fait exactement ce que j’attendais d’eux, c’est fabuleux. Pour gagner une coupe d’Europe, il faut un état d’esprit et une mentalité collective irréprochable. Dans l’ensemble, cette victoire est méritée car nous avons battu les meilleures équipes de cette coupe des coupes.”

Epilogue d’une saison difficile où le PSG avait petit à petit dilapidé son avance de dix points en championnat à la trêve pour finalement se faire devancer par Auxerre, succès historique reste “un souvenir fabuleux, pour Daniel Bravo qui gagnait à 33 ans son premier trophée européen, car on courrait derrière une victoire en coupe d’Europe depuis tellement de temps, on avait échoué souvent de peu, avec des matches à notre portée où on se faisait parfois voler. Et encore cette finale, si nous n’avions pas perdu Raï trop vite, le succès aurait pu être plus flamboyant.”

L’histoire ne retenant que les vainqueurs, sans trop s’attarder sur la manière, on fera une exception en rendant hommage au schéma tactique osé en 3-4-3 concocté par Luis Fernandez (qui avait été très critiqué toute la saison dans ce registre) avec une défense à trois (N’Gotty-Roche-Le Guen, un milieu à quatre (Fournier-Bravo-Guérin-Colleter) et une attaque à trois (Raï-Loko-Djorkaeff ) parfaitement adapté pour étouffer les Autrichiens.

Parce que s’il est coutume de dire que les finales se jouent souvent au mental, on peut aussi considérer qu’elles peuvent se perdre tactiquement. Or, ce 8 mai 1996 au stade du Roi Baudoin (ex-Heysel de triste mémoire), toutes les planètes étaient alignées pour que le PSG devienne le plus jeune club de l’histoire à ouvrir son palmarès européen.

Tom Boissy

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