Sébastien Grosjean a fait deux beaux Roland-Garros en 2001 et 2002. Mais le joueur français n’est pas parvenu à aller au-delà d’une demi-finale et d’un quart de finale d’un tournoi qui lui tenait à cœur. Vainqueur en 2001 de Bercy et de la Coupe Davis, il n’est pas passé loin du Grand Chelem.
En 2001, Sébastien Grosjean a 23 ans, l’âge de Yannick Noah… en 1983. Quand, en quarts de finale, Grosjean se défait d’André Agassi après un retour homérique (Agassi menait 6-1, Bill Clinton est arrivé en tribune et l’Américain a perdu ses moyens pour s’incliner) alors qu’en début de match il avait été largement dominé par l’Américain, tout le monde pense qu’il peut imiter Yannick Noah au même âge.
Déjà demi-finaliste de l’Open d’Australie en début d’année, Grosjean est, à l’instar de Fabrice Santoro, un joueur très difficile à prendre en défaut. C’est un grand contreur avec un jeu de jambes très performant. Il est aussi excellent en coup droit qu’en revers. Il est, alors numéro 1 français et affronte en demi-finale l’Espagnol Alex Corretja. Le match s’annonce long et serré car l’Ibérique est aussi très solide.
C’est aussi un fin tacticien. Il ne donne aucun rythme à la balle et ne permet pas à Grosjean de s’appuyer sur les coups de son adversaire, ce qui est l’essence même du jeu du Français. Grosjean est en difficulté sur son point fort, le coup droit, et ne trouve pas non plus la bonne longueur pour son revers. Le public ne s’enflamme pas et cette demi-finale n’est pas à la hauteur des espérances.
Son parcours s’arrêtera là (7-6, 6-4, 6-4). Comme à l’Open d’Australie, il ne dépassera pas le stade des demi-finales, mais sa belle saison lui permettra d’oublier cette déception à Roland-Garros :
« Quand tu es Français, il y a trois évènements qui te font rêver : Roland-Garros, Bercy et la Coupe Davis. Ce sont les trois tournois que je regardais à la télé quand j’étais enfant.
Et en 2001, j’ai eu la chance de réussir de belles choses dans les trois et même d’en gagner deux sur trois. Ce fut une saison exceptionnelle pour moi, que je termine 6ème mondial alors même que j’ai passé deux mois avec la cheville dans le plâtre à l’été à cause d’une entorse » déclarait-il en fin de saison au moment de faire le bilan de son année.
« Sébastien avait un coup droit formidable. Mais il était un peu court pour affronter des gars comme Corretja »
Un an après sa demi-finale face à Corretja, Sébastien Grosjean s’illustrait de nouveau à Roland-Garros, mais finalement il pouvait encore nourrir des regrets car il enregistrait une défaite frustrante en quarts de finale face à Marat Safin. Blessé à la cuisse au bout de quatre jeux, il ne pouvait pas lutter à armes égales avec la tête de série numéro 2 et s’inclinait en trois sets secs 6-3, 6-2, 6-2.
Spectateur attentif des deux matches du Français, Patrice Hagelauer reconnait la supériorité des adversaires :
« Sébastien avait un coup droit formidable. Mais il était un peu court pour affronter des gars comme Corretja qui était le genre de joueur à pouvoir tenir dix sets ! Corretja était un peu une sorte de machine. Ce genre d’atout est majeur dans un tournoi comme Roland-Garros.
Le tennis, ce n’est pas que de la technique. C’est un ensemble de composantes à assembler. C’est ce qui fait aussi l’attrait de ce sport. Puis quand Sébastien perd contre Safin à son meilleur il perd contre un joueur exceptionnel.
Quand ce Russe était bien, il était presque injouable. Il était plus puissant et complet que Sébastien. Il frappait très fort dans la balle, il avait tous les coups du tennis. Physiquement il était véloce. Malheureusement pour lui ensuite il a été opéré du genou. Quand il est revenu, il n’était plus le même. Il avait perdu entre 10 et 20% de sa vitesse. »
« 2001, une saison exceptionnelle avec une victoire à Bercy et en Coupe Davis. »
En 2001, Alex Corretja, le tombeur de Sébastien Grosjean, avait échoué en finale contre Gustavo Kuerten alors qu’en 2002 Albert Costa avait remporté une finale 100% espagnole en venant à bout de Juan-Carlos Ferrero (6-1, 6-0, 4-6, 6-3).
En quatorze ans de carrière, Sébastien Grosjean aura donc disputé quatre demi-finales de Grand Chelem (une à l’Open d’Australie, une à Roland-Garros et deux à Wimbledon).