De notre envoyé spécial Porte d’Auteuil
Poussée dans ses retranchements en finale (6/2, 5/7, 6/4 en 2h46) par une magnifique Karolina Muchova pleine de fougue, la jeune Polonaise a résisté et remporté le Grand Chelem parisien et continue d’y écrire son histoire.
Une fois la balle de match remportée, à genou, rattrapée par les larmes, Iga Swiatek a remporté son troisième Roland-Garros (2020, 2022, 2023). Mais elle a eu peur, très peur. Face à une étincelante Muchova, inspirée par Roger Federer plus jeune, cette magnifique adversaire tchèque lui a donné beaucoup de fil à retordre, par la variété du jeu proposé. Menée 2/0, puis 4/3 service Muchova, dans la manche décisive, alors qu’elle a vite pris les devants à un set à rien et 3/0 dans le deuxième set, Swiatek a énormément vacillé. Elle a même semblé perdue en milieu de troisième manche, en se tournant vers son clan. Mais la native de Varsovie n’a finalement pas rompu. Elle a fait prévaloir son expérience en fin de match.
Déjà les records à Paris de Henin, Graf et Chris Evert en ligne de mire à 22 ans !
Elle en est désormais à trois sacres parisiens et quatre couronnes en Grand Chelem (avec l’US Open 2022), à seulement 22 ans. Sa mainmise Porte d’Auteuil est impressionnante. Elle n’a perdu que 2 matchs à Roland-Garros sur 28 disputés. C’était contre Halep en huitièmes de finale en 2019, et Sakkari en quarts en 2021. Avant elle, seules Monica Seles et Naomi Osaka ont réussi à remporter leur quatre premières finales de Grand Chelem. Cette joueuse rentre aussi dans le cercle très fermé de l’ère open avec les Arantxa Sanchez, Monica Seles, Serena Williams à détenir trois coupes Suzanne-Lenglen.
La Polonaise est aussi cette première joueuse à conserver son titre à Paris depuis Justine Hénin (lauréate 2003, 2005, 2006, 2007) : « Ce qui s’est passé a été assez irréel. Je ressens un mélange d’émotions. Le match a été très intense. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas et de moments très stressants. Je suis heureuse d’avoir été assez solide sur la fin pour revenir dans la partie. Je suis fière de moi car Karolina a très bien joué. Cette victoire est également un énorme travail d’équipe ». Ce troisième titre à Roland-Garros après ceux décrochés en 2020 et 2022, a logiquement une saveur particulière pour la première mondiale incontestée.
Iga Swiatek comparée à Rafaël Nadal
Car la bataille a été plus dure qu’à l’accoutumée contre la tenace Muchova. Et que Swiatek a aussi été freinée pendant la saison (elle a notamment abandonné à Rome, touchée à la cuisse droite) : « C’est toujours difficile de comparer les choses, a avoué Swiatek toujours en conférence de presse . Mais quand j’ai gagné l’an dernier, cela a déjà été la confirmation que la première fois je ne l’ai pas fait par hasard . Cette fois-ci a peut-être été plus dure que les autres car il y a eu les blessures et la pression. Car je peux dire maintenant que quand vous revenez en tant que championne en titre, cette pression est différente. Je suis heureuse d’avoir pu gérer tous ces paramètres ».
Quand on lui demande également quelles ambitions de titres, elle a pour le futur, elle rétorque sagement : « Je ne regarde pas trop loin. Je suis déjà heureuse par l’issue de ces dernières semaines. Je vais travailler au jour le jour, jouer du mieux possible et me développer en tant que joueuse. Je ne me fixe pas des défis fous ». C’est pourtant ce qu’elle réussit à faire sur le terrain. Grande admiratrice de Nadal, le Majorquin aux 14 titres sur l’ocre parisienne, pas mal d’observateurs lui voient déjà une destinée identique à Paris.
Si cette joueuse aux supers pouvoirs, repousse toute forme de comparaison avec le géant espagnol, elle avance à grands pas vers d’immenses championnes qui ont écrit l’histoire du tournoi : Justine Henin (4 titres), Steffi Graf (6 titres) et Chris Evert (7 titres), l’emblématique américaine qui lui a remis le trophée, et que Swiatek avec l’émotion, a fait tomber…A 22 ans, dominatrice du tennis féminin, elle a tellement d’années devant elle !