Vainqueur du Tour d’Espagne, Sepp Kuss s’est offert la plus belle victoire de sa carrière. 9 ans, l’Américain a surpris son monde et écrit une page incroyable d’une passion au service des autres.
« Quand je me suis réveillé, j’ai cru que je rêvais, il va me falloir beaucoup de temps pour m’y habituer. » Sepp Kuss ne cachait pas sa joie au moment d’aller sur le podium du Tour d’Espagne. A 29 ans, l’Américain venait de remporter la plus grande victoire de sa carrière. Pourtant, rien ne le prédestinait à devenir le propriétaire du maillot rouge de leader jusqu’à Madrid avec Jonas Vingegaard et Primoz Roglic présents en Espagne.
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Mais le coéquipier a su bousculer les évènements pour confirmer qu’il est un coureur à part. Fils de Dolph Kuss, entraîneur de l’équipe olympique de ski nordique des Etats-Unis dans les années 70, Kuss se dirige rapidement vers le cyclisme. Le natif de Durango, dans le Colorado, se montre facile sur route comme sur VTT en profitant des routes et de la géographie locale.
A 22 ans, il intègre l’équipe continentale Rally Cycling aux côtés de Brandon McNulty notamment. Une chance pour son directeur sportif de l’époque Jonas Carney.
Sur VTT et vélo de toute, Kuss impressionne
« Sepp est passé un peu sous les radars. Après, on a fait nos devoirs. Il s’est avéré que Sepp était un ami de plusieurs coureurs de l’équipe et sa famille était bien connue à Durango. C’était un choix facile de le recruter. » Sepp Kuss accélère alors sa progression et commence à faire parler sur de grandes courses américaines comme le Tour de Gila, le Tour d’Utah, le Tour d’Alberta et le Tour de Beauce, au Canada.
Grâce à ses qualités de grimpeur, son nom arrive aux oreilles de Richard Plugge, le manager général de la LottoNL-Jumbo à l’époque. Il s’engage alors en 2018 et découvre l’Europe. Il en profite pour gagner sa première course, le Tour d’Utah et découvre son premier grand Tour, la Vuelta qu’il termine à la 65ème place. Derrière, il continue son apprentissage du haut niveau en endossant le rôle d’équipier de luxe pour Primoz Roglic puis Jonas Vingegaard. Capable de suivre le rythme des meilleurs grimpeurs, l’Américain est souvent le dernier à accompagner ses leaders.
Les trois grands tours en 2023 !
En 2019, il remporte sa première étape sur un grand Tour au Sanctuaire de la Vierge del Acebo. En 2020, il réussit son premier Top 10 en World Tour sur le Critérium du Dauphiné où il remporte la 5ème étape. Derrière, il enchaîne les participations sur les grands Tours et notamment le Tour de France qu’il retrouve chaque année depuis quatre ans. En 2021, il y signe son plus grand exploit en remportant la 15ème étape à Andorre-la-Vieille.
Dans la foulée, il prend la 8ème place du Tour d’Espagne remporté par Roglic. Sepp Kuss gagne ses galons de partenaire de choc pour ses leaders qui réclament toujours sa présence. En 2022, il aide Vingegaard dans sa quête de maillot jaune. En 2023, il réussit un exploit rare : il participe à tous les grands Tours du calendrier pour la première fois de sa carrière.
Il aide tout d’abord Primoz Roglic à remporter le maillot rose sur le Giro. Un mois plus tard, il se lance dans quête du maillot jaune avec Jonas Vingegaard qu’il retrouvera sur le podium du Tour de France en tant que vainqueur du classement par équipes.
Un coéquipier de choix pour Roglic
Malgré un visage marqué par une lourde chute, la veille de l’arrivée, et alors que le Tour d’Espagne ne semblait plus être au programme, il fait tout de même partie de la sélection de Richard Plugge avec également Jonas Vingegaard.
Une armada Jumbo-Visma qui arrive en force en Espagne avec deux leaders Roglic et Vingegaard. Mais l’histoire offrira le plus beau des scénarios à Sepp Kuss. Déjà vainqueur de la 6ème étape, l’Américain récupère le maillot rouge le soir de la 8ème… pour ne plus le quitter à Madrid dans une course incroyable qui voit l’Américain se battre pour le conserver.
Même si pour Richard Plugge, l’idée de remporter ce troisième grand Tour de l’année avec trois coureurs différents a fait son chemin. « On a eu de bonnes discussions avec toutes les parties concernées. On a tout mis sur la table pour élaborer le meilleur des plans. Nous sommes restés fidèle à nos valeurs et notre philosophie de course, gagner ensemble. On voulait juste gagner la Vuelta. C’est formidable de voir deux champions mettent leurs egos de côté. Kuss l’a mérité. »
Vainqueur de la Vuelta après avoir fait les trois grands Tours du calendrier, c’est un fait rare que seul Gastone Nencini, vainqueur du Giro 1957, avait réalisé. Déjà marié à l’ancienne coureuse espagnole, Noemi Ferré, et vivant en Andorre, Sepp Kuss a confirmé que l’Espagne l’avait déjà touché au cœur.
« Je ne sais pas si aujourd’hui est le plus beau jour de ma carrière, parce qu’un succès sur un grand Tour est quelque chose que l’on construit sur plusieurs étapes, mais c’est certainement l’une d’entre elles. » A 29 ans, Sepp Kuss possède encore de belles années devant pour continuer à surprendre. Dans un rôle de leader ? Pourquoi pas.